Plusieurs associations antiracistes ont dénoncé
dimanche de récents propos du président d’honneur du Front national Jean-Marie
Le Pen, qu’ils estiment antisémites et annoncé des poursuites devant la
justice.
Les propos en question visent le chanteur Patrick Bruel, qui est juif, et
sont tenus dans une vidéo diffusée sur le site internet du FN, mais qui
n’était plus accessible dimanche.
Dans cette vidéo, Jean-Marie Le Pen s’en prend à des artistes qui ont pris
position contre le FN: Guy Bedos et Madonna. Son interlocutrice évoque alors
« tous ceux qui avaient juré, en cas de victoire du Front national, de prendre
leurs cliques et leurs claques et de quitter la France ». « M.(Yannick) Noah
s’est engagé à ne plus chanter en France si le Front national arrivait en tête
de l’élection. Cochon qui s’en dédit », répond M. Le Pen. « M. Bruel, aussi », le
relance son interlocutrice. « Oui, ça ne m’étonne pas. Ecoutez, on fera une
fournée la prochaine fois », lui répond alors Jean-Marie Le Pen, dans un rire
satisfait.
Dans un communiqué, SOS Racisme estime que les propos de M. Le Pen relèvent
« du plus crasse logiciel antisémite et non du simple dérapage ».
L’association annonce le dépôt d’une « plainte dans les jours qui viennent
contre cette immonde et énième sortie » de Jean-Marie Le Pen « qui renoue là
avec ses sorties sur le ministre Durafour et sur la Shoah ».
M. Le Pen a plusieurs fois été condamné notamment pour ses propos
qualifiant les chambres à gaz des camps de la mort nazis de « détail de
l’histoire » ou pour un jeu de mot injurieux sur « Durafour crématoire » en 1988,
visant le ministre Michel Durafour.
Interrogé par le Parisien, Louis Aliot, vice-président du FN et compagnon
de Marine Le Pen, qui a succédé à son père à la tête du parti, a estimé que si
M. Le Pen « a bien utilisé le terme de fournée, c’est une mauvaise phrase de
plus. C’est stupide politiquement et consternant ».
Une réaction qualifiée de « mascarade » par SOS Racisme: « soit les
responsables actuels du FN sont incapables de gérer leur parti alors qu’ils
prétendent pouvoir gérer la France, soit, et de façon bien plus convaincante,
il s’agit d’une hypocrite prise de distance face à la montée d’une polémique
mettant à mal leur stratégie de dédiabolisation ».
De son côté, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les
peuples (Mrap) qualifie M. Le Pen d' »authentique antisémite » et annonce
également des poursuites, pour « provocation à la haine et à la violence
antisémite ».
Pour le Mrap, les responsabilités de M. Le Pen au sein du FN témoignent de
« l’adhésion idéologique » de la direction du parti « aux thèses racistes
distillées à longueur d’idées et/ou de +jeux de mots+ par Jean-Marie Le Pen ».
« Les délires et les provocations de cet individu ne m’atteignent plus
depuis longtemps », a réagi Patrick Bruel son sa page Facebook, « je ne suis
même pas triste pour moi », mais « triste pour la mémoire de plus de six
millions de gens », « triste que tant de français ne veuillent pas se souvenir
que le Front National est né d’Ordre Nouveau parti nationaliste d’extrême
droite xénophobe , antisémite habituellement classé dans le courant néo
fasciste ».
L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a estimé qu’il s’agit d’un
« rappel supplémentaire de la nature raciste et antisémite du Front National ».
La Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) estime
que cette « saillie raciste et antisémite » de Jean-Marie Le Pen « rappelle l’ADN
du Front national ».
Sur Twitter, la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem
estime que s’il n’exclut pas Jean-Marie Le Pen pour de tels propos, le FN
« restera toujours le parti de la nausée républicaine ».
spe/jag