Il y a 10 ans, presque jour pour jour, Ilan Halimi (zal) était retrouvé au bord d’une voie ferrée de
l’Essonne, nu, menotté, bâillonné, des traces de brûlures et de tortures sur le corps. Sur le chemin
de l’hôpital, à bout de forces, il succombait !
Ilan avait été enlevé, séquestré et torturé dans une cave de Bagneux, dans un silence
assourdissant, au seul motif qu’il était Juif !
24 jours de calvaire, 24 jours de cauchemar pour sa famille. Il a fallu plusieurs jours d’hésitations
et même de confusions voir d’erreurs, avant que soit admis la motivation antisémite de ces
barbares. Beaucoup de tâtonnements et trop de temps perdu avant d’accepter ce qui pour sa
famille et pour nombre d’entre nous était une évidence: Ce n’était pas un enlèvement crapuleux
mais bien acte antisémite. Les barbares l’avaient choisi car » il était juif, que les juifs ont de l’argent
et que sa communauté allait payer »
60 ans, à peine, après la Shoah un nouvel antisémitisme faisait sa première victime. Les nouveaux
nazis n’étaient pas les descendants de Pétain mais des jeunes Français d’origines diverses
habitant en banlieue parisienne, ayant fréquenté l’école de la République. Ils avaient grandi sous
l’influence néfaste de l’idéologie salafiste et antisioniste. Ils étaient abreuvés d’images poussant à
détestation d’Israël. Ils voyaient en chaque juif un colon sanguinaire, un envahisseur, un privilégié
qui les opprimait. Ces barbares, dont le chef se revendiquait d’un l’islam radical voulait faire « payer
les juifs devenus à leur tour des bourreaux ».
Ce 13 février 2006, avec la mort d’Ilan, s’écrivait une nouvelle page de l’histoire de notre pays.
L’émotion fut forte mais parmi les 200 000 personnes qui défilaient dans les rues de Paris,
90 % étaient juives !
Ilan Halimi, ce jeune français juif, était notre enfant mais malheureusement pas celui de tous les
Français !
Nous avons parlé et avons hurlé notre colère. Nous avons alerté et crié au danger, mais notre
appel se perdait dans le refus de voir, de savoir, de comprendre, de dire et donc dans le refus
d’agir sur les véritables causes de cette résurgence qui annonçait le pire pour tous.
Ilan a été assassiné parce que juif ! Il aurait dû être le signal de la violence qui se dessinait.
Au contraire, il a été le premier d’une nouvelle série ! A son nom, ce sont rajoutés depuis celui des
victimes de Toulouse : Jonathan, Gabriel, Arié Sandler et la petite Myriam Monsenego. Et il y a un
an celui des victimes de l’hyper kasher : Yoav Hattab, Yohan Cohen, Philippe Braham et François
Michel Saada. Le terrorisme a frappé partout.
Depuis Ilan, tout a changé, notre civilisation est menacée et les attaques antisémites en sont le
signe.
10 ans après, nous n’avons rien oublié ! La plaie n’a pas cicatrisé et nos larmes coulent encore
devant ce visage souriant qui ne demandait qu’à vivre.
GIL TAIEB