Ivan Rioufol dénonce la «bien-pensance officielle qui interdit de constater que les terroristes fanatiques sont des musulmans, comme l’illustre la controverse suscitée par les propos de Roger Cukierman lundi dernier.
>> Voir la vidéo des déclarations de Roger Cukierman ici
Dans son opéra-bouffe, Offenbach moque les carabiniers: au secours des foyers, ils arrivent toujours trop tard. Eh bien! Les voilà qui déboulent à nouveau -cette fois avec livres, éditoriaux, programmes- au chevet d’une société qui, depuis quarante ans, s’empoisonne sous leurs yeux. Sortant à la lumière du jour, ces hibernatus disent, perplexes: oui, en effet, l’immigration pose un problème. Oui, l’islam, l’identité nationale, le communautarisme, la nation, etc.
Pas une seconde, ils ne se demandent pourquoi ils avaient refusé de voir ces réalités, certains allant même insulter les témoins. Il faudra, un jour, démêler les causes de cette hébétude collective, de cet abrutissement idéologique, de ce somnanbulisme commode. Pour autant, il serait erroné de se réjouir trop vite d’une pensée libérée. Ces résistants d’opérette ont le courage des idées des autres: un rien les affole.
Démonstration, lundi, avec la curée contre Roger Cukierman. Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France a réactivé, en deux phrases, l’unanimisme du Système. Le tort du profanateur de tabous: avoir parlé du FN comme d’un «parti à éviter» tout en jugeant Marine Le Pen «irréprochable personnellement». Son blasphème: avoir déclaré dans la foulée, à propos des agressions contre des Français juifs: «Toutes les violences aujourd’hui sont commises par des jeunes musulmans. (…) Bien sûr, c’est une toute petite minorité et les musulmans en sont les premières victimes.»
Le soir même, le Conseil français du culte musulman annulait sa présence au dîner annuel du Crif. «Mettre en avant l’appartenance religieuse est une erreur», expliqua Mohammed Moussaoui (CFCM).
C’est pourtant bien du Coran, et de ses sourates médinoises qui détestent les juifs et les chrétiens, que les djihadistes se réclament.
Constater que les fanatiques qui font couler le sang au nom d’Allah sont des musulmans reste un interdit, avalisé par la pensée éthérée.
«On ne montre pas du doigt une religion pacifique», sermonne Jack Lang.
Reconnaître que l’antisémitisme ne peut être reproché à la présidente du FN est semblablement une hérésie pour ceux qui refusent d’admettre que la haine antijuive est alimentée par la gauche anti-israélienne et par la culture des banlieues. Le procès stalinien fait à Cukierman aurait dû scandaliser les convertis aux mots justes et les nouveaux rebelles d’opérette. En réalité, ceux-là se sont tus, s’ils n’ont approuvé la mise au ban. C’est l’accusé qui a du rétropédaler et donner des gages anti-FN.