Le scandale soulevé par les propos du PDG d’Orange, Stéphane Richard, a levé le voile sur les méthodes utilisées par le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) pour faire pression sur les grandes compagnies européennes liées, de près ou de loin, à Israël. Achats d’actions, manifestations, rédactions de rapports ultra-médiatisés… Tous les moyens sont bons pour isoler Israël. Enquête.
BDS. Trois lettres qui renferment une haine incommensurable pour Israël. Trois lettres qui n’ont pas été vraiment prises au sérieux (en tous cas officiellement) par le gouvernement israélien jusqu’à ce que le PDG de l’une des plus grandes compagnies de télécommunication, Stéphane Richard d’Orange, cède face aux pressions et annonces, au Caire, qu’il souhaiterait le plus vite possible ne plus être lié par un contrat avec l’État hébreu. rnMais l’affaire Orange n’est bien sûr pas la première dans l’histoire du BDS. Voici déjà plusieurs années que ce conglomérat d’ONG pro-palestiniennes appelle à boycotter purement et simplement non seulement les produits issus des implantations situées en Judée-Samarie, mais également tout produit Made in Israël. Le BDS ne se contente pas d’appeler au boycott des produits, mais il exhorte également à un boycott des artistes, universitaires, médecins, intellectuels, auteurs israéliens. rnC’est toutefois l’affaire Orange qui a mis le feu aux poudres et conduit l’État d’Israël à réagir très fermement. L’importance de la compagnie Orange, un des géants de la télécommunication mondiale, le fait qu’elle soit détenue à 25 % par France Télécom, société étatique, a sans doute contribué à réveiller les consciences à Jérusalem. rnUne réunion BDS-Orange rnune semaine avant Le CairernÀ l’origine de cette affaire, un rapport publié il y a quelques semaines, intitulé : « Les liaisons dangereuses d’Orange dans les territoires palestiniens occupés ». Signé par plusieurs associations tiers-mondistes et d’extrême gauche (dont la CGT et le Comité catholique contre la faim et pour le développement), le rapport appelait l’État français à faire plier l’opérateur, arguant que « l’entreprise de télécommunications israélienne Partner exerce des activités économiques et réalise des profits dans les colonies israéliennes ». Le rapport « démontre que par sa relation d’affaires avec la société israélienne de télécommunications Partner, Orange participe indirectement au maintien et au renforcement des colonies israéliennes situées dans le Territoire palestinien occupé, pourtant considérées illégales par la communauté internationale ». rnLes rédacteurs du rapport affirment que « dans ces colonies, Partner fait construire des infrastructures sur des terres palestiniennes confisquées et offre des services aux colons et à l’armée israélienne. L’entreprise tire par ailleurs profit des limitations imposées à l’économie palestinienne par les autorités israéliennes, et contribue ainsi à l’asphyxie de celle-ci ». rnPauvre Orange, dont le seul « crime » est d’avoir accordé à Partner le droit d’utiliser son nom et son enseigne ! La voilà quasiment accusée de crimes de guerre.rnSur le site Internet consacré au rapport, on apprend que ses rédacteurs ont tenté à plusieurs reprises de rencontrer la direction de la société française et que le 28 avril la compagnie « a pris contact avec les auteurs de ce rapport pour proposer une rencontre ». Interrogé par Hamodia, le porte-parole d’Orange, Tom Wright, a confirmé qu’une rencontre avait bel et bien eu lieu entre les ONG et syndicats pro-palestiniens et la direction du consortium : « Nous avons reçu ces associations le 28 mai (soit une semaine avant la déclaration de Richard au Caire NDLR) et nous leur avons juste expliqué les termes du contrat de licence de marque qui nous relie à Orange jusqu’en 2025 ». À la question : avez-vous évoqué à un moment avec eux votre intention de couper dès que possible les ponts avec Israël ? Wright répond que cette option n’a pas été débattue. rn Le but : infiltrer les réunions rndu comité directeurrnSelon l’hebdomadaire Makor Richon, les ONG pro-palestiniennes ne se sont pas contentées d’envoyer des courriers ou d’inonder de demandes d’entrevues avec le secrétariat d’Orange. Le journaliste Assaf Gibor a notamment indiqué que les associations avaient fait l’acquisition d’actions en bourse d’Orange afin de pouvoir participer aux réunions du comité directeur de la société. Selon un des activistes du BDS, agissant depuis Israël, et interrogé par Makor Richon, « il ne fait aucun doute que les déclarations de Richard au Caire sont liées au travail fourni depuis la France » par les ONG. rnIsraël riposternDès la publication des propos de Richard, le 3 juin, c’est le tollé en Israël, où on accuse le PDG d’Orange de céder aux pressions exercées par le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). À droite comme à gauche, on condamne cette prise de position et la vice-ministre des Affaires étrangères, Tsipi Hotobelli, envoie un message urgent à Richard dans lequel elle lui demande de « ne pas participer à l’industrie du mensonge contre Israël ». rnLe lendemain, Orange publie un communiqué où elle confirme qu’elle veut couper les ponts avec Partner. Dans ce communiqué, la compagnie française dit à la fois que sa décision est purement commerciale, mais également que la compagnie n’est pas impliquée « dans la stratégie ou le développement opérationnel » de Partner. En clair : Orange souligne qu’elle n’est pas liée à la présence d’antennes de Partner en Judée-Samarie ni au parrainage d’unités de Tsahal par Partner.rnUne manière comme une autre de se débarrasser du BDS tout en sauvant les meubles des relations avec Israël. rnSauf qu’en Israël, mais aussi outre-Atlantique, on l’entend d’une autre oreille et les condamnations se multiplient. L’ambassadeur d’Israël à Paris, Yossi Gal, transmet une plainte sévère au Palais de l’Élysée, mais aussi au Quai d’Orsay et au ministère français de l’Économie, dans laquelle Israël exige que la France se démarque des propos du PDG d’Orange.rnLe Premier ministre, Binyamin Nétanyaou, a pour sa part des propos très durs envers la compagnie française : « Ce théâtre de l’absurde, dans lequel une démocratie respectant les droits de l’homme, l’État d’Israël, doit se protéger contre des salves de missiles et des tunnels souterrains terroristes, pour ensuite essuyer des condamnations automatiques et des tentatives de boycott, est impardonnable ». Le chef du gouvernement s’adresse également à l’Élysée et Matignon de qui il exige qu’ils « se démarquent officiellement de cette déclaration pathétique et de la démarche ridicule de la compagnie qui appartient partiellement » au gouvernement français. Nétanyaou appelle également les « amis » de l’État hébreu « à clamer haut et fort qu’ils s’opposent à toute forme de boycott contre l’État des Juifs, sans conditionner cette opposition ». rnQue faire face au boycott ? rnAlors que certains, comme le journaliste Ben Dror Yémini (voir interview), affirment que face aux appels au boycott, Israël doit répliquer par des appels à la paix et aux négociations avec les Palestiniens, d’autres, comme l’éditorialiste Caroline Glick, estiment qu’il faut au contraire attaquer de front et affirmer haut et fort que la Judée et la Samarie resteront israéliennes à jamais. « Les gouvernements successifs ont concentré leurs efforts dans l’aspect militaire de la lutte menée contre Israël. Mais Israël ne parvient plus à battre ses ennemis sur le champ de bataille, non pas parce qu’il n’en a pas la capacité militaire, mais suite à sa faiblesse face au monde occidental. Le leader de la lutte politique contre Israël aujourd’hui est le mouvement de boycott. Plus le temps passe et plus ses allégations sont extrémistes et exagérées et ses attaques répétées. Quant au président Obama, il a choisi d’affirmer qu’au vu de la force de la campagne menée contre Israël, le gouvernement israélien n’avait d’autres choix que de concéder des gestes unilatéraux à l’Autorité palestinienne. Si Jérusalem ne prenait pas cette voie, il voyait mal comment son administration pourra continuer à défendre Israël à l’ONU ! Face à tout cela, Israël peut faire beaucoup. Mais avant tout, elle doit décider qu’elle veut gagner. »