Alors que 515 députés ont voté pour, l’écologiste Isabelle Attard et le député (Les Républicains) Jean-Pierre Gorges ont voté contre. Les socialistes William Dumas et Philippe Duron, aussi, mais malgré eux. Explications.
L’Assemblée nationale a donné mercredi le feu vert au gouvernement pour que la France poursuive ses frappes aériennes en Syrie contre Daech. 515 députés ont voté pour. Quatre se sont prononcés contre: les socialistes William Dumas et Philippe Duron, l’écologiste Isabelle Attard et le député (Les Républicains) Jean-Pierre Gorges. Mais comment ces députés justifient-ils ce choix marginal? Pour les deux premiers, il s’agit d’une erreur. William Dumas devait voter pour, en son nom et celui de Philippe Duron, qui se trouvait en circonscription, via une délégation de voix: il s’est trompé lors du scrutin.
Pas d’erreur pour Isabelle Attard, qui, dans un communiqué, dit attendre « du gouvernement plus que des discours ». « Les parlementaires n’ont reçu aucun dossier, aucun élément, aucun chiffre, ni même un email pour justifier cette décision. Cela n’est pas sérieux. »
« La peine de mort est abolie en France depuis 1981 »
« Nous parlons pourtant d’appliquer la peine de mort, à grande échelle, sur des étrangers. La peine de mort est abolie en France depuis 1981 », souligne la députée du Calvados. « Bien sûr, nos forces de l’ordre sont armées, et autorisées à tuer pour protéger des vies humaines sur notre territoire. Mais seulement en cas de danger imminent. Les personnes présentes en Syrie aujourd’hui ne rentrent pas dans cette définition », estime-t-elle.
La parlementaire estime enfin que « quelques bombes lancées en Syrie par la France ne feront pas la différence, du moins je n’ai aucune preuve en ce sens ». Les experts et les militaires qu’Isabelle Attard assure avoir consultés « sont formels », « sans engagement au sol, les bombardements ne servent à rien. » Dernier point: les « bombardements coûteront très chers » et « ce sont des ressources qui manqueront à la lutte contre le terrorisme sur le territoire national ».
« Je refuse que la France soit le gendarme du monde »
De son côté, Jean-Pierre Gorges rappelle qu’il avait déjà été le seul député à voter contre les frappes contre l’Etat islamique en Irak en janvier 2015. « Je refuse que la France soit le gendarme du monde, explique-t-il à L’Express. La France est plutôt le pays de la paix que de la guerre. » Selon le maire de Chartres, ville dont est issu l’un des kamikazes du Bataclan, « les attentats sont des représailles à la politique étrangère de la France. Notre travail n’est pas de rendre coup pour coup. C’est qu’il n’y ait pas de coups… »
Mais ajoute-t-il, il serait favorable à une large coalition internationale, avec les Etats-Unis et la Russie, contre Daech. « Le seul moyen pour qu’il y ait une coalition, c’est que la France se retire. » Sans cette large coalition, « ça ne peut que mal se terminer », comme le prouverait les tirs de la chasse turque mardi contre un avion russe. « Si on s’y met tous, on peut éradiquer Daech. Mais là, ce sont juste quelques bombinettes. Je ne donne pas quitus à Hollande pour y aller tout seul, non. »
La position des Républicains « contradictoire »
Le député critique également la position de son groupe parlementaire qui a voté en faveur de la poursuite des frappes. « C’est contradictoire. D’un côté Christian Jacob demande une coalition internationale et de l’autre, il donne les clés à Hollande pour agir. » Enfin, constate-t-il, « ce n’est pas à nous d’installer la démocratie dans cette région ».