Ils sont rentrés il y a déjà un mois et pourtant, ils ont l’impression de ne pas avoir encore complètement atterri. « On revient différent d’un tel voyage. Grandi », note Yassine. Sept élèves du lycée Arthur Rimbaud de Garges-lès-Gonesse sont partis avec huit collégiens de Jean Lurçat à Sarcelles pour un voyage d’une semaine en Israël.
C’est Latifa Ibn Ziaten, la mère du militaire tué par Mohamed Merah en 2012, qui les a emmenés avec son association, Imad, du prénom de son fils.
Un voyage qui a transformé ces élèves, sélectionnés pour leur engagement au sein du conseil de la vie lycéenne. Ce sont d’abord les idées reçues qui ont vol�� en éclats. « Avant, je pensais que les Israéliens ne se mélangeaient pas avec les étrangers, mais en fait, ils sont très chaleureux », raconte Dilan, en Terminale. « On a vu des musulmans faire la prière sur l’herbe, en plein centre de Jérusalem. Je pensais que ça n’était pas possible », souligne Omer. « A la télé, on ne montre que la guerre, alors qu’on ne ressent pas de tension, note Steve. Finalement, leur guerre, ce n’est pas une guerre de religion mais de territoire. Et les différentes religions cohabitent mieux qu’ici. »
Au début, pour certains, ça n’a pas été facile de faire accepter un tel voyage. « Pour plusieurs membres de ma famille, c’était mal vu d’aller en Israël », raconte Dilan. « Mais maintenant, tout le monde nous dit qu’on a de la chance, les gens posent plein de questions », remarque Angela.
Mur des lamentations, mosquée Al-Aqsa, église du Saint Sépulcre, mais aussi visite de la vieille ville de Jérusalem, Ramallah et Tel-Aviv. Le programme était chargé. La découverte, pour beaucoup, ça a aussi été celle du judaïsme. Les rites, l’histoire, les traditions, on leur a tout expliqué. « La prière est différente mais au fond, on a tous le même Dieu », constate Dilan. Le petit groupe a même été invité à célébrer Shabbat dans une famille. Un des moments forts du voyage.
Mais bien sûr, les difficultés existent et n’ont pas échappé aux jeunes. « Un mur qui sépare les populations, c’est choquant, injuste », s’exclame Steve, toujours marqué par les images de ces morceaux de béton érigés autour des territoires palestiniens, couverts de graffitis tels que « Freedom ». « On prend aussi conscience de la chance qu’on a, observe Yassine. On se plaint beaucoup, mais nous, on a la liberté d’aller et venir comme on veut. Les Palestiniens, non. »
Yassine se souvient notamment de ce jeune du lycée français de Jérusalem, mais habitant de Ramallah, dont le seul moyen pour passer la frontière est d’emprunter le bus diplomatique qui passe une fois par jour. Ou de cette jeune Palestinienne qui a perdu deux membres de sa famille, tués lors d’unemanifestation.
Alors que faire de toutes ces rencontres ? Les élèves ont pour mission de devenir ambassadeurs de la paix. « Au fond, on est tous pareils, insiste Yassine. Il faut arrêter de vivre enfermé. » Le 11 juin, tous livreront une présentation de leur voyage au sein du lycée.