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Avigdor Lieberman, le « tsar » qui veut devenir le chef de la droite israélienne

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JERUSALEM, 06 nov 2013 (AFP) – L’indéboulonnable Avigdor Lieberman,
acquitté mercredi de toutes les charges de fraudes pesant sur lui et qui doit
retrouver la tête de la diplomatie israélienne, ambitionne de devenir le chef
de la droite en Israël.
Cet acquittement affaiblit la position du Premier ministre Benjamin
Netanyahu en renforçant un rival populiste, selon les analystes politiques.
Né dans la république soviétique de Moldavie, Avigdor Lieberman, 55 ans, a
émigré en 1978 en Israël, où il a travaillé un temps comme videur de boîte de
nuit. Diplômé en sciences sociales de l’Université hébraïque de Jérusalem, il
a effectué son service militaire.
Il a rejoint le Likoud, le grand parti de la droite nationaliste, dont il a
gravi les échelons jusqu’à devenir directeur de cabinet du Premier ministre
Benjamin Netanyahu lors de son premier mandat (1996-1999). Mentor de « Bibi »,
il est pour beaucoup dans sa carrière politique.
Les médias l’ont alors affublé des surnoms de « tsar », de « Raspoutine » et de
« KGB », en allusion à son comportement autoritaire et à ses origines, dont son
verbe lent en hébreu conserve un lourd accent.
Mais là réside aussi l’atout de M. Lieberman, qui a créé en 1999 son propre
parti à la droite de la droite, Israël Beiteinou (« Israël notre maison »),
capitalisant sur le vote du million d’Israéliens émigrés de l’ex-URSS, une
base électorale qu’il a considérablement élargie depuis.
Ses positions extrémistes et son franc-parler, non dénué d’humour, ont valu
à cet homme trapu autant d’admirateurs inconditionnels que de critiques
fustigeant son racisme, voire ses tendances « fascisantes ».
Dans les années 2000, il s’est illustré par des déclarations à
l’emporte-pièce, prônant ainsi un bombardement du barrage d’Assouan pour
inonder l’Egypte, premier pays arabe à signer la paix avec Israël, en cas de
soutien à l’Intifada palestinienne.
Tout récemment, il a exhorté les juifs sud-africains à quitter leur pays
pour s’installer en Israël et « éviter ainsi d’être victimes de pogroms », en
réaction à la déclaration de la chef de la diplomatie sud-africaine qui avait
dénoncé la colonisation des Territoires palestiniens.
Un style peu diplomatique
Il se fait un régal de fustiger la politique de l’Union européenne, dont il
est devenu la bête noire, l’accusant carrément de suivre une politique
pro-palestinienne hostile aux juifs comme avant le génocide nazi.
Le président palestinien Mahmoud Abbas, qu’il qualifie de « terroriste
diplomate », est également une de ses cibles privilégiée.
M. Lieberman est entré pour la première fois au gouvernement en 2001, comme
ministre des Infrastructures nationales dans l’équipe d’Ariel Sharon, avant de
détenir les portefeuilles des Transports puis des Affaires stratégiques.
Le retour au pouvoir de M. Netanyahu en 2009, et le beau score de son parti
aux élections lui ont valu de devenir ministre des Affaires étrangères, malgré
son style fort peu diplomatique.
En 2008, M. Lieberman a ciblé les Arabes israéliens, qualifiant de
« cinquième colonne » potentielle ces descendants des Palestiniens restés sur
leur terre après la création d’Israël en 1948.
L’une de ses idées iconoclastes est « l’échange de territoires, populations
comprises » qui ferait passer sous administration palestinienne une partie de
la minorité arabe d’Israël en échange des colonies de Cisjordanie, un projet
qu’il a exposé en 2010 à l’ONU, mais qui a été désavoué par M. Netanyahu.
Ecarté du processus de paix israélo-palestinien ainsi que du dossier
crucial des relations avec les Etats-Unis, il s’est rabattu sur l’Afrique et
l’Amérique latine, sans résultat diplomatique probant.
Résolument laïc, il n’est pas un partisan du « Grand Israël », défendu par le
lobby des colons, mais vit à Nokdim, une implantation juive près de Bethléem.
Il se dit même prêt à déménager en cas de paix avec les Palestiniens même
s’il juge cette perspective irréaliste et plaide pour « un accord intérimaire à
long terme ».
Il est marié et père de trois enfants.
bur-agr/jlr/vl

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