PARIS, 20 jan 2015 (AFP) – Quatre hommes de 22 à 28 ans, suspectés dans l’enquête sur les attentats de Paris qui ont fait 17 morts, ont été déférés mardi au tribunal en vue de possibles mises en examen par des juges d’instruction antiterroristes, a annoncé le parquet de Paris.
Ces hommes de 22, 25, 26 et 28 ans, font partie des douze personnes arrêtées dans la nuit de jeudi à vendredi en région parisienne pour être interrogées sur le possible soutien logistique, notamment en armes et en véhicules, qu’elles sont susceptibles d’avoir apporté à Amédy Coulibaly.
Ce dernier a tué une policière municipale à Montrouge le 8 janvier et
quatre Juifs le lendemain dans une prise d’otage dans un supermarché casher où il a été abattu par la police.
Ils seront présentés mardi « devant les magistrats instructeurs
antiterroristes (…) en vue de leur mise en examen » dans le cadre d’une
information judiciaire, a précisé le procureur de la République, François Molins, dans un communiqué.
L’enquête va porter sur les complicités, directes ou indirectes, dont ont pu bénéficier Coulibaly et les frères Cherif et Saïd Kouachi, qui avaient tué douze personnes lors de l’attaque de la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier, avant d’être abattus deux jours plus tard par les forces de l’ordre.
Qui leur a fourni des armes, par exemple, et avec quel degré de
connaissance de leur projet? Lors de la prise d’otage à la Porte de Vincennes, Amédy Coulibaly était muni de deux pistolets Tokarev, de deux Kalachnikov et de bâtons d’explosif. Mais les enquêteurs ont aussi découvert, dans sa possible « planque » à Gentilly (Val-de-Marne) un petit arsenal: quatre autres pistolets Tokarev, un revolver, des munitions, des téléphones, des bombes lacrymogènes, un gyrophare, un gilet tactique, des jumelles.
De nombreuses autres questions se posent. Qui a mis en ligne une vidéo posthume de Coulibaly où lui sont attribuées ces attaques? Par qui un joggeur a-t-il été grièvement blessé à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) au premier soir des tueries?
Au total, huit hommes et quatre femmes parmi leurs compagnes, âgés de 19 à 47 ans, avaient été interpellés en fin de semaine dernière à Montrouge et Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), Grigny et Fleury-Mérogis (Essonne) ou encore Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis).
– ADN et téléphonie –
Les gardes à vue de trois femmes avaient été levées samedi. Cinq autres personnes « ont quant à elles été laissées libres dans la nuit » de lundi à mardi, a indiqué le parquet.
Vendredi, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait évoqué des personnes « connues des services de police pour des faits de droit commun ».
Selon une autre source policière, les enquêteurs ont effectué ces derniers jours de nombreuses filatures de personnes repérées à partir d’éléments ADN et d’écoutes téléphoniques dans l’entourage présumé des frères Kouachi et surtout d’Amédy Coulibaly.
Des empreintes papillaires ont été retrouvées dans la Mégane qui aurait été utilisée par Coulibaly pour se rendre au supermarché casher, selon une source proche du dossier. Les clés de ce véhicule avaient été retrouvées sur le corps du tueur, de même que celles d’une moto Suzuki.
Les trois tueurs sont connus pour appartenir à la mouvance islamiste radicale. Chérif Kouachi a été condamné dans un dossier de filière d’envoi de combattants jihadistes en Irak au milieu des années 2000.
Coulibaly était sorti de prison en mai après avoir purgé une peine pour sa participation à un projet d’évasion d’un des auteurs des attentats de 1995, Smaïn Aït Ali Belkacem. Dans cette enquête, Chérif Kouachi avait été mis en examen avant de bénéficier d’un non-lieu.
Le procureur de Paris avait révélé les liens « constants et soutenus »
existant au travers de leurs compagnes entre Chérif Kouachi et Coulibaly.
La compagne de ce dernier, Hayat Boumeddiene, est suspectée de s’être rendue en Syrie, via l’Espagne puis la Turquie, plusieurs jours avant les tueries. Selon une source antiterroriste espagnole, elle était accompagnée durant son voyage de deux frères, Mohamed et Mehdi Belhoucine, dont le premier a déjà été condamné à un an de prison ferme en juillet 2014 pour son appartenance à une filière qui envoyait des jihadistes dans la zone pakistano-afghane à la fin des années 2000. Sa peine était couverte par sa détention provisoire.