Paris, 11 mai 2015 (AFP) – Le tueur de l’Hyper Cacher, Amédy Coulibaly,
pourrait avoir « reçu des instructions de l’étranger », estime dans un entretien
au Figaro daté de mardi le procureur de la République de Paris, François
Molins, jugeant que « la menace n’a jamais été aussi forte » en France.
« Il n’y a aucune raison d’être optimiste. La menace n’a jamais été aussi
forte, notamment en raison de l’implication de la France dans la lutte contre
Daech (acronyme arabe du groupe jihadiste Etat islamique, NDLR) », a expliqué
le magistrat. « Depuis fin 2013, le nombre des dossiers a explosé de 180%! »
« Nous sommes face à des radicaux qui agissent dans la discrétion. Ils
peuvent avoir des vies de famille normale, comme cela semble le cas pour Sid
Ahmed Ghlam, qui voulait frapper le mois dernier à Villejuif. En apparence,
ces individus semblent seuls mais, quand on gratte un peu, on s’aperçoit
qu’ils agissent au nom de groupes terroristes sur des cibles correspondant à
des mots d’ordre donnés par Daech ou Jabhat al-Nosra », mouvements actifs en
Syrie et en Irak, a ajouté François Molins.
« On sait que Ghlam a été téléguidé depuis la zone irako-syrienne. Selon
toute hypothèse en cours de vérification, Amédy Coulibaly a lui aussi reçu des
instructions depuis l’étranger », a révélé le procureur de Paris, sans préciser
de quel pays il s’agit.
Amédy Coulibaly, qui a tué début janvier trois clients et un employé juifs
du supermarché parisien Hyper Cacher ainsi qu’une policière municipale à
Montrouge, agissait en coordination avec les frères Chérif et Saïd Kouachi,
auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo. Amédy Coulibaly a exprimé son
allégeance au groupe Etat islamique, quand Chérif Kouachi a dit agir au nom
d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).
« Nous traitons actuellement des dizaines de dossiers avec 169 personnes
mises en examen, dont 106 en détention provisoire, auxquelles il faut ajouter
306 individus en Syrie ou sur le retour qui sont visés et que l’on cherche. Ce
processus durera des années », a poursuivi François Molins.
« Ce terrorisme low-cost fait peur car il est plus difficile à détecter. Il
y a vingt ou trente ans, nous travaillions sur des cellules structurées et
identifiées. Maintenant nous sommes face à des individus venus de nulle part,
adeptes de la taqiya – la technique islamique de la dissimulation -, et qui
n’émettent que des signaux très faibles, quasiment indécelables par les
services de renseignement », a-t-il jugé.
thm/fff/ei