Une tête décapitée
retrouvée près de drapeaux islamistes et deux personnes blessées dans une
explosion: un attentat a été commis vendredi dans un site de gaz industriels
en Isère, près de Lyon, et un suspect a été interpellé.
Près de six mois après les attentats de Paris, qui avaient fait 17 morts,
l’attaque est survenue vers 10H00 dans une unité du groupe américain Air
Products située dans une vaste zone logistique à Saint-Quentin-Fallavier,
entre Lyon et Bourgoin-Jallieu, non loin de l’aéroport Saint-Exupéry.
Le président Hollande, qui participait vendredi à un sommet européen à
Bruxelles, a affirmé que la personne interpellée, qui ne portait pas de papier
et refusait de s’exprimer, avait finalement été identifiée.
Il a aussi confirmé que l’attaque, due à une personne ou « peut-être deux »,
était « de nature terroriste » et qu’il rentrerait « en tout début d’après-midi »
à Paris pour y présider un conseil restreint à 15h30.
Le parquet antiterroriste s’est saisi de l’enquête. Selon les premiers
éléments, le ou les auteurs de l’attentat sont arrivés en voiture et ont foncé
sur des bonbonnes des gaz, stockées en très grand nombre sur le site, classé
Seveso.
Une « énorme explosion », selon un riverain, s’est alors produite. Les
gendarmes dépêchés sur place y découvraient alors un corps décapité, puis une
tête accrochée au grillage d’enceinte, et deux blessés légers.
– Hollande de retour de Bruxelles –
Les pompiers ont masqué la zone où a été retrouvée la tête d’une bâche de
plastique noir. Deux drapeaux islamistes étaient également visibles sur le
grillage, selon une journaliste de l’AFP, ce qui indique une probable mise en
scène, l’exhibition d’une tête décapitée rappelant la signature du groupe
terroriste Etat islamique.
Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui était en déplacement
dans le département voisin du Rhône, s’est immédiatement rendu sur place en
hélicoptère. Le Premier ministre Manuel Valls, en déplacement en Amérique du
Sud, a lui ordonné une « vigilance renforcée » sur tous les sites sensibles de
la région Rhône-Alpes.
Les accès au site Air Products, qui n’a jamais connu d’accident industriel
selon le maire de la commune voisine de Villefontaine, Raymond Feyssaguet, ont
été bouclés. Aucun dégât n’était apparent depuis les abords.
« Je bricolais sur le pas de la porte et j’ai entendu une énorme explosion.
J’ai pensé à un avion qui passait le mur du son tout en devinant aussitôt que
c’était grave. Il y a beaucoup d’entreprises classées Seveso dans le coin.
Jamais je n’aurais pensé à un attentat », a raconté à l’AFP un retraité vivant
à 600 mètres des lieux.
– « attentat diabolique en plein Ramadan –
Cette attaque survient dans un contexte de craintes des autorités de
nouveaux actes de terrorisme sur le sol français, en particulier après
l’arrestation en avril d’un étudiant algérien, Sid Ahmed Ghlam, soupçonné d’un
projet d’attaque contre une église à Villejuif, près de Paris, au nom de
l’islam radical.
Depuis les attentats de janvier contre l’hebdomadaire satirique Charlie
Hebdo, une épicerie casher, et des policiers, le gouvernement a mis en place
un drastique plan de vigilance antiterroriste dans les lieux publics et le
ministre de l’Intérieur a maintes fois répété que la menace en France restait
« très élevée ».
Bernard Cazeneuve indiquait début juin que 1.750 personnes étaient
recensées à ce jour « pour leur implication à un titre ou à un autre dans des
filières jihadistes ». Il précisait en outre que quelque 130 procédures
judiciaires concernant 650 personnes étaient en cours en France pour des
activités liées au terrorisme.
Saint-Quentin-Fallavier héberge un important centre pénitentiaire où des
mesures additionnelles de sécurité ont été prises vendredi, sans qu’aucun lien
ne soit toutefois établi entre cette prison de 520 détenus et l’attentat.
« Bien sûr, il y a des noyaux durs de radicalisation dans les prisons en France
et Saint-Quentin-Fallavier n’est pas à la marge », a indiqué un syndicaliste
UFAP de l’établissement.
« La France vient de vivre son second choc en moins de six mois », a déploré
le recteur de la Grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, en condamnant un
« attentat diabolique perpétré en plein mois de Ramadan ». « Nous ne pouvons
tolérer ce que ces messagers de la haine font au nom de l’islam. »