BFM BUSINESS Jamal Henni Publié le
Précisément, Arthur est associé avec le fonds de la famille italienne, 21 Centrale Partners, dans la société suisse Ethical Coffee Company (ECC), qui fabrique des dosettes compatibles avec les machines à café Nespresso.
Plaintes en France et en Italie
C’est Arthur qui a déclenché les hostilités en attaquant en justice il y a quelques mois le fonds 21 Centrale Partners et ses dirigeants, dont Alessandro Benetton. Il a porté plainte en Italie et en France, devant le tribunal de commerce de Paris.
L’animateur réclame aux Benetton le remboursement de l’argent qu’il a mis dans ECC, plus des dommages. Précisément, Arthur a investi 8 millions d’euros: 1 million en 2009, puis 7 millions en 2010. Cela lui permet de détenir aujourd’hui 5% du capital.
Circonstances atténuantes
Pour étayer une telle demande, l’animateur argue avoir fait une mauvaise affaire en investissant dans ECC. Il pointe le fait qu’ECC n’a pas tenu le plan d’affaires établi lors de la levée de fonds de 2010. Ce qui est exact: ce plan d’affaires prévoyait, selon CF News, un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros en 2011 qui n’a pas été atteint.
Toutefois, la start up suisse a des circonstances atténuantes. En effet, son développement a été handicapé par les bâtons dans les roues mis sur sa route par Nestlé, le fabricant des machinés à café Nespresso. Le géant suisse n’appréciait nullement que des concurrents se mettent à fabriquer des capsules compatibles avec sa machine. Il a donc modifié à de multiples reprises sa machine, rendant toujours plus difficile la fabrication de dosettes compatibles. Conséquence: le chiffre d’affaires d’ECC « a souffert », admet son président Jean-Paul Gaillard.
Plainte surprenante
Reste que la plainte d’Arthur est surprenante à plus d’un titre. D’abord, l’animateur estime bizarrement que le responsable du plan d’affaires de 2010 n’est pas la société ECC elle-même, mais un autre actionnaire, 21 Centrale Partners, qui a investi 35 millions d’euros dans ECC lors de la levée de fonds de 2010. Mais sans doute Arthur a-t-il pensé que la famille Benetton a les poches plus profondes que la start up suisse…
Ensuite, il devient de plus en plus difficile d’arguer qu’ECC est un mauvais investissement, car la start up s’est finalement sortie de sa mauvaise passe. En effet, elle a remporté en 2014 une série de victoires juridiques contre Nestlé en Suisse, en Allemagne et en France, devant le tribunal de commerce de Paris mais aussi le gendarme de la concurrence. Cette dernière victoire est la plus importante: en effet, Nestlé, pour échapper à une amende pour « abus de position dominante », s’est engagé auprès de l’Autorité de la concurrence française a mettre fin à ses pratiques anti-concurrentielles. « Depuis que le conflit créé par Nestlé est résolu, nous enregistrons une très forte croissance », assure Jean-Paul Gaillard. Et fort de ces victoires, ECC finalise actuellement une nouvelle levée de fonds de près de 50 millions d’euros.
Interrogé sur le conflit entre Arthur et les Benetton, Jean-Paul Gaillard se refuse à tout commentaire, assurant: « ECC n’est pas directement concerné ». De son côté, 21 Centrale Partners répond « être un investisseur de long terme. Bien que différents litiges liés à Nestlé aient fait prendre du retard à ECC, nous restons confiants dans le potentiel de ce marché, dans la technologie d’ECC et dans sa capacité à reprendre une expansion significative. » Enfin, la porte-parole d’Arthur Françoise Doux et ses avocats Olivier Pardo et Axelle Schmitz n’ont pas répondu.