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Analyse: reprise des tirs de roquettes de Gaza?

Si les salaires de ses fonctionnaires ne sont pas payés, le Hamas pourrait avoir recourt à un geste désespéré

Jeudi dernier, la queue devant la banque islamique à Gaza s’étirait à n’en plus finir. 45.000 fonctionnaires du gouvernement du Hamas ont été informés qu’une partie de leurs salaires – entre 1.000 et 4.500 shekels – ont été versés sur leurs comptes bancaires. Pendant trois mois, ils attendaient de recevoir leur salaire mensuel du gouvernement à Ramallah et ont été déçus. Ce n’est que maintenant qu’ils voient le peu qu’ils ont gagné. Le fait que l’argent de leur salaire provienne du Hamas et non de l’unité (le gouvernement de « réconciliation » entre le Hamas et l’Autorité palestinienne) à Ramallah est un témoignage clair du fait que le gouvernement d’union ne fonctionne pas et est en crise. Si l’on regarde les actions et les déclarations des dirigeants des deux parties, on peut comprendre que l’écart entre eux est toujours là, et peut raviver le feu à Gaza. C’est dans ce contexte de la réouverture des négociations sur les détails de l’accord et la reconstruction de Gaza, que les chances de succès semblent minces. Que fera Israël si les roquettes commencent à tomber l’une après l’autre?

Au centre des récentes négociations entre le Hamas et les représentants de l’Autorité Palestinienne, qui comprenaient une rencontre entre le Président de l’AP Mahmoud Abbas et le Chef Politique du Hamas Khaled Mechaal à Doha, se trouvait la question des salaires. « Comment les gens peuvent-ils vivre sans salaires? “Prenez les problèmes à bras le corps et payez les employés”, a déclaré Mechaal. » “Je n’en ai pas la possibilité”, a répondu Abbas (Selon le ​​Journal libanais Al-Ahbar). Le Premier Ministre Palestinien Rami Hamdallah a expliqué dans une interview à l’AFP au Québec que si son gouvernement verse les salaires aux fonctionnaires du Hamas, il risque d’être boycotté (parce que le Hamas est défini comme une organisation terroriste) et les banques palestiniennes refuseront de toucher l’argent provenant du Qatar.

En fait, le problème des salaires n’a pas de solution. L’Autorité palestinienne verse des salaires à ses 150.000 employés en Cisjordanie et à Gaza (surtout des enseignants, des agents de santé et des agents de police). Le gouvernement du Hamas à Gaza fondé en 2007 en a ​​embauché 45.000 de plus. Dans de nombreux cas ce sont des emplois doubles, par exemple des enseignants et des directeurs d’école qui ont été licenciés ou ont cessé de travailler lorsque le gouvernement du Hamas a pris le pouvoir, qui sont restés chez eux et ont reçu de l’argent de Ramallah, alors que le Hamas a engagé ses propres enseignants et directeurs. Qui va enseigner maintenant : les enseignants de l’AP, ceux du Hamas, ou les deux? Le Budget du gouvernement palestinien gère à peine ses 150.000 salaires; il ne peut pas en ajouter 45.000 de plus.

Le problème des salaires n’est qu’un élément de la crise de plus en plus forte entre le Hamas et le Fatah. Le Hamas, par exemple, accepte que l’Autorité palestinienne et Abbas négocient avec Israël, mais exige une coordination et une coopération. Le porte-parole – modéré – du Hamas, Moussa Abou Marzouk, qui se trouve (pas par hasard) au Caire, a déclaré que, sous certaines conditions, le Hamas est prêt à discuter avec Israël. Les chefs du Hamas ont rapidement réfuté cette déclaration. « Nous n’allons pas négocier avec Israël », ont déclaré Mechaal et d’autres. L’idée de démilitariser Gaza, soulevée par Israël, est également absolument rejetée par le Hamas. « C’est l’arme de la résistance, nous ne l’abandonnerons pas, elle sera destinée uniquement contre Israël », a déclaré Ismail Haniyeh, qui fut le Premier ministre du Hamas à Gaza.

Le Hamas a gagné une popularité importante après la dernière guerre à Gaza. Il tente même de reconstruire seul Gaza et a dernièrement donné jusqu’à 16.000 dollars aux familles dont les maisons ont été détruites pendant la guerre. L’argent est venu, apparemment, du Qatar. Mais on ne sait pas combien de temps cette popularité durera si le soutien du Qatar diminue. On ne sait pas si le Qatar résistera à la pression de tous les pays arabes, principalement l’Égypte et l’Arabie saoudite, qui exigent qu’ils cessent de soutenir les Frères musulmans. La semaine dernière, il y a eu une première indication selon laquelle la politique du Qatar pourrait changer. Il a été publié que le gouvernement du Qatar a banni certains militants des Frères musulmans qui y sont en exil. Le nouveau souverain du Qatar, Tamim, n’est pas considéré comme trop religieux, et il peut entraîner une nouvelle politique qui laissera le Hamas et ses dirigeants isolés et de plus en plus en crise, ce qui peut les amener à des tentatives désespérées telles que la reprise des hostilités.

L’Autorité palestinienne à Ramallah, cependant, dont le prestige est au plus bas (selon les sondages) est désormais soutenue par l’ensemble des Arabes. Le gouvernement du Caire entretient des liens étroits avec Ramallah, tout comme l’Arabie saoudite et les principautés du Golfe persique. Les pays occidentaux soutiennent également Abbas, dont l’avenir semble prometteur contre le Hamas.

Danny Rubinstein est conférencier sur les questions arabes à l’Université Ben Gourion de Beersheva ainsi qu’à l’Université hébraïque de Jérusalem. Il est également spécialiste des questions économiques palestiniennes et tient une chronique dans le journal israélien “Calcalist”

 

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