Berlin, 27 jan 2015 (AFP) – Le président allemand Joachim Gauck a estimé mardi qu’il n’y avait « pas d’identité allemande sans Auschwitz », 70 ans après la libération du camp d’extermination nazi, assignant au pays le devoir de « protéger les droits de chaque être humain ».
« Il n’y a pas d’identité allemande sans Auschwitz. La mémoire de
l’Holocauste demeure l’affaire de tous les citoyens qui vivent en Allemagne », a martelé M. Gauck lors d’un discours d’hommage aux victimes du nazisme devant les députés du Bundestag, en présence de la chancelière Angela Merkel.
« Ici en Allemagne, où nous longeons chaque jour des maisons depuis
lesquelles des Juifs ont été déportés; ici en Allemagne, où leur annihilation a été prévue et organisée. Ici, l’horreur passée est plus proche et la responsabilité (…) plus grande et impérative qu’ailleurs », a-t-il insisté.
Retraçant la tumultueuse émergence d’une mémoire collective de la Shoah dans l’Allemagne d’après-guerre, M. Gauck a dépeint un pays désormais transformé par l’immigration et devenu « une communauté de responsabilité ».
Même les jeunes qui n’ont pas connu la guerre, « même les gens dont les racines ne sont pas allemandes se sentent touchés lorsqu’ils découvrent le nom de leurs anciens propriétaires parmi les victimes d’Auschwitz », a poursuivi le président allemand.
Il a évoqué les immigrants les plus récents, « qui ont pu être eux-mêmes persécutés » ou « venir de pays où l’antisémitisme et la haine d’Israël sont répandus », estimant qu’il fallait « leur donner la vérité historique ».
Pour M. Gauck, « le devoir moral » de l’Allemagne « ne réside pas uniquement dans le souvenir » mais assigne au pays « une mission ». « Il nous dit: protège et préserve l’humanité. Protège et préserve les droits de chaque être humain », a-t-il déclaré.
« Nous le disons à une époque où nous devons une nouvelle fois, en
Allemagne, nous entendre sur la coexistence de plusieurs cultures et
religions », a-t-il ajouté, allusion au débat sur l’islam et les réfugiés qui
agite le pays depuis plusieurs mois, ainsi qu’à la multiplication des actes ou paroles antisémites et islamophobes.