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Analyse: Abbas montre au Hamas qui est le boss

Derrière l’affaire palestinienne: les contacts Israël-Hamas, les luttes de pouvoir interne, et le Qatar

Il y a un peu plus d’un an a été formé un gouvernement d’union palestinien entre l’Autorité palestinienne (AP) à Ramallah (sous la direction du Fatah) et l’organisation Hamas à Gaza. Il semble maintenant qu’il est arrivé en fin de course.

Les parties n’ont pas encore fait état ouvertement de la fracture et de la crise entre elles, mais les choses sont apparemment claires même si on retrouvera à la tête du prochain gouvernement le même Premier ministre en la personne de Rami Hamdallah

Le gouvernement sortant, qualifié de gouvernement technocratique, dont la mission était de préparer les élections, n’a pratiquement rien fait à ce sujet.

L’Autorité palestinienne à Ramallah et le Hamas à Gaza n’étaient pas prêts à renoncer à leur position de force tels que les contrôles des points de passage et des services de sécurité dans la bande de Gaza.

Dès le premier instant, les deux camps ont pensé exploité le gouvernement d’union à leur profit.

L’AP à Ramallah a demandé par l’intermédiaire du gouvernement d’union à prendre le contrôle de Gaza. Et le Hamas, quant à lui, a pensé que l’unité renforcerait sa puissance pas seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie. Les deux parties ont échoué.

Rapidement une nouvelle réalité s’est installée à Gaza: Kerry et l’opération Bordure protectrice, telles furent les nouvelles et importantes lignes directrices du gouvernement avec la reconstruction de Gaza. A part ces exceptions, les activités du gouvernement ont été laborieuses et partielles.

L’origine de la crise actuelle a probablement été le flot de rumeurs concernant des contacts indirects entre le Hamas et Israël pour une trêve de cinq ans.

Ces rumeurs ont même été officiellement confirmées il y a quelques jours par des porte-parole du Hamas en tête desquels Oussama Hamdan qui est arrivée à Gaza à partir du Liban.

Il n’est absolument pas certain qu’un tel accord soit possible et entre en vigueur. Mais il a suffi de rumeurs pour provoquer la colère de la direction de Ramallah et particulièrement du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Pour le raïs palestinien il s’agit d’une démarche provocatrice visant à l’humilier lui, l’AP et le Fatah qui sont pourtant les responsables des contacts et des négociations avec Israël.

Et voilà que tout d’un coup, le Hamas les dépasse et s”érige en acteur diplomatique qui négocie avec Israël comme si l’AP et le Fatah n’existaient pas.

Qui plus est, la colère d’Abbas et celle de son peuple a été alimentée par ce qui semblait être un assouplissement de l’hostilité de l’Egypte envers le Hamas. Les Egyptiens, même s’ils considèrent le Hamas comme une organisation ennemie en le désignant même comme une organisation terroriste, semblent avoir modéré leur colère ces derniers jours.

Les activistes du Hamas, dirigés par Moussa Abou Marzouk, qui s’est rendu à Gaza depuis son domicile au Caire, ont vigoureusement éviter de fâcher l’Egypte au cours des dernières semaines. Et ils ont réussi, au moins sur un front. Après une longue, pratiquement complète fermeture du checkpoint de Rafah, les Egyptiens ont convenu d’ouvrir le point de passage cette semaine pour quelques jours. Des milliers de personnes qui attendaient des deux côtés ont réussi à traverser. Bien que le passage ait été ouvert à la demande de Mahmoud Abbas, le Hamas continue de contrôler le passage et l’ouverture apparaît comme un geste de bonne volonté envers le Hamas.

Mahmoud Abbas et ses cadres soupçonnent que Mohammed Dahlan, qui a de bonnes relations avec le gouvernement égyptien et le président égyptien al-Sissi, soit derrière ces développements. Abbas considère Dahlan comme son ennemi le plus dangereux, persuadé qu’il conspire constamment pour le renverser. Les associés de Mahmoud Abbas affirment que chaque fois qu’un problème se pose en Cisjordanie et à Gaza, leur chef est convaincu que Dahlan est responsable: lorsque des gangs se déchaînent à Naplouse – Dahlan est le coupable. Lorsque des roquettes sont tirées depuis Gaza vers Israël, c’est un complot de Dahlan, et ainsi de suite.

Ces soupçons ne sont pas infondées. Abbas est âgé de 80 ans et n’a pas de successeur en vue. D’autant plus qu’il n’y a pas de procédure claire pour le processus de sélection de ses successeurs pour les trois postes qu’il détient: président de l’OLP, du Fatah et le président de l’Autorité palestinienne. Mohammed Dahlan est le seul à chercher ouvertement à remplacer Abou Mazen et il enrôle pour cela des soutiens et collecte de fonds, principalement dans les Etats du Golfe.

Une raison s’ajoute au fossé grandissant entre l’Autorité palestinienne à Ramallah et le Hamas, est la relation avec le Qatar. Les dirigeants de l’émirat sont une source importante de financement pour le mouvement du Hamas à Gaza, et dans une large mesure sa seule source. Le chef du Hamas Khaled Mechaal vit au Qatar, ainsi que des membres de la direction du mouvement. En fait, tout le soutien du Qatar pour le Hamas s’opère au détriment de l’Autorité palestinienne et d’Abbas. En d’autres termes, les fonds de maintien du Hamas à Gaza permettent à l’organisation d’empêcher le gouvernement palestinien de prendre le contrôle de Gaza.

Le nouveau gouvernement ne sera pas très différent du précédent. Il sera toujours un gouvernement d’experts, de technocrates, mais cette fois les ministres seront plus étroitement liés avec le Fatah et plus enclins à combattre le Hamas. En d’autres termes, plus que toute autre chose, le nouveau gouvernement est un signal fort au Hamas et tous les autres éléments de la région, y compris Israël, qu’Abbas et l’Autorité palestinienne sont les seuls représentants légitimes du peuple palestinien, responsables du sort de la Cisjordanie et de Gaza et de l’avenir du peuple palestinien.

Danny Rubinstein est conférencier sur les questions arabes à l’Université Ben Gourion de Beersheva ainsi qu’à l’Université hébraïque de Jérusalem. Il est également spécialiste des questions économiques palestiniennes et tient une chronique dans le journal israélien “Calcalist”.

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