DSK, lavé des accusations de proxénétisme aggravé, est resté impassible à la lecture du verdict
L’ancien directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a été relaxé vendredi par le tribunal correctionnel de Lille du chef de proxénétisme aggravé pour lequel il était poursuivi dans l’affaire dite du Carlton de Lille.
L’ex-favori du PS pour l’élection présidentielle est resté impassible pendant la lecture de son jugement, se contentant de hocher la tête lorsque le président Bernard Lemaire lui a signifié sa relaxe.
Accusé de proxénétisme aggravé en bande organisée comme 12 des autres personnes comparaissant à ses côtés, DSK encourait jusqu’à 10 ans de prison et 1,5 million d’euros d’amende.
Mais au terme des trois semaines de procès en février, le parquet, trouvant les charges retenues par l’instruction non étayées, avait requis sa relaxe « pure et simple ». Le non lieu est donc le scénario privilégié par les observateurs, y compris par les parties civiles pour qui l’essentiel était que le débat sur la prostitution ait lieu.
Combatif à la barre du tribunal, DSK a farouchement nié être l’instigateur des soirées libertines auxquelles il participait et avoir été au courant de la profession des prostituées qu’il y croisait.
L’ancien favori socialiste de la présidentielle 2012, a en revanche opté pour la discrétion depuis sa sortie du palais de justice de Lille. Nul doute qu’il aspirera à la tranquillité, s’il se sort de cette nouvelle épreuve judiciaire, lui qui avait vu ses espoirs anéantis dès mai 2011, lorsqu’ avait éclaté sous les yeux du monde entier, une autre affaire à connotation sexuelle, celle du Sofitel.
-Une instruction mise en cause-
Tout au long du procès, le tribunal a tenté de démêler l’écheveau des différents cercles évoluant dans cette affaire: des anciens dirigeants de l’hôtel Carlton, d’où l’affaire est partie, aux amis du Nord de DSK.
Ces derniers, Fabrice Paszkowski et David Roquet, deux entrepreneurs qui organisaient les soirées, ont vu requérir contre eux deux ans de prison avec sursis et 20.000 euros d’amende.
Ils se défendent en affirmant n’avoir été que de simples clients de la prostitution.
L’ancien chef de la sûreté urbaine du Nord, le commissaire Jean-Christophe Lagarde, qui a participé à des voyages à Washington, à l’époque où DSK y était encore en poste, a aussi bénéficié des doutes des magistrats quant à l’accusation de proxénétisme. Le parquet a de même demandé le non lieu pour lui.
Dominique Alderweireld, alias Dodo la saumure, un proxénète assumé gérant de bars à hôtesses dans la Belgique voisine, est le seul prévenu contre qui de la prison ferme, un an, a été requis -outre une amende de 10.000 euros-, compte tenu de ses antécédents judiciaires.
Il est l’ami d’enfance de René Kojfer, 73 ans, ancien chargé des relations extérieures de l’hôtel Carlton, premier échelon dans l’affaire, accusé d’avoir fait venir des prostituées et de les avoir mises en relation avec des clients.
« Aujourd’hui le fait de mettre en relation, sans contrainte et sans contrepartie financière, des gens qui cherchent à se rencontrer, cela lui paraît décalé de considérer que ça pourrait être assimilé à du proxénétisme », a argué son avocat Me Hubert Delarue.
Au delà des charges retenues et de l’instruction, pilonnée à boulets rouges par la défense, le procès s’est parfois transformé en débat autour de la prostitution et de la législation qui l’entoure. « Dépassée », selon les avocats de la défense. « A compléter », pour les parties civiles.
« On peut au moins se féliciter de l’écho de ce procès dit du Carlton puisqu’en deuxième lecture, on a réintroduit la pénalisation des clients sur le projet de loi » destiné à renforcer la lutte contre la prostitution, en cours de discussion à l’Assemblée, note Me Emmanuel Daoud, avocat du Mouvement du Nid, organisme spécialisé dans la défense des prostituées.