Les rebelles radicaux sunnites avancent dans la région habitée par les Druzes abandonnée par Assad
Israël a écarté l’idée d’une intervention militaire pour aider les centaines de milliers de Druzes syriens qui sont confrontés aux attaques croissantes des rebelles sunnites, rapporte vendredi le journal Haaretz.
Le gouvernement et l’armée ont pris cette décision malgré les risques encourus par la communauté druze de Syrie majoritairement établie dans les localités frontalières avec la Jordanie.
Les autorités israéliennes estiment que l’utilisation de la force militaire serait une ingérence directe dans la guerre civile alors que l’Etat hébreu s’est jusqu’à présent efforcé prudemment d’intervenir chez son voisin du nord-est.
Le président israélien Reuven Rivlin a exprimé sa préoccupation mercredi sur le sort de la minorité druze en Syrie. Les Druzes d’Israël, dont certains ont atteint les échelons supérieurs de l’armée israélienne et du gouvernement, ont appelé à l’aide au nom de leurs frères en Syrie.
« Ce qui se passe en ce moment est de l’intimidation et des menaces pour l’existence même d’un demi-million de Druzes, » a déclaré Rivlin à l’issue d’une réunion avec le général Martin Dempsey, chef d’état-major inter-armes de l’armée américaine qui était en visite en Israël.
Par ailleurs, le site Walla révèle vendredi matin qu’un haut responsable israélien aurait rencontré à plusieurs reprises en Europe des membres de l’opposition syrienne pour discuter de leurs ennemis communs, le Hezbollah et l’Iran. Selon Walla, il s’agirait de rencontres du plus haut niveau entre les deux parties jusqu’à présent
La série de revers subis par le régime de Bachar al-Assad ces derniers mois a conduit à une retraite progressive de l’armée syrienne et de ses acolytes du Hezbollah de régions estimées comme étant les moins importantes stratégiquement.
Mais au fur et à mesure de l’avancée des rebelles, comme les groupes islamistes sunnites les plus radicaux de Jabhat al-Nosra et de l’Etat islamique, le danger se fait de plus en plus pesant sur les Druzes qui sont toujours fidèles au régime des pays dans lesquels ils vivent, en l’occurrence à celui de Bachar al-Assad.
Dans le sud du pays, la récente alliance entre Jabhat al-Nosra et les milices sunnites locales a permis la prise d’une importante base de l’armée syrienne, à proximité de l’axe stratégique Deraa-Damas.
Les rebelles se dirigent maintenant vers l’est, en direction du Djabal al-Duruz (la montagne des Druzes) et ils contrôlent depuis hier l’aéroport de la région.
Le président Bachar al-Assad, quant à lui, n’a pas donné suite à l’appel à l’aide lancé par les Druzes de Syrie et du Liban. Il préfère apparemment préserver ses forcespour protéger la capitale Damas et le nord-ouest de son pays où vivent de nombreux membres de sa famille et la majorité de la communauté alaouite dont il est issu.
Persécution des Druzes dans les régions contrôlées par les rebelles
L’organisation djihadiste Al-Nosra, affiliée à Al-Qaïda, a massacré 20 villageois druzes dans le nord-ouest de la Syrie, a indiqué jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
La tuerie s’est produite mercredi dans le village de Qalb Loze, dans la province d’Idlib où le Front Al-Nosra et d’autres groupes rebelles parviennent à repousser les forces gouvernementales depuis plusieurs mois.
Le massacre aurait débuté après une altercation entre un habitant du village ayant combattu avec l’armée du président Assad et un membre d’Al-Nosra venu lui saisir sa maison.
Des personnes âgées et au moins un enfant figurent parmi les morts, ainsi qu’un djihadiste d’Al-Nosra, ajoute l’OSDH.
Le mois dernier, le chef du groupe al-Nosra, Abou Mohamed al-Julani avait confié à la chaîne qatrarie al-Jazeera que les Druzes ne seraient pas inquiétés, ajoutant néanmoins avoir envoyé des émissaires dans leurs villages pour « les informer des pièges doctrinaux dans lesquels ils sont tombés ».
Mais selon des informations en provenance d’Idleb, des Druzes seraient victimes de persécutions religieuses par al-Nosra. Plusieurs centaines d’entre eux auraient été forcés à se convertir à l’islam sunnite. Les rebelles d’al-Nosra auraient également, selon des témoignages locaux, profané des tombes et endommagé des sanctuaires de la communauté druze.
La religion druze, issue de l’islam, est considérée comme hérétique par l’école rigoriste sunnite défendue par Al-Qaïda et l’Etat islamique.