A l’issue d’un procès sans aveux ni informations tangibles, l’avocat général Pascal Chaux a requis 20 ans de réclusion à l’encontre de Sylvain Jouanneau, pour l’enlèvement et la séquestration en 2011 de son fils Mathis, alors âgé de 8 ans, et dont on ne sait toujours pas ce qu’il est devenu.
Au terme d’un procès de quatre jours devant les assises de Caen, le parquet a requis 20 ans de prison ferme à l’encontre de Sylvain Jouanneau, pour l’enlèvement et la séquestration de son fils Mathis, 8 ans, disparu depuis 2011.
Principal suspect d’un procès qualifié de « lourd » par l’avocat général, Sylvain Jouanneau n’a donné aucun élément tangible sur le sort de son fils. Malgré tout dans son réquisitoire, Pascal Chaux a évoqué des « faits odieux (…) d’autant plus inexplicables que l’accusé venait de voir ses droits de père rétablis ».
L’accusé, a-t-il poursuivi, a fait subir « des violences peut-être pas physiques, mais psychologiques, une emprise » à son fils. « Dans quelques jours, Mathis devrait fêter son anniversaire. Est-ce qu’il pourra le faire ? S’il peut le faire, il le fera seul, isolé« .
Le 4 septembre 2011, Sylvain Jouanneau, un maçon au casier judiciaire vide, aurait dû remettre Mathis à sa mère Nathalie Barré, dont il est divorcé depuis 2010. Mais il ne l’a jamais fait. Il a été arrêté trois mois plus tard près d’Avignon.
Converti à l’islam sous une autre identité
Mutique depuis lundi, Sylvain Jouanneau a affirmé avoir confié l’enfant à des personnes vivant à l’étranger, sans plus de précision malgré les maintes tentatives des avocats et de la présidente de lui faire avouer les faits. Tout juste a-t-il ajouté que Mathis allait « bien« , qu’il ne l’avait « pas tué« , qu’il se serait converti à l’islam et vivrait sous une autre identité. Des informations invérifiables à ce stade de l’enquête.
L’accusé a été placé à de nombreuses reprises face à ses contradictions au cours de ces trois jours. Son refus de révéler où est Mathis cause des souffrances, autant à son ex-femme qu’à sa propre famille, parents, frère et soeur. Une situation qu’il semble gérer avec beaucoup de calme et de sang-froid.
« Il nous enfume »
Mercredi, l’avant-dernière journée d’audience a été tendue. Une journée au cours de laquelle Sylvain Jouanneau est arrivé le point levé en signe de combat, devenant particulièrement virulent à l’égard de son ancienne épouse, qu’il accuse de vouloir se faire passer pour une victime. Nathalie Barré qui a quitté la salle en larmes, épuisée, comme tous les proches de Mathis, y compris la propre famille de l’accusé, écoeurée, consternée et désespérée. Sylvain Jouanneau, lui, est reparti avec le sourire.
Ce jeudi à la barre, l’avocate de la mère de Mathis Me Aline Lebret a évoqué une mascarade. « C’est du vent. Il nous enfume (…) j’ai peur pour la vie » de l’enfant, a-t-elle ajouté.
Jeudi-après-midi, ce sera au tour de la défense de plaider devant la cour, qui devrait annoncer le verdict dans la soirée. Sylvain Jouanneau encourt jusqu’à 30 ans de prison.