Nancy. Son nom avait fait le tour de la planète, le 8 juin 1993 à Paris : Christian Didier avait éliminé René Bousquet, secrétaire général de la police de Vichy. Originaire de Saint-Dié, le meurtrier avait été condamné à 10 ans de prison en 1995, qu’il avait purgés au centre de détention de Toul.
Depuis, il vivait à Saint-Dié, à son domicile de la rue Joseph-Mengin, où il est décédé jeudi 15 mai, des suites d’une longue maladie, à l’âge de 71 ans.
En 1993, Christian Didier avait abattu René Bousquet, 84 ans, devant la porte de son domicile parisien de cinq balles, justifiant son acte lors de son procès, par son désir de « venger les victimes des meurtriers nazis, tuées à Saint-Dié ».
René Bousquet était un haut fonctionnaire français collaborateur durant l’occupation de la France par les forces armées du Troisième Reich. Son passé avait fini par le rattraper, et l’instruction de son procès pour crimes contre l’humanité était en cours lorsqu’il fut exécuté par le Déodatien. Aussitôt après avoir tué Bousquet, il avait prévenu les journaux parisiens pour une conférence de presse.
Ces dernières années, Christian Didier réclamait sa réhabilitation, sous forme d’un acquittement qu’il estimait mériter « pour avoir sauvé l’honneur de la France en abattant René Bousquet, responsable de la livraison de 80.000 juifs de France, déportés et assassinés dans les camps de concentration ».
À Saint-Dié, ceux qui l’ont connu le croisaient parfois se promenant seul en ville. Christian Didier avait exercé plusieurs métiers dans la ville où sa mère avait, longtemps, tenu un salon de coiffure. Féru de lecture, il était l’auteur de trois ouvrages, dont un paru à compte d’auteur (La balade d’Early Bird) en 1985.
En 2013, le Déodatien avait entamé des poursuites en diffamation contre l’écrivain Alain Minc pour son ouvrage « L’homme aux deux visages ».
Lors de son procès devant la cour d’assises de Paris en 1995 où il fut défendu par Arnaud Montebourg, jeune avocat commis d’office, la municipalité de Saint-Dié de l’époque avait appelé à une relative clémence des jurés.
Ses obsèques seront célébrées demain à 10 h 30 en l’église Notre-Dame de Galilée à Saint-Dié.
Paix a son âme.
Que dieu le reconnaisse parmi les justes.