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Israël : la ministre de la Justice sous le feu de critiques sexistes

«Finalement, nous avons une ministre de la Justice qui pourrait apparaître dans un calendrier de garagiste». Cette phrase  du député de la Knesset, Joseph Paritsky, à l’encontre de la toute nouvelle ministre israélienne de la Justice Ayelet Shaked n’est que la partie la plus voyante du flot de commentaires sexistes qui a accompagné la nomination de la jolie brune de 39 ans au cabinet de Benjamin Netanyahou, le 6 mai dernier. Dans le flot de commentaires, certains journaux populaires regrettaient aussi de ne pas l’avoir vue sans ses vêtements lors des célébrations récentes de son 39e anniversaire dans un hôtel de Tel Aviv…

Un tel déferlement de sexisme que même les plus farouches opposantes de cette femme politique issue de la droite dure israélienne , ancienne directrice de cabinet de «Bibi» Netanyahou, lorsque’il était dans l’opposition, l’ont défendu.

Zehava Galon, la leader du Meretz, historique parti de la gauche israélienne est même venue à sa rescousse. La femme politique farouche opposante au gouvernement de Netanyahou, a déclaré sur Facebook qu’elle était «fatiguée de tous les commentaires misogynes et sexistes sur Ayelet Shaked.»

«Shaked est une politicienne intelligente et travailleuse avec des vues antidémocratiques et nationalistes. Je ne l’épargnerai pas lorsqu’elle profite de son poste pour endommager notre système légal, mais je n’ai aucune intention de rester silencieuse quand tous les  jours quelqu’un pollue l’arène publique avec des déclarations insultantes à son encontre.» Ces critiques«envoient un message aux femmes et aux filles à quel point cela n’a pas d’importance qu’elles réussissent, et ce même quand elles se voient attribuer un poste ministériel supérieur dans le gouvernement – on les jugera tout d’abord sur leur apparence physique … » a souligné la fervente militante de gauche.

«J’ai l’intention de résister à Ayelet Shaked dans chaque effort qu’elle fera pour affaiblir la Cour suprême et nuire à la démocratie israélienne. Mais quand il s’agira de la façon dont elle est traitée comme femme ou qu’il s’agira de remarques qui visent à la diminuer et à l’insulter qu’elle devra endurer, je serai debout à côté d’elle.» a martelé Zehava Galon.

Il faut dire que la personnalité d’Ayelet Shaked ne fait pas l’unanimité dans son pays et encore moins en Palestine. Cette pasionaria de la droite israélienne s’est faite remarquer à plusieurs reprises par ses prises de position violemment anti-palestiniennes. Durant l’opération israélienne à Gaza, en juillet 2014, elle a publié sur sa page Facebook un post déclarant que « l’ensemble du peuple palestinien est l’ennemi d’Israël » et justifiant ainsi « sa destruction, y compris ses vieillards, ses femmes, ses villes et ses villages, ses propriétés et ses infrastructures» . Elle a par la suite retiré ce texte et démenti avoir appelé au génocide. Les pro-palestiniens ne font référence à elle qu’avec l’adjectif «génocidaire»… Ayelet Shaked dont le programme politique est clair va également oeuvrer  pour favoriser une législation limitant les activités des ONG de gauche luttant contre l’occupation. Pas de quoi la rendre populaire à Gaza ou Hebron.

Brouillée avec Netanyahou 

Celle qui est la n°3 du parti «Foyer juif» du très nationaliste Naftali Bennett, a  réalisé son rêve en décrochant le ministère de la Justice au terme de l’accord politique du 6 mai dernier qui a permis la constituition du gouvernement.  En dot de ce mariage forcé, elle a également récupéré la présidence de la commission ministérielle des lois, où elle pourra décider quel texte sera soumis au vote de la Knesset. Une ironie pour celle qui avec Bennett avait promis la chute de Netanyahou et de sa femme Sara, après sa démission du cabinet en 2008. Un Netanyahou qui a ostensiblement refusé de lui serrer la main lors de sa récente nomination…

Autre marotte de cette politicienne très religieuse : la commission de nomination des juges dont elle veut changer la composition.Objectif : affaiblir la cour suprême qui a également la fonction d’une cour constitutionnelle. Ces juges ont, à plusieurs reprises, annulé des lois portant atteinte aux droits de l’homme ou à la liberté d’expression. Si la nouvelle ministre parvient à ses fins, il faudra une cour unanime de 9 juges pour retoquer un texte voté par la Knesset. Elle entend également promouvoir le projet de loi cher à Benjamin Netanyahu redéfinissant Israël comme « l’État nation du peuple juif ». Un symbole politiquement explosif des deux côtés de la frontière israélo-palestinienne.

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