Le Président Obama prétend être un vrai démocrate mais sa conduite à l’égard du Premier ministre Nétanyahou donne dans le pathétique et le mélodrame. C’est clair, elle est contraire aux règles du franc-jeu, le fameux fair-play américain.
Obama a déjà déçu en refusant de recevoir Nétanyahou à la Maison Blanche sous prétexte de « la campagne électorale » (sic). Mais après l’éclatante victoire du Premier ministre, n’est-il pas stupéfiant de sa part d’hésiter durant plus de 48 heures avant de décrocher le combiné et de féliciter le gagnant, le représentant du seul Etat démocratique du Moyen-Orient, son fidèle allié stratégique ? Sa déception est vraiment si grande de ne pas voir un candidat de gauche gagner ces élections ? La victoire de Bibi est-elle si catastrophique pour l’Amérique ?
Pourtant, Obama s’était précipité pour féliciter trois « grands démocrates » de la planète : Morsi l’Egyptien, Rohani l’Iranien et Erdogan le Turc, et ce, moins de 24 heures après leur victoire…
Comment peut-il intervenir ainsi dans nos affaires intérieures et préférer tel candidat ? Imaginons le contraire. Pourquoi critiquer la démocratie israélienne parce que Nétanyahou a lancé le jour du vote un appel pressant à ses militants en s’alarmant de la ruée vers les urnes dans le secteur arabe ? Nous n’avons pas entendu Obama se prononcer contre ceux qui s’alarmaient contre « un vote massif de colons juifs ». Ni non plus quand les dirigeants du parti arabe unifié ont osé nous comparer à Daesh, l’organisation de l’Etat islamique…
Mais bon sang quelle mouche le pique à chaque fois ? Pourquoi se tient-il toujours en garde ? Pourquoi suscite-t-il de la méfiance ? Lance-t-il des avertissements directs et indirects ? Menace-t-il de sanctions et de boycottage, tandis qu’il s’apprête à les lever pour un Etat voyou comme l’Iran ou à négocier avec le boucher de Damas ?
La puissance américaine semble perdre la face sur plusieurs fronts. Et puis, elle est mal placée pour nous donner des leçons de morale quand naguère elle a pratiqué l’esclavage et durant deux siècles la ségrégation et la mise à l’écart des Afro-Américains. Obama oublie-t-il qu’il est le premier « président noir » depuis George Washington ? Rappelons-lui que nous sommes les seuls démocrates de toute la région et, pour preuve, nous avons désigné un juge arabe pour superviser ces élections. Nous permettons aussi à des dirigeants arabes de siéger librement à la Knesset en dépit du fait que nous entendons chez eux des discours haineux et révoltants contre l’existence même de l’Etat juif. Obama a-t-il condamné leurs propos ou la députée Zoabi pour ses diatribes et ses activités ignobles ?
La conduite d’Obama est d’autant plus étonnante qu’il refuse d’admettre qu’un dirigeant de la droite israélienne soit plébiscité pour la quatrième fois. Ce comportement injustifié et hypocrite rappelle une querelle enfantine.
Certes, Nétanyahou a commis certaines maladresses et volte-face. Et alors ? Lui, Obama n’a-t-il pas fait des erreurs ? Si nous devions énumérer les fautes et les bévues de chacun nous pourrions affirmer que sa liste est beaucoup plus longue. Soyons sérieux et cessons de part et d’autre la rhétorique inutile ! Revenons à la réalité sur le terrain, au réalisme, à la Realpolitik.
Barack Obama se berce d’illusions en croyant changer la face du monde. Le lauréat du Nobel de la Paix ne pourra transformer des faucons en colombes ni des terroristes en pacifistes en dépit de ses bonnes intentions et d’une sincère naïveté romantique.
Hélas, force est de constater que ses propos contre Nétanyahou encouragent les Ayatollahs à poursuivre leur projet nucléaire et n’écartent pas les saboteurs de la paix dans le monde arabe. Ils affaiblissent Israël, le mettent au pilori et, de surcroît, rendent plus vulnérables les intérêts américains et le rôle d’influence des Etats-Unis au Moyen-Orient.
La révision de la politique américaine est donc nécessaire, mais non pas pour punir l’Etat Juif sur la question palestinienne ni refuser d’imposer un veto au Conseil de sécurité de l’ONU. Washington devrait, au contraire et tout naturellement, tourner la page et renforcer ses relations amicales et stratégiques avec Jérusalem. Dans la jungle du Proche-Orient seul Israël, avec tous ses « défauts », demeure un allié fidèle et partage avec les Américains des valeurs universelles.
Bien entendu, nous devrions également faire des gestes de bonne volonté et Nétanyahou devrait présenter un gouvernement stable, capable de mener une politique claire et limpide, et déclarer sans ambages que nous souhaitons toujours aboutir à un règlement avec les Palestiniens.
Cependant, dans la même veine, nous devrions aussi affirmer que Mahmoud Abbas refuse tout compromis comme son prédécesseur Arafat. Il souhaite comme lui le retrait de tous les Territoires et au-delà. Abbas demande au Conseil de sécurité de lui offrir un Etat sur un plateau d’argent, clé en main. Il exige que la Haute Cour de Justice de la Haye condamne des soldats israéliens pour « crime contre l’Humanité ». Comment ne pas être encouragé dans ce sens par Obama et les Européens ?
Enfin, il est fort regrettable de constater que la Gauche israélienne et avec elle de nombreux éditorialistes refusent toujours d’admettre l’échec. Une fois encore, ils critiquent violemment Nétanyahou en justifiant la conduite d’Obama et les démarches européennes, comme si Nétanyahou ne dirigeait que la moitié d’Israël.
Certains intellectuels et journalistes, prétendant tenir le monopole de la vérité historique, ont aussi le culot de dire qu’ils préféreraient « changer le peuple » ou partir vivre à l’étranger… Incroyable mais vrai ! Fort heureusement, ils ne représentent qu’un nombre infime qui ne compte pas.
Ces charlatans de la pensée unique ne briseront jamais le magnifique rêve sioniste.
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