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Netanyahu triomphe sous les regards d’une communauté internationale tendue

Netanyahou-au-Congrès-21Benjamin Netanyahu a obtenu une éclatante
victoire aux élections législatives, s’assurant pratiquement un troisième
mandat consécutif comme dirigeant d’Israël dans un contexte de tensions avec
les Palestiniens et de désaccords avec l’administration américaine.
C’est à un homme qui vient d’enterrer l’idée d’un Etat palestinien et qui a
défié l’autorité du président Barack Obama sur l’Iran que la communauté
internationale va avoir affaire pour encore un moment.
M. Netanyahu, au pouvoir depuis 2009 mais donné battu par les sondages, a
fourni une nouvelle démonstration de sa capacité à affronter les vents
contraires en sortant grand vainqueur des élections de mardi annoncées comme
un référendum pour ou contre lui.
A 65 ans, l’homme fort de la droite est pratiquement assuré d’être appelé
par le président Reuven Rivlin à assumer son troisième mandat consécutif, son
quatrième en comptant celui de 1996-1999.
Avec lui, la direction palestinienne, les Etats-Unis et la communauté
internationale vont donc se retrouver a priori avec un futur chef de
gouvernement qu’ils connaissent bien et avec lequel les relations se sont
dégradées.
La campagne n’a pas contribué à les améliorer. Face aux sondages
défavorables, et pour rallier les déçus et les indécis, M. Netanyahu a fait
monter les enchères lundi en déclarant que les Palestiniens n’auraient pas
l’Etat auxquels ils aspirent avec lui au gouvernement.

– « Un vrai leader », selon Jeb Bush –

Un autre temps fort de la campagne de M. Netanyahu a été l’exceptionnel
acte de défi qu’a représenté le 3 mars son discours au Congrès américain. A
l’invitation des adversaires républicains de M. Obama, il est allé y dire tout
le mal qu’il pensait de l’accord nucléaire en négociation avec l’Iran.
Les républicains étaient les premiers aux Etats-Unis à lui tirer leur
chapeau. Voilà « un vrai leader qui continuera à assurer la sécurité et la
force d’Israël », a écrit Jeb Bush, candidat quasi-officiel à la Maison
Blanche, sur Twitter.
Aussitôt après avoir pris connaissance des premiers résultats des élections
israéliennes, les Palestiniens ont prévenu qu’ils intensifieraient leurs
efforts contre Israël sur la scène diplomatique et à la Cour pénale
internationale, devant laquelle il compte poursuivre les dirigeants israéliens
pour crimes de guerre.
En choisissant M. Netanyahu, Israël « a choisi la voie du racisme, de
l’occupation et de la colonisation, et pas la voie des négociations », a dit
Yasser Abed Rabbo, secrétaire général de l’Organisation de libération de la
Palestine (OLP).
La poursuite de l’occupation et de la colonisation, l’absence totale de
perspective de reprise des efforts pour résoudre le conflit
israélo-palestinien exaspèrent aussi les Européens. La pression va
s’amplifiant en Europe pour une reconnaissance de l’Etat palestinien et des
sanctions contre Israël.

– L’UE réclame de l’audace –

Dans son message de félicitations, la chef de la diplomatie de l’UE,
Federica Mogherini, a appelé M. Netanyahu à un « leadership audacieux » pour
relancer les efforts de paix.
M. Netanyahu va devoir décider s’il forme un gouvernement très à droite ou
plus modéré pour faire face à cette multitude de défis, auxquels s’ajoutent
les menaces sécuritaires ou les attentes économiques et sociales.
En regroupant autour du Likoud, son parti conservateur, les formations
nationalistes et ultra-orthodoxes ainsi que le parti à vocation sociale du
nouveau venu Moshé Kahlon, M. Netanyahu forgerait une alliance a priori
solide, forte de plus ou moins 67 sièges sur 120, selon les résultats
quasiment définitifs.
Les experts ont cependant conjecturé sur la possibilité d’un gouvernement
d’union nationale avec les travaillistes parce qu’après les élections, l’heure
serait peut-être venue d’arrondir les angles.
L’adversaire travailliste de M. Netanyahu, Isaac Herzog, et son alliée
centriste Tzipi Livni ont signifié qu’un tel projet semblait mort-né.
« L’opposition est la seule option réaliste que nous ayons », a dit M. Herzog
lors d’une réunion avec les membres de son alliance à Tel-Aviv.
Pour Emmanuel Navon, professeur de relations internationales, « un
gouvernement d’union nationale, c’est exclu » car « M. Netanyahu n’en a pas
besoin ».

– ‘Dans deux à trois semaines’ –

M. Netanyahu n’a pas dévoilé ses plans. Sa principale apparition publique
dans la peau du vainqueur mercredi, il l’a symboliquement réservée au mur des
Lamentations, haut lieu du judaïsme à Jérusalem. Il a rituellement placé un
voeu en papier entre les pierres, avant de promettre de tout faire pour « la
sécurité et la prospérité » des Israéliens.
Il « a l’intention de se mettre immédiatement à la formation du gouvernement
afin d’achever cette tâche dans un délai de deux à trois semaines » et a
commencé les consultations avec les chefs de partis, selon le Likoud.
Il avait fallu huit semaines en 2013.
Les résultats quasiment définitifs transposés en sièges par les médias
accordent 30 sièges au Likoud, 8 de plus que ne lui en prédisaient les
derniers sondages et 10 de plus que dans la Knesset sortante. La liste Union
sioniste de M. Herzog, en obtient 24.
Pour l’expert Emmanuel Navon, M. Netanyahu a réussi son tour de force aux
dépens des petits partis de droite et du centre droit. « Il a réussi à créer la
panique chez leurs électeurs en jouant du danger d’un gouvernement
travailliste ».
jlr-lal/tp

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