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Le dilemme des partis arabes israéliens: jusqu’où s’opposer au prochain gouvernement

lauLes partis arabes israéliens ont déjà réussi un exploit en présentant pour la première fois de leur histoire une liste commune aux législatives de mardi.

Ils comptent en réaliser un second en engrangeant assez de voix pour être la troisième force au Parlement.
Il faudra peut-être des semaines pour connaître le nom du prochain Premier ministre et son gouvernement.

Une chose est sûre: aucun ministre n’en sera
issu des partis arabes israéliens.

La question pour la liste commune des
partis arabes est de savoir si ses députés soutiendront une coalition
gouvernementale ou s’en tiendront aux bancs de l’opposition.
Cette année, les partis arabes israéliens en sont sûrs, on ne pourra plus
compter sans eux. Ils tablent sur 15 députés. Les sondages leur en accordent
13, faisant d’eux la troisième force du 20ème Parlement.
Mais la vraie question se posera après le scrutin, quand les tractations
pour former une coalition — passage obligé dans le système israélien de
proportionnelle intégrale — débuteront pour de bon.

– Les travaillistes, alliés naturels? –
L’allié naturel des Arabes israéliens, pour les commentateurs, c’est la
coalition de centre gauche Union sioniste, emmenée par le travailliste Isaac
Herzog et donnée en tête par les sondages. Mais la liste arabe — qui
rassemble communistes, islamistes et nationalistes arabes aux vues souvent
diamétralement opposées — préfère laisser planer le suspense sur ses
intentions, au-delà de sa non-participation annoncée au gouvernement.
« Les Israéliens ne veulent pas d’Arabes au sein du gouvernement », affirme
le chercheur Ass al-Atrach. M. Herzog s’est bien gardé de faire publiquement
des appels du pied aux partis arabes israéliens, car ce serait, estiment les
observateurs, prêter le flanc à plus d’accusations de la droite qui dénonce
déjà l’Union sioniste comme le « parti de l’étranger ».
Mais, poursuit M. Atrach, « les Arabes non plus ne veulent pas aller au
gouvernement pour éviter les cas de conscience ». « Que feraient-ils si le
gouvernement prenait une décision sensible concernant les Palestiniens ou
déclarait la guerre à Gaza ou au Liban ? »
Tous ont été échaudés par le précédent Ehud Barak. Un travailliste pour
lequel 95% des Arabes israéliens avaient voté en 1999, rappelle Oussama
al-Saadi, 12ème sur la liste commune. Sous son mandat, Israël a réprimé la
deuxième Intifada jusque parmi les Arabes israéliens, les descendants des
Palestiniens qui sont restés sur leur terre à la création d’Israël en 1948 et
qui représentent aujourd’hui un Israélien sur cinq.
La colonisation a atteint sous M. Barak en 2000 un pic jamais égalé ensuite.
« Cette fois-ci, promet-il, personne ne pourra nous avoir. On veut des
résultats, on ne s’engagera sur rien sans des actes concrets ». L’idée,
expliquent les candidats, c’est d’être « une force pour faire barrage », un
« levier d’influence ».

– ‘Attendons les résultats’ –
Une fois les résultats connus, reconnaît M. Saadi, il faudra choisir:
soutenir une coalition — lui assurer les 61 sièges nécessaires pour former un
gouvernement et lui apporter ses voix en cas de motion de censure sans
toutefois y envoyer de ministre — ou se contenter d’être une force
d’opposition. Au moment de décider, l’union sacrée formée pour la campagne
tiendra ou explosera.
« Attendons de voir les résultats et nous verrons si nous pouvons avoir une
majorité de 61 députés avec Herzog, Yesh Atid, le Meretz et d’autres et
empêcher Netanyahu de former un nouveau gouvernement », dit M. Saadi. L’Union
sioniste est créditée de 25 à 26 sièges, Yesh Atid (centre), de 12 et Meretz
(gauche), de cinq.
Au sein de la liste commune la consigne est claire: pas d’alliance avec
ceux qui voudraient lancer une guerre contre les Palestiniens ou soutenir
l’occupation de leurs Territoires. Des autres partis, aucun ne prévoit de
rendre Jérusalem-Est aux Palestiniens ni même de démanteler les colonies.
Quant à ceux qui envisagent un hypothétique accord de paix, ils plaident, à
l’image de l’Union sioniste, pour un Etat palestinien démilitarisé.
La tête de liste des Arabes israéliens, Ayman Odeh, table, lui, sur un
gouvernement d’union nationale rassemblant l’Union sioniste, et à droite, le
Likoud de M. Netanyahu. Une fois ces deux poids lourds au gouvernement, les
leaders de la liste arabe l’assurent: ils seront la première force
d’opposition.
Dans ce cas, prédit M. Atrach, « leur poids et leur influence vont largement
augmenter », notamment parce qu’ils accèderont à la présidence de commissions
parlementaires et qu’à « chaque décision cruciale, la loi veut que le chef de
la majorité expose son projet au chef de l’opposition ».
mab/sbh/lal/hj

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