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Vote juif en faveur du FN: «Il a beaucoup progressé», même «s’il reste minoritaire»

vote1INTERVIEW Jérôme Fourquet, directeur à l’Ifop, revient sur les déclarations du président du Crif sur l’attrait du FN auprès des électeurs juifs…

Interrogé sur l’attrait du Front national exercé auprès d’électeurs de confession juive, Roger Cukierman, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), a jugé lundi matin sur Europe 1 que «c’est extrêmement minoritaire». Les études à propos d’un «vote juif» sont rares. Selon une étude de l’Ifop pour Atlantico publiée en septembre 2014, Marine Le Pen récoltait 13,5% du vote juif quand son père Jean-Marie Le Pen ne recueillait que 4,4% en 2007. Eléments d’analyse avec Jérôme Fourquet, directeur du département «Opinion et Stratégies d’entreprise» à l’Ifop.

Y a-t-il une évolution dans le vote des électeurs juifs?

Tout d’abord, une remarque: comptabiliser les voix d’une communauté juive numériquement très faible est un travail au long cours, et nous avons multiplié les études sur plusieurs années pour définir des votes juifs, et non un seul vote juif.

Ce que l’on peut remarquer, c’est que ces votes, majoritairement à gauche dans les années 1970, se sont droitisés au début des années 2000, lors de l’éclatement de la seconde Intifada dans les territoires palestiniens.

En France, les actes antisémites se sont multipliés sans que la gauche ne réagisse. Ce sentiment d’abandon, par la gauche, est donc ancien. Nicolas Sarkozy, par sa politique sécuritaire et pro-israélienne, s’est engouffré dans cette brèche dès 2002, et il capte majoritairement ces votes juifs. Quant au vote pour le FN, s’il reste minoritaire parmi les électeurs juifs et inférieur au reste de la population, il a beaucoup progressé.

Comment cette évolution s’est-elle produite?

Il y a eu plusieurs facteurs. J’ai parlé du sentiment d’abandon de la gauche. Il y a aussi le développement du sentiment d’insécurité et des actes antisémites, produits par une petite partie de musulmans. De l’autre côté, il y a le changement de personnalité à la tête du Front national, avec l’arrivée de Marine Le Pen en 2011. Dans ses discours, elle se débarrasse des relents antisémites de son père. Elle évoque un «péril islamiste», défend la Ligue de défense juive…

Il y a une convergence entre cette droitisation de l’électorat juif et le discours porté par le FN. Un verrou saute.

Vous pensez que cette tendance va s’amplifier?

Oui, cela va s’amplifier.

Regardez ce qui s’est passé depuis 2012. En septembre 2012, une grenade est lancée contre une épicerie casher de Sarcelles. Durant l’été 2014, lors de la guerre entre Israël et Gaza, il y a des débordements et des actes antisémites en marge de manifestations pro-palestiniennes. Début décembre 2014, à Créteil, un couple est violemment agressé à Créteil, car il est juif. En janvier 2015, il y a l’attaque de l’hyper casher à Vincennes. Sans oublier les attaques de Mohamed Merah, Mehdi Nemmouche… Aujourd’hui, des militaires surveillent les synagogues et les écoles juives.

Le traumatisme est énorme dans une communauté effrayée de voir qu’elle est en première ligne et que les agressions antisémites reçoivent moins d’échos que lors de l’attaque contre Charlie Hebdo.

Quelles sont donc les réactions?

J’ai parlé d’une progression du vote en faveur du Front national, même s’il reste minoritaire. Ce vote concerne des personnes qui ont encore confiance dans le pays. C’est sans compter ceux qui n’ont plus confiance, et choisissent de partir pour Israël, en faisant l’aliyah. Les chiffres de ces départs se sont multipliés, alors que les dossiers prennent un à deux ans. Ce qui veut dire qu’avec les événements des derniers mois, on peut s’attendre à des départs encore plus importants dans les années à venir.

 

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