Le soutien à Israël en forte baisse chez les démocrates, peur de dommages sur le long terme (sondage)
Deux hauts responsables américains ont invité lundi le Premier ministre israélien à une réunion à huis clos avec les sénateurs démocrates, lors de sa prochaine visite à Washington.
Ils ont cependant averti Benyamin Netanyahou que donner une dimension politique partisane aux relations israélo-américaines pourrait avoir des répercussions durables, dans une lettre obtenue par Reuters.
L’invitation des sénateurs démocrates Richard Durbin et Dianne Feinstein a pour but de « maintenir le dialogue entre Israël et les deux partis au Congrès », précise encore la missive.
Netanyahou fait face à une critique acerbe, aussi bien en Israël qu’à l’étranger, concernant sa décision de prononcer un discours devant le Congrès américain le 3 mars prochain, deux semaines avant les élections israéliennes. Il a accepté une invitation du Président de la Chambre des représentants (républicain), qui n’a ni consulté les démocrates du Congrès, ni l’administration à la Maison Blanche au préalable.
« Cette approche menace les relations bipartisanes que les Etats-Unis entretiennent avec Israël, ce qui nous – supporteurs d’Israël – inquiète beaucoup », écrivent encore Durbin et Feinstein.
« Ce geste sans précédent sacrifie en outre la coopération profonde entre les Etats-Unis et Israël, pour quelques points partisans à court terme. Il s’agit là de quelque chose qui ne devrait jamais être fait, pour la sécurité d’Israël », peut-on lire dans la lettre.
Conséquences graves, à long terme
Si le niveau de soutien du public américain reste très fort vis-à-vis d’Israël, un sondage publié par Gallup lundi révèle cependant que le différend entre Netanyahou et Obama a des conséquences néfastes.
Le pourcentage de démocrates se disant favorable à l’Etat hébreu est passé de 74% l’an passé, à 60% cette année.
Pour Frank Luntz, professeur spécialisé dans l’image d’Israël, les dommages causés par cette dispute pourraient nuire à Israël sur le long terme.
Luntz, qui a enseigné durant 13 ans dans les meilleures universités américaines, a mené des entretiens avec plus de 800 étudiants sur 60 des campus les plus prestigieux, dont Harvard ou Cornell.
Il a constaté que 37% des étudiants voient l’antisémitisme comme un problème sur leur campus, un tiers pensent que leur campus est hostile à Israël et un quart estime que la situation pour les étudiants Juifs sur leur campus s’aggrave.
« Le public américain soutient la politique israélienne, en particulier celle sur l’Iran, mais pas le style avec lequel elle est communiquée aux États-Unis », a déclaré Luntz au Jerusalem Post.
« Le gouvernement israélien et ses élites doivent comprendre que la division croissante avec Washington pourrait avoir des conséquences terribles sur ce que les Américains pensent d’Israël », a-t-il encore averti.
« Nous ne pourrons peut-être pas être en mesure de compter sur la prochaine génération de dirigeants américains, a conclu le professeur.
I24 NEWS