L’ambassadeur d’Israël a transformé une question offensante accusant les juifs de la montée de l’antisémitisme en des termes que l’animatrice de radio pouvait comprendre: iriez-vous blâmer une femme pour le viol dont elle est victime?
Image à la Une : Isaac Bachman, l’ambassadeur d’Israël en Suède. Crédit photo: Facebook
L’Ambassadeur d’Israël en Suède, Isaac Bachman, était très heureux de recevoir une demande d’interview de la radio publique suédoise, Sveriges. L’entretien a eu lieu mardi 17 février sur le thème de l’antisémitisme en Europe. Il a bien failli provoquer un tollé national mais le diplomate a habilement transformé le citron pourri en délicieuse limonade.
« Il n’est pas dans les habitudes des médias d’inviter des représentants officiels d’Israël, des gens qui peuvent effectivement parler au nom de l’Etat », a déclaré l’ambassadeur Bachman à The Jewish Press au cours d’une entrevue téléphonique mercredi soir, 18 février.
«Je suis allé au studio, sachant que parmi les sujets abordés il y aurait les récentes attaques terroristes dans lesquelles les juifs ont été visés et tués à Paris et Copenhague, ainsi que l’appel à l’Aliyah pour les juifs [européens] du Premier ministre Netanyahu» a-t-il dit.
Helena Groll, la journaliste suédoise, a commencé l’interview en demandant à Bachman ce qu’il pensait de l’appel de Netanyahu aux juifs de quitter l’Europe.
« J’ai expliqué que l’Aliyah ne faisait pas partie de mon travail ici, ni avant les tragédies de Paris et Copenhague, ni après. Mon travail n’est pas de convaincre la population juive de déménager vers Israël, » a dit Bachman à The Jewish Press, » Je lui ai dit que les gens savent que l’Aliyah est une option valable, qui existe et qui est ouverte à eux à tout moment « .
La question suivante de Groll était beaucoup plus problématique.
La journaliste suédoise a demandé à l’ambassadeur d’Israël: « Les juifs eux-mêmes n’ont-ils pas une responsabilité dans la montée de l’antisémitisme auquel nous assistons maintenant? »
« Ma réponse? », a déclaré Bachman, « Je lui ai dit ‘je rejette complètement cette question’. »
« Mais elle n’a pas saisi sa chance pour passer à autre chose », a déclaré Bachman. « Elle n’a pas réussi à saisir cette occasion pour faire machine arrière. »
En effet, Groll continuait de l’interpeler, « pourquoi? » et Bachman a répondu « Il n’y a pas de place ici pour une telle question. »
Comme Groll poursuivait et coupait la parole à Bachman, en lui demandant : « Dites-moi donc, explorez avec moi pourquoi c’est une question de … » Bachman finalement la fit taire, en mettant la situation en termes plus compréhensibles pour elle.
Il a dit-il, pris une voix plus ferme et forte jusqu’à ce Groll, finalement cesse de parler: « C’est poser la question de la pertinence de savoir si une femme contribue à son propre viol. Je ne pense pas qu’il y ait une provocation dans ce que font les Juifs. Ils existent tout simplement. «
Écoutez l’entrevue de radio, puis reprenez votre lecture:
L’ambassadeur a dit qu’après cette partie de l’interview, il est sorti tranquillement, et les entretiens se sont poursuivis avec d’autres participants.
Ce n’est que plus tard, quand des auditeurs suédois ont entendu l’interview, qu’est né un grand buzz.
«Je ne pense pas que la journaliste avait la moindre idée que sa question était problématique,» a dit Bachman à The Jewish Press, « Sa question était le reflet d’un point de vue spécifique, malheureusement, très répandu. »
Selon Bachman, ce qu’il voit en Europe est une fusion de l’ancien style d’antisémitisme européen, qui n’a jamais vraiment complètement disparu sous la couche de vernis, avec une nouvelle forme, moins traditionnelle et plus politique de haine envers Israël.
L’ambassadeur de Suède à dit à The Jewish Press qu’Helena Groll a appelé ce matin et s’est excusée. En réponse à notre question, il a dit qu’il croyait vraiment qu’elle était désormais authentiquement plus consciente de la situation et des dangers de ce genre de question.
Bachman a également dit qu’il était au Parlement suédois hier. Non seulement les gens parlaient de cette interview, a dit Bachman, mais beaucoup se sont approchés de lui pour s’excuser au nom du peuple suédois.
Hanif Bali, un parlementaire suédois et membre de la coalition d’amitié israélo-suédoise au Parlement a publié sur sa page Facebook, à propos de l’interview :
La Radio suédoise Studio A a demandé à l’ambassadeur israélien Isaac Bachman si les Juifs ont une responsabilité dans l’antisémitisme. Dégoûtant et méprisable.
Que les Juifs portent la responsabilité de l’antisémitisme est l’une des plus anciennes expressions de l’antisémitisme. Bravo, la fonction publique.
Plus de 800 personnes on « aimé » le poste de Bali. Il y a eu plus de 100 partages, et des dizaines de personnes ont commenté.
Pour finir, la station de radio a diffusé une excuse pour la question offensante, expliquant que la question était tout à fait inappropriée en ce qu’elle est « trompeuse et impose la culpabilité à la fois sur des individus et un groupe vulnérable. » L’équipe de direction « sans réserve s’excuse pour la question. » La station a décidé de réviser l’interview afin de ne pas «contribuer à la diffusion de l’offensante audio.»
“Tous les gestionnaires de presse Radio suédois se sont réunis aujourd’hui pour discuter de ce qui s’est passé. Nous supervisons actuellement minutieusement nos routines de rédaction. Nous faisons tout pour éviter l’éventuelle répétition d’une chose semblable à l’avenir ».
L’Ambassadeur Isaac Bachman est le diplomate qu’il faut imiter. Il a refusé de reculer ou de se soumettre à une question offensante, et il a permis de transformer une expérience douloureuse en une expérience d’apprentissage qui a déjà eu un impact sur la compréhension de l’antisémitisme par des Suédois à des postes de responsabilité.
The Jewish Press – 18 février 2015 – Lori Lowenthal Marcus
Traduction Europe Israël
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