Les autorités ont annoncé un renforcement des
mesures de sécurité au Vatican et à travers toute l’Italie, où la crainte
d’attaques terroristes augmente après des menaces de jihadistes.
Au lendemain de l’approbation par le gouvernement italien de mesures de
sécurité supplémentaires, le nouveau chef des Gardes suisses au Vatican a
confirmé que les forces du micro-Etat étaient elles aussi sur le qui-vive.
« Ce qui s’est produit à Paris avec Charlie Hebdo peut se produire aussi au
Vatican, et nous sommes prêts à intervenir pour défendre François », a affirmé
au quotidien « Il Giornale » le commandant de ce corps d’armée de 110 hommes,
chargés avec les 150 membres de la Gendarmerie vaticane la plus moderne de
protéger le pape François.
« Nous demandons à tous les gardes suisses d’être plus attentifs, d’observer
soigneusement les mouvements des personnes », a-t-il ajouté, reconnaissant que
cela ne remplaçait pas le travail en amont d’un service de renseignement.
Le goût du souverain pontife argentin pour les contacts directs ne facilite
pas leur tâche, mais François « n’aime pas quand les gens, et aussi le
personnel de sécurité, sont trop près de lui. Nous respectons cette demande et
restons un peu à distance », a expliqué le commandant.
Parallèlement, le comité de sécurité du gouvernement italien a encore élevé
mardi soir le niveau d’alerte dans le pays et a confirmé une décision annoncée
la semaine dernière de faire passer de 3.000 à 4.800 le nombre de soldats
déployés dans les lieux publics pour tenter de prévenir d’éventuels attentats.
Selon les médias italiens mercredi, le site de l’Exposition universelle,
qui attend des millions de visiteurs à partir du 1er mai, le ministère des
Affaires étrangères, le Vatican et les synagogues à travers le pays figurent
parmi les cibles privilégiées par les jihadistes.
« Le risque d’une attaque menée par un loup solitaire ou un déséquilibré est
concret », a assuré le sénateur Felice Casson, secrétaire de la commission
parlementaire qui supervise les services secrets italiens.
« Plus il y a d’attaques réussies dans d’autres pays, plus il y a de risques
que l’émulation pousse quelqu’un à faire de même en Italie », a-t-il expliqué
au quotidien La Repubblica.
– Protection rapprochée –
Selon ce journal, des journalistes influents et des Juifs connus
bénéficient désormais d’une protection rapprochée, et les ministres peuvent
plus facilement utiliser les avions de l’Etat pour leurs voyages privés.
Depuis les attaques de janvier en France, et surtout depuis l’assassinat de
21 chrétiens égyptiens par des jihadistes se réclamant de l’organisation Etat
islamique (EI) il y a quelques jours dans l’ancienne colonie libyenne, les
rumeurs alarmistes se multiplient en Italie.
Sur la vidéo de l’assassinat des coptes, l’EI fait d’ailleurs valoir que
ses combattants sont « au sud de Rome ».
Des responsables de l’opposition, au premier rang desquels le chef de la
Ligue du Nord, Matteo Salvini, proche de Marine Le Pen (présidente du Front
National, France), ont réclamé que l’Italie cesse de secourir les milliers de
migrants partant de Libye, assurant que des terroristes pouvaient se cacher
parmi eux.
Le gouvernement a répliqué qu’aucun élément ne laissait penser à une telle
tactique de la part de l’EI, et que des mesures de détection étaient en place
dans les procédures d’accueil des migrants.
Et alors que ces arrivées ont encore fortement augmenté en janvier et
février par rapport à la même période en 2014, déjà une année record, une
rumeur affirme que 200.000 Africains sont actuellement prêts à embarquer en
Libye.
Bien qu’aucun élément précis ne vienne l’étayer, cette affirmation est
largement relayée, en particulier par M. Salvini, omniprésent dans les médias.
Le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, a expliqué
mercredi qu’il y avait en Libye des risques « évidents » de fusion entre l’EI et
des milices locales, et que le temps était compté pour une solution politique.
L’Italie ne veut pas partir à « l’aventure » en Libye, mais le gouvernement
est prêt à s’investir fortement dans le désarmement des milices et la
reconstruction d’un appareil d’Etat susceptible de rétablir l’ordre, a-t-il
assuré.
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