Le grand rabbin de Strasbourg,
René Gutman, a dénoncé mardi la « systématisation des destructions » au
cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin) en le faisant visiter à François
Hollande, estimant que les profanateurs des quelque 250 tombes « savaient ce
qu’ils faisaient ».
« On a l’impression que c’est une armée qui est passée », a-t-il remarqué en
visitant le cimetière avec le chef de l’Etat, évoquant « une systématisation de
la destruction ». Les profanateurs « savaient ce qu’ils faisaient », a-t-il
ajouté.
Cinq mineurs, sans antécédents judiciaires, ont été placés en garde à vue
lundi dans cette affaire et étaient toujours entendus en milieu de matinée
mardi par les gendarmes.
Les gardes à vue de deux d’entre eux, interpellés lundi matin, ont été
prolongées de 24 heures.
La cérémonie a revêtu une dimension nationale et transpartisane, François
Hollande étant accompagné des présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale
Gérard Larcher (UMP) et Claude Bartolone (PS).
A l’entrée du cimetière, la cérémonie a commencé par le kaddish, la prière
des morts, et par la prière aux déportés.
François Hollande était accompagné du ministre de l’Intérieur Bernard
Cazeneuve et du secrétaire d’Etat aux Anciens combattants Jean-Marc
Todeschini, ainsi que de l’ambassadeur d’Israël en France Yossi Gal et de
nombreux responsables de la communauté juive française et alsacienne.
Le déplacement du chef de l’Etat est « un signe très fort », a estimé sur
place Sacha Reingewirtz, président de l’Union des étudiants juifs de France
(UEJF).
Cette profanation relève d’une « bêtise extrémiste », a dit M. Reingewirtz.
« Ce que ces jeunes ont fait là, même s’ils n’ont pas conscience de la gravité,
ça veut dire quelque part que les préjugés antisémites viennent s’installer
dans énormément de couches de notre pays », a ajouté.
La profanation, qui remonte à la semaine dernière, avait été découverte
dimanche. Lundi matin, un adolescent de 15 ans et demi s’était présenté à la
gendarmerie de Sarre-Union pour se dénoncer en disant qu’il avait « participé
aux faits » et avait mis en cause quatre camarades âgés de 15 à 17 ans.
Leurs motivations restent floues mais ils sont « sans antécédents
judiciaires » et la justice ne leur connaissait pas « de convictions
idéologiques qui pourraient expliquer leur comportement », avait indiqué lundi
après-midi le procureur de Saverne, Philippe Vannier.
Lors des premiers interrogatoires, ils se sont notamment défendus de toute
intention antisémite et il semble qu’ils aient « considéré le cimetière comme
abandonné », avait précisé le procureur, qui devait s’exprimer à nouveau mardi
en fin d’après-midi sur cette affaire.
Les faits qui leur sont reprochés leur font encourir jusqu’à sept ans
d’emprisonnement.
Quelque 200 lycéens de Sarre-Union ont participé mardi en parallèle à une
marche silencieuse dans les rues de Sarre-Union pour dénoncer l’acte dont sont
soupçonnés leurs camarades en garde à vue, a constaté un journaliste de l’AFP.
Brandissant des pancartes appelant au « respect » et à la « coexistence »
pacifique des religions, ils ont notamment observé une minute de silence
devant la synagogue de ce bourg de 3.000 habitants.
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