Le gouvernement allemand souhaite que les Juifs
vivant en Allemagne continuent d’y vivre, a déclaré lundi la chancelière
Angela Merkel, après l’appel à l’émigration vers Israël lancé par le Premier
ministre Benjamin Netanyahu, au lendemain des attaques de Copenhague.
Interrogé sur le sujet au cours d’une conférence de presse à Berlin, la
chancelière allemande s’est dite « heureuse et reconnaissante » que des Juifs
vivent en Allemagne aujourd’hui, alors que la communauté juive du pays avait
été réduite quasiment à néant après la Seconde Guerre mondiale à la suite de
la Shoah. La communauté juive allemande est en forte expansion depuis la
Réunification, au début des années 90.
« Nous ferons tout pour que la sécurité des institutions juives, la sécurité
des citoyens et citoyennes de confession juive soient assurée », a-t-elle
ajouté.
« Nous voulons tout faire pour que les Juifs restent ici en Allemagne, et
pour qu’ils se sentent bien et en sécurité », a expliqué une porte-parole du
ministère des Affaires étrangères, Sawsan Chebli, résumant la position
allemande.
M. Netanyahu avait appelé dimanche les Juifs européens à venir s’installer
en Israël, à la suite d’un attentat à Copenhague, visant la grande synagogue
de la capitale danoise
La communauté juive allemande compte aujourd’hui plus de 100.000 membres
contre 26.000 seulement en Allemagne de l’Ouest au moment de la chute du Mur
de Berlin en 1989.
Après la chute du Mur, l’Allemagne avait ouvert grand ses portes aux Juifs
venus des républiques d’ex-URSS où ils étaient victimes de discriminations et
interdits d’exercer certaines professions, par exemple. Ils se sont vu
octroyer automatiquement la nationalité allemande.
Dans les années 90, l’immigration des Juifs vers l’Allemagne a été, à
certaines périodes, plus importante que vers Israël.
Comme dans d’autres pays d’Europe, des actes antisémites sont aussi
recensés en Allemagne.
Mais, après les attentats jihadistes à Paris contre l’hebdomadaire
satirique Charlie Hebdo et un supermarché juif, le président du Conseil
central des Juifs d’Allemagne avait assuré que les Juifs n’étaient pas plus en
sécurité en Israël qu’en Europe.
En janvier, Angela Merkel avait jugé « honteux » que des Juifs soient
toujours la cible d’attaques, 70 ans après la libération du camp
d’extermination nazi d’Auschwitz.
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