Paris, 6 fév 2015 (AFP) – Le Conseil d’Etat a validé vendredi la décision
du tribunal administratif de Clermont-Ferrand qui avait autorisé la tenue du
spectacle de Dieudonné, contre l’avis du maire de la ville d’Auvergne où se
trouve la salle.
Le maire de Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Bertrand Pasciuto (PS), avait
pris, lundi, un arrêté interdisant la représentation du spectacle de Dieudonné
M’Bala M’Bala « La bête immonde », prévue vendredi au Zénith à 20H00.
A l’appui de sa décision, il évoquait notamment l’existence, dans le
spectacle, de propos « antisémites », incitant à « la haine et à la
discrimination raciale » et portant « atteinte à la dignité humaine ».
Il mentionnait également un risque de trouble à l’ordre public, compte tenu
du contexte lié aux attentats perpétrés en région parisienne les 7, 8 et 9
janvier.
Le tribunal administratif de Clermont-Ferrand, saisi par Dieudonné, a
suspendu jeudi cet arrêté, mais M. Pasciuto a formé une requête en référé
devant le Conseil d’Etat pour obtenir l’annulation du spectacle, pour lequel
1.800 billets avaient été achetés.
A l’audience vendredi devant la plus haute juridiction de l’ordre
administratif, les conseils de Dieudonné ont rappelé qu’aucun des propos tenus
lors du spectacle n’avait fait l’objet de poursuite pénale et que le spectacle
était joué depuis juin 2014, principalement au théâtre de la Main d’Or, à
Paris.
« Il ne résulte ni des pièces du dossier ni des échanges tenus » à l’audience
devant le tribunal administratif que le spectacle ait suscité, lors des
précédentes représentations, des troubles à l’ordre public « en raison de son
contenu », a observé le juge des référés du Conseil d’Etat, Nicolas Boulouis,
dans son ordonnance.
« Ni le contexte national, ni les éléments de contexte local » ne sont « en
l’espèce, de nature, par eux-mêmes, à créer de tels risques », pas plus que les
diverses condamnations pénales dont a fait l’objet le polémiste, selon
l’ordonnance.
Au sujet du contexte, Me David de Stefano, conseil de Dieudonné, avait
indiqué que le polémiste prévoyait de rendre hommage, lors du spectacle, à
Michel Renaud, personnalité locale tuée lors de l’attentat dans les locaux de
la rédaction de Charlie Hebdo.
« Notre client n’est qu’un humoriste. Ce n’est pas un terroriste », a plaidé
Me de Stefano.