Nice, 4 fév 2015 (AFP) – Les enquêteurs interrogeaient mercredi Moussa
Coulibaly et des membres de sa famille, après l’agression au couteau la veille
de trois militaires en faction devant des institutions juives dans le centre
de Nice.
La section antiterroriste du parquet de Paris et la police judiciaire de
Nice cherchent notamment à déterminer si l’agresseur, récemment refoulé de
Turquie mais muet mardi, savait que les militaires surveillaient le
Consistoire israélite de Nice, Radio Shalom et une association israélite,
installés extrêmement discrètement dans une cour. Seule la publicité
clinquante d’un restaurant indien est visible sur la principale avenue
commerçante de la ville où passe le tramway, lieu de l’agression.
« Cette tentative d’assassinat visait des soldats parce qu’ils étaient des
militaires », a insisté mardi soir Jean-Yves Le Drian, tout comme le ministre
de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, en rendant visite dans leur caserne aux
trois militaires, agressés vers 14H00.
L’enquête, confiée à la sous-direction antiterroriste (SDAT) et à la
direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), porte pour l’instant sur
des faits de « tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise
terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des
crimes d’atteinte aux personnes ». La garde à vue peut durer jusqu’à 96 heures.
Dans l’hôtel Azurea, près de la gare de Nice, où l’agresseur a séjourné
depuis le 29 janvier après son refoulement de Turquie, les enquêteurs ont
trouvé mardi un texte écrit de la main de Moussa Coulibaly sur la religion,
ainsi que de la monnaie turque, selon une source proche de l’enquête.
L’homme de 30 ans avait été repéré mi-décembre par les services de police,
alors qu’il faisait du « prosélytisme agressif » dans une salle de sport des
Yvelines, selon une source proche du dossier.
Il était déjà venu à Nice les 25 et 26 janvier, puis était parti en Corse
où il s’était fait repérer par la police aux frontières en cherchant à acheter
un aller simple au départ de Nice pour la Turquie. L’agence a refusé l’aller
simple et lui a finalement vendu un aller-retour pour le 28 janvier, selon une
source proche de l’enquête.
– « A priori » aucun lien avec Amédy Coulibaly –
La DGSI, alertée par la police aux frontières, avait demandé aux autorités
turques de le refouler. De source sécuritaire turque, Moussa Coulibaly a été
refoulé le 29 janvier à l’aéroport Ataturk d’Istanbul, en provenance de Rome
et renvoyé dans la capitale italienne.
« La surveillance de son environnement se poursuivait pour comprendre ce
qu’il faisait à Nice alors qu’il n’avait ici ni racines, ni contacts », a
précisé devant la presse à Nice le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.
Moussa Coulibaly n’a « a priori » aucun lien avec Amédy Coulibaly, tueur
d’une policière à Montrouge et auteur de la prise d’otages meurtrière de
l’Hyper Cacher début janvier à Paris, selon plusieurs sources proches de
l’enquête.
Peu avant l’agression des militaires, Moussa Coulibaly avait été contrôlé
et verbalisé dans le tramway, accompagné d’un homme de 43 ans, né au Tchad et
de nationalité canadienne. Ce dernier était toujours en garde à vue mercredi
mais aucun lien formel n’a été établi entre les deux hommes.
Dans les Yvelines, la police a perquisitionné mardi vers 20H00 le domicile
de Moussa Coulibaly dans un immeuble de huit étages du Val-Fourré, un quartier
sensible de Mantes-la-Jolie, ont constaté des journalistes de l’AFP. Sa mère
et une soeur, en pleurs, ainsi qu’un frère ont été emmenés par des policiers
pour être entendus.
Selon la hiérarchie militaire qui a visionné les images de l’agression,
vers 14H00 mardi, un individu s’est approché des militaires en laissant tomber
un sac en plastique devant eux pour détourner leur attention. Il a sorti un
long couteau et a visé le visage du premier militaire.
Ce maréchal des logis de 33 ans, souffre d’une entaille profonde au niveau
de la pommette. Le deuxième militaire, un première classe de 22 ans, a été
blessé à un bras. Le troisième, un deuxième classe de 19 ans, a finalement
maîtrisé l’individu en le taclant au sol. Il ne souffre que d’une éraflure à
la main.
Un total de 300 militaires surveillent actuellement 30 sites sensibles à
Nice, dans le cadre du plan Vigipirate.
Par Catherine MARCIANO – AFP -Israel Actualités