Paris, 2 fév 2015 (AFP) – Le polémiste Dieudonné sera jugé mercredi pour
« apologie du terrorisme », après avoir écrit sur Facebook qu’il se sentait
« Charlie Coulibaly », en référence à l’un des auteurs des attentats meurtriers
de Paris.
Le message avait été diffusé le 11 janvier, alors que des millions de
personnes à travers le pays venaient de rendre hommage aux 17 victimes des
attentats ayant visé Charlie Hebdo, des policiers et des juifs. Dieudonné
assurait avoir participé à la marche, mais la tournait en dérision en la
qualifiant d' »instant magique égal au Big Bang qui créa l’Univers ».
« Sachez que ce soir, en ce qui me concerne, je me sens Charlie Coulibaly »,
ajoutait-il, associant le slogan de soutien au journal satirique, « Je suis
Charlie », au nom d’Amédy Coulibaly, le preneur d’otages qui a notamment tué
quatre juifs dans un supermarché casher.
Le message avait été retiré, mais trois jours plus tard, après une
convocation restée sans réponse, Dieudonné était placé en garde à vue, à
l’issue de laquelle le parquet décidait de le convoquer devant le tribunal
correctionnel de Paris.
Déjà condamné à de multiples reprises et visé par une série de procédures
judiciaires, le polémiste « a le sentiment qu’on le traite comme un terroriste
et c’est pour ça qu’il a accolé les deux noms », avait alors déclaré Me Sanjay
Mirabeau, un de ses avocats.
Après les attentats, Christiane Taubira avait donné instruction au parquet
de faire preuve de « réactivité » et « fermeté » envers les auteurs d' »apologie du
terrorisme » ou de « propos et agissements racistes ou antisémites ».
– Nombreuses affaires –
Et de fait, les affaires ont été nombreuses, 486 au total (chiffres de la
chancellerie au 29 janvier) liées aux attentats: atteintes aux personnes ou
aux biens, droit de la presse ou apologie et provocation. Pour cette dernière
catégorie, 257 affaires ont été enregistrées dont 161 non liées à d’autres
infractions (alcool, drogue, outrage, délits routiers…). Sur ces 161
infractions « pures », il y a eu 41 comparutions immédiates et 18 peines de
prison ferme.
Certaines voix se sont inquiétées d’une possible dérive dictée par
l’émotion, comme la semaine dernière avec l’audition par la police à Nice d’un
enfant de huit ans qui avait refusé de participer à une minute de silence à
l’école primaire.
Le délit d’apologie du terrorisme peut être puni d’une peine allant jusqu’à
cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende. Elle peut être portée à sept ans
et 100.000 euros si les faits ont été commis en utilisant un service de
communication au public en ligne.
Dieudonné connaît de multiples démêlés avec la justice. Déjà condamné neuf
fois en une dizaine d’années pour incitation à la haine, il sera d’ailleurs
également jugé mardi à Paris pour avoir qualifié dans une vidéo fin août 2013
Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, de « Mussolini moitié trisomique ».
La semaine dernière, le parquet a requis une lourde amende de 30.000 euros
contre lui pour des propos jugés antisémites qui avaient débouché fin 2013 –
début 2014 sur l’interdiction de plusieurs représentations de son spectacle
« Le mur ».
Par Stéphane ORJOLLET
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