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Dieudonné jugé pour des propos antisémites visant un journaliste

  Paris, 28 jan 2015 (AFP) – Dieudonné a tenté mercredi de justifier devant le tribunal correctionnel de Paris qui le juge pour provocation à la haine raciale ses propos sur le journaliste Patrick Cohen qui avaient déclenché le processus d’interdiction de son spectacle il y a un an.
Le polémiste controversé, déjà condamné à plusieurs reprises pour
diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale, était présent à l’audience. Il encourt un an de prison et 45.000 euros d’amende.
Tout était parti d’un reportage diffusé en décembre 2013 par France 2, dans lequel était repris un extrait de son spectacle « Le Mur ».
« Tu vois, lui, si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu’il ait le temps de
faire sa valise. Quand je l’entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz… Dommage. »
A l’audience, Dieudonné a expliqué ses propos sur le journaliste de France Inter – qui ne s’est pas porté partie civile – par un « contexte général » de polémique l’opposant à Patrick Cohen, qui l’aurait rangé dans la catégorie « des cerveaux malades » pour justifier son refus de l’inviter, une insulte raciste, selon lui. La réponse « se situait sur mon terrain, l’humour », a-t-il assuré.
Mais la large diffusion de ces propos avait déclenché une vive réaction de Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, qui avait réclamé des mesures d’interdiction de représentations du spectacle pour risque de « troubles à l’ordre public ».
La justice administrative ayant rejeté les recours de Dieudonné contre ces interdictions, le polémiste avait finalement présenté une nouvelle version de son spectacle, expurgée de ses attaques les plus frontales contre les juifs.
Parallèlement, le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour
« incitation à la haine raciale » sur les propos antisémites visant Patrick
Cohen.

– Habitué des prétoires –

Mercredi, l’humoriste controversé était aussi poursuivi pour d’autres propos du même spectacle. « Je n’ai pas à prendre parti entre les juifs et les nazis. Je n’étais pas né, je ne sais pas qui a provoqué qui, qui a volé qui.
Mais j’ai ma petite idée », disait-il dans « Le Mur ».
Dieudonné a assuré à l’audience qu’il s’agissait d’un « ressort comique » –
« je suis comique, je ne donne pas des cours d’Histoire ». « Un humoriste peut se permettre d’ouvrir toutes les portes », a-t-il estimé, soulignant « avoir été là pour défendre Charlie Hebdo ».
Enfin, toujours dans ce spectacle, il était poursuivi pour « Shoah nanas », parodie d’une chanson d’Annie Cordy. Elle a été mise au point lors « d’un atelier de chansons potaches » et est régulièrement réclamée par ses fans, a justifié mercredi Dieudonné.
« Je ne suis pas antisémite », a-t-il affirmé, tout en disant se « sentir
traqué » par certaines associations qui pratiqueraient selon lui
« l’instrumentalisation outrancière de ce drame de la Shoah ». La Licra, le Bureau de vigilance contre l’antisémitisme et l’association Ben Gourion sont partie civile au procès.
La défense de Dieudonné devait plaider la relaxe, selon Sanjay Mirabeau, un de ses avocats. Car pour lui, les propos incriminés sont « juste l’étincelle, pas la cause principale » ayant conduit à l’interdiction du spectacle.
Dieudonné M’bala M’bala, 48 ans, est un habitué des prétoires, avec
plusieurs condamnations à des peines d’amende pour ses propos. Vendredi, il a d’ailleurs été condamné à 6.000 euros d’amende pour avoir lancé sur internet fin 2013 un appel aux dons pour payer de précédentes amendes.
Et il est toujours sous le coup de plusieurs procédures judiciaires. La
dernière, pour apologie du terrorisme, lui vaut d’être convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris le 4 février. En cause, un message posté sur sa page Facebook dans lequel il écrivait « je me sens Charlie Coulibaly », en référence à l’un des auteurs des attentats meurtriers de Paris, qui a tué quatre juifs dans un supermarché casher ainsi qu’une policière municipale.
Il a également été mis en examen en juillet pour fraude fiscale,
blanchiment et abus de biens sociaux.

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