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70 ans après, l’Europe se retrouve à Auschwitz et s’inquiète de l’antisémitisme

Oswiecim (Pologne), 27 jan 2015 (AFP) – Survivants de l’Holocauste et chefs  d’Etat se retrouvaient mardi à Auschwitz, 70 ans après la libération du camp  d’extermination nazi, pour lancer un nouveau « Plus jamais ça », François  Hollande dénonçant juste avant sa venue le « fléau » de l’antisémitisme, une  « réalité insupportable » aujourd’hui en Europe.
Ce constat a retenti dès lundi, sous des formes différentes, lors de
multiples rencontres de survivants, souvent nonagénaires, à proximité de  l’immense camp couvert d’une épaisse couche de neige fraîche.
L’anniversaire de la libération du camp d’extermination nazi d’Auschwitz,  le 27 janvier 1945 est aussi la Journée internationale d’hommage aux victimes  de l’Holocauste.
A Auschwitz, les premières cérémonies ont commencé dès le matin, dans  l’immense camp couvert de neige fraîche, au Mur de la Mort où d’anciens  prisonniers se sont recueilli et ont déposé des fleurs et des cierges sur ce  lieu d’exécutions bien antérieure à l’installation des chambres à gaz.
Dès la veille, lors de multiples rencontres de survivants, souvent
nonagénaires, ont appelé le monde à tout faire pour que l’horreur de
l’Holocauste ne revienne plus jamais.
Vingt jours après les attentats meurtriers de jihadistes français contre le  journal Charlie Hebdo et un magasin casher, le Conseil représentatif des  institutions juives de France (Crif) a annoncé mardi que le nombre des actes  antisémites a doublé en 2014 par rapport à 2013 en France, avec même une  augmentation de 130% des actes avec violences physiques.
La communauté juive de France – la première en Europe et la troisième dans  le monde après Israël et les Etats-Unis – est estimée à 500.000 à 600.000  personnes.
La France « n’oubliera jamais » les victimes de la Shoah, a promis François  Hollande lors de son allocution depuis le parvis du Mémorial de la Shoah à Paris où il a rendu hommage aux 76.000 Juifs de France déportés sous le régime  de Vichy, avant de s’envoler pour la Pologne.
Le « fléau » de l’antisémitisme « conduit certains Juifs à s’interroger sur  leur présence en France. Vous, Français de confession juive, votre place est  ici. La France est votre patrie », a dit M. Hollande, avant d’affirmer que la  Shoah « doit pouvoir être enseignée partout, sans aucune restriction ».
– ‘Bannir les Juifs d’Europe’ –

Certains des survivants rassemblés à Auschwitz voient un lien entre les  événements en France et les conflits du Proche-Orient. « Ce qui arrive en  France est lié à ce qui se passe au Proche-Orient et j’aimerais bien qu’on  résolve ce dernier problème, parce que je pense que cela influence  l’antisémitisme en Europe », a dit à l’AFP une octogénaire alerte, Celina  Biniaz, venue de Californie.
La montée de l’antisémitisme a été évoquée lundi soir par Steven Spielberg auteur notamment du film « La Liste de Schindler » et père de la Fondation de la  Shoah qui a filmé des témoignages de 53.000 survivants de l’Holocauste.
Intervenant à Cracovie, aux côtés du président du Congrès juif mondial Ronald  S. Lauder, le cinéaste a dénoncé « les efforts qui montent pour bannir les  Juifs d’Europe ».
Le ton était le même lundi à Prague, où le Congrès juif européen a tenu une  cérémonie parallèle, le forum « Let My People Live » (Laissez mon peuple vivre).
« La communauté juive d’Europe est très proche d’un nouvel exode », a déclaré le  président de l’organisation Moshe Kantor, avant d’affirmer que le jihadisme et  le nazisme étaient « deux faces du même mal ».
Outre M. Hollande, les présidents allemand Joachim Gauck et ukrainien Petro  Porochenko, et le secrétaire américain au Trésor Jack Lew, ainsi que les  familles royales belge et néerlandaise, notamment, doivent assister à la  cérémonie principale à Auschwitz mardi après-midi. La Russie doit être  représentée par le chef de l’administration présidentielle Sergueï Ivanov. Le  président Vladimir Poutine n’a pas souhaité se déplacer – alors qu’il l’avait  fait en 2005 – n’ayant pas été officiellement invité.
C’est l’armée soviétique qui a libéré en 1945 le camp d’Auschwitz-Birkenau,  où quelque 1,1 million de personnes avaient été exterminées, un million de  Juifs de différents pays d’Europe, des Polonais, des Tsiganes et des Russes, notamment.

– Prières pour les défunts –

La cérémonie principale est prévue à partir de 14h30 GMT, sous une tente dressée à l’entrée du camp d’Auschwitz II – Birkenau. D’anciens prisonniers et prisonnières, ainsi qu’un représentant des « Piliers du souvenir » – les donateurs généreux du Musée – prononceront de brèves allocutions. Puis retentiront le son du chofar, une corne utilisée dans les rituels israélites, et des prières juives pour les défunts.
Les participants se rendront à pied au monument aux victimes de Birkenau, distant de moins d’un kilomètre, pour y observer une minute de silence avant de déposer des fleurs et d’allumer des cierges.

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