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Un jihadiste présumé ayant voyagé avec un proche des Frères Kouachi renvoyé en France par Ankara

  Paris, 22 jan 2015 (AFP) – Renvoyé en France par Ankara, un jihadiste présumé, Cheickou Diakhabi, doit être présenté jeudi à un juge antiterroriste: il avait été interpellé début janvier en Turquie après avoir voyagé avec un proche des auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo.
Diakhabi, 29 ans, a été intercepté le 2 janvier en Turquie avec sa compagne et leur enfant en vertu d’un mandat d’arrêt européen délivré par un juge antiterroriste parisien. Il est arrivé mercredi soir en France, a indiqué jeudi à l’AFP une source judiciaire.
Il avait quitté la France en compagnie d’un autre homme, Fritz-Joly
Joachin, 28 ans, qui a lui été arrêté en Bulgarie. Joachin, qui a reconnu
connaître de longue date les frères Kouachi, est soupçonné d’avoir voulu se rendre en Syrie. Il nie tout lien avec les attentats.
Cheickou Diakhabi doit être présenté dans la journée au juge antiterroriste saisi d’une information judiciaire pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Cette enquête, ouverte le 11 janvier, est distincte de celle sur les attaques commises en Ile-de-France du 7 au 9 janvier.
Sa compagne, Imané Chanaa, également renvoyée en France, a pour sa part été placée en garde à vue, selon cette source.

– De Falloujah aux Buttes Chaumont –

Cheickou Diakhabi est connu des services antiterroristes. Il avait été
capturé à Falloujah, à l’ouest de Bagdad, en novembre 2004 par les forces américaines alors qu’il combattait au sein de l’insurrection sunnite. Il avait pour cela été condamné en Irak à sept ans de prison, une peine qu’il a fini de purger en 2011.
Originaire du nord-est de Paris, son nom était cité dans l’enquête sur la filière dite des « Buttes Chaumont », démantelée en 2005, qui visait à envoyer des jihadistes dans les rangs de la branche irakienne d’Al-Qaïda, dirigée à l’époque par Abou Moussab al-Zarkaoui. Une enquête dans laquelle Chérif Kouachi a été condamné.
C’est notamment à ce titre que Diakhabi est susceptible d’intéresser aussi les trois juges antiterroristes saisis de l’enquête sur les attentats parisiens.
Les enquêteurs chercheront à comprendre les raisons qui ont poussé Diakhabi à quitter la France en famille en compagnie de Fritz-Joly Joachin.
Ce Français d’origine haïtienne voyageait pour sa part avec son fils de trois ans.
S’inquiétant que M. Joachin ne cherche à emmener son garçon en Syrie, sa mère avait alerté le parquet de Bobigny qui avait ouvert une enquête pour « soustraction d’enfant ».
M. Joachin a finalement été intercepté le 1er janvier par les autorités bulgares à bord d’un bus à la frontière bulgaro-turque, en vertu d’un mandat d’arrêt lancé dans le cadre de la procédure de Bobigny.
« Il a dit au tribunal qu’il était l’ami de longue date (de Chérif Kouachi) et qu’il ne pouvait être tenu responsable des actes » de ce dernier, avait indiqué Darina Slavova, procureure générale du tribunal de Haskovo, en Bulgarie, juridiction qui a décidé mardi de l’extradition de M. Joachin. Il devrait être renvoyé en France dans les prochains jours.
N’étant pas visés par la procédure ouverte à Bobigny, Diakhabi, sa compagne et leur enfant étaient quant à eux parvenus à entrer en Turquie, où ils ont été interpellés.
Imané Chanaa est également connue des enquêteurs. Son frère Younès, 25 ans, avait été interpellé en novembre 2013 à Vitry-sur-Seine dans le cadre d’une enquête sur la filière dite du Val-de-Marne. Soupçonné par les enquêteurs d’avoir joué un rôle « prépondérant » dans l’envoi de jihadistes vers la Syrie,
il a été mis en examen et écroué.
Ce n’est pas la première fois que l’enquête sur les tueries qui ont fait 17 morts à Charlie Hebdo, à Montrouge et dans un supermarché casher établit des connexions avec d’autres investigations sur des filières jihadistes.
Ainsi, sont déjà apparus les frères Mohamed et Mehdi Belhoucine, dont le premier a été condamné à un an ferme en juillet 2014 pour son appartenance à une filière qui envoyait des jihadistes dans la zone pakistano-afghane à la fin des années 2000. Ils sont soupçonnés d’avoir accompagné début janvier en Syrie Hayat Boumeddiene, la compagne d’Amédy Coulibaly, l’auteur de la prise d’otages du supermarché casher.

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