Lyon, 20 jan 2015 (AFP) – Le coup de filet anti-jihadiste opéré à la
mi-septembre dans la banlieue lyonnaise a permis de déjouer un attentat à Lyon, avec potentiellement pour cible des Juifs, affirme mardi le quotidien régional Le Progrès qui s’appuie notamment sur des écoutes figurant au dossier.
Parmi les cibles évoquées par le journal, une soirée-débat sur
l’antisémitisme organisée le 18 septembre au siège de la région Rhône-Alpes pour marquer les 70 ans du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) Rhône-Alpes. Un responsable policier lyonnais a confirmé à l’AFP que l’anniversaire du Crif faisait partie des hypothèses envisagées.
A l’issue du coup de filet opéré entre le 16 et le 18 septembre, cinq
personnes avaient été mises en examen, dont les frères Karim et Reda Bekhaled, dans le cadre d’une enquête du parquet antiterroriste de Paris sur des filières de recrutement de jihadistes vers la Syrie. Ce dernier avait alors affirmé que les deux frères « nourrissaient l’ambition de mourir en martyr » et projetaient « un passage à l’acte violent imminent ».
Ancien membre du groupe Forsane Alizza (« Les Cavaliers de la fierté »), dissous en février 2012, Reda Bekhaled, lors d’une conversation téléphonique interceptée le 5 septembre par les policiers, avait trahi ses intentions.
« C’est pour mi-septembre… il faut tout préparer pour le 16, et après
c’est à vue », déclare-t-il dans cette conversation, selon une transcription mentionnée dans une décision judiciaire rendue récemment dans le dossier et que l’AFP a pu consulter. D’autre conversations laissaient entendre que les suspects cherchaient des armes à feu, évoquant à mots à peine couverts pistolet mitrailleur, fusil à pompe et calibre 9 mm.
Les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI)
avaient interpellé notamment, le 16 septembre à Vaulx-en-Velin, Karim et sa soeur Farida Bekhaled. Dans l’appartement de Reda, dans la même ville, la DGSI découvrait un fusil d’assaut Kalachnikov prêt à tirer, un gyrophare, une SIRÈNE, un brouilleur de portable… Sa télévision était arrêtée sur une image montrant l’emblème du groupe Etat islamique. En fuite pendant deux jours, Reda était finalement interpellé, armé, le 18 septembre à Meyzieu.
Trois autres frères Bekhaled – Mohamed, Farid et Rafik, respectivement âgés de 31, 27 et 29 ans – avaient rejoint la Syrie au second semestre 2013, selon la justice, afin de combattre dans les rangs des jihadistes. Interpol a diffusé trois mandats d’arrêt internationaux à leur encontre, à la demande de la France, pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme ».
Un autre membre de la fratrie était mort en juin 2014 dans un attentat suicide en Syrie.