La collection de Cornelius Gurlitt, fils d’un
marchand d’art controversé du IIIe Reich, léguée au Musée des Beaux Arts de
Berne, est un trésor de plus de 1.500 oeuvres, qui comprend des biens volés à
des juifs et de l' »art dégénéré ». Etat des lieux:
– Combien d’oeuvres ?
La collection comprend d’une part les 1.280 pièces (tableaux, dessins,
esquisses, sculptures) retrouvées en 2012 dans l’appartement munichois du
vieil homme et près de 300 autres (dont de nombreuses huiles sur toile)
récupérées dans une autre de ses propriétés à Salzbourg (Autriche).
– Quelle valeur ?
Dizaines ou centaines de millions d’euros ? Personne ne sait à combien
précisément peut être estimée cette collection comprenant des oeuvres parfois
inconnues ou qui, pour certaines, étaient considérées comme définitivement
disparues. Mais la collection Gurlitt compte certains des noms les plus
prestigieux de l’histoire de l’art: Renoir, Toulouse-Lautrec, Picasso,
Cézanne, Derain, Beckmann, Maillol, Rodin, Dix, Millet, Corot, Pissaro, Dürer,
Cranach, Holbein, Tiepolo, Gauguin, Chagall, Liebermann, Delacroix, Courbet,
Degas, Daumier, Munch, etc.
– Combien d’oeuvres ont une origine douteuse ou sont issues de spoliations ?
Un groupe de travail, une « taskforce » présidée par la juriste allemande
Ingeborg Berggreen-Merkel et réunissant un panel d’experts nationaux et
internationaux, travaille déjà à faire l’inventaire des oeuvres et à
déterminer qui sont leurs propriétaires à l’origine. Pour le moment, 499
oeuvres ont une provenance qui est sujette à caution. Elles ont été rendues
publiques sur le site de la « taskforce », lostart.de.
– Combien d’oeuvres font l’objet de procédures de restitution aux héritiers
de propriétaires spoliés ?
Aujourd’hui, trois oeuvres peuvent faire l’objet d’une « restitution
immédiate », selon la ministre allemande de la Culture, Monika Grütters. Il
s’agit du tableau « Femme assise » d’Henri Matisse qui appartenait au marchand
d’art français juif Paul Rosenberg, grand-père de la journaliste Anne
Sinclair. Le deuxième est le tableau « Deux cavaliers sur la plage » de Max
Liebermann qui appartenait au collectionneur juif David Friedmann. Enfin, un
dessin de l’artiste Carl Spitzweg représentant une femme au piano doit être
rendu aux héritiers de l’éditeur de musique Henri Hinrichsen, assassiné à
Auschwitz en 1942.
– Combien de tableaux font partie des oeuvres qualifiées par les nazis
d' »art dégénéré » ?
Selon des chiffres rendus publics au printemps et plus actualisés depuis,
le trésor Gurlitt comprendrait environ 480 oeuvres d' »art dégénéré » qui
avaient été retirées des musées allemands par les nazis. L’accord signé entre
le Musée des Beaux arts de Berne et l’Allemagne prévoit que les demandes de
prêt de ces oeuvres, formulées par les musées qui en ont été privées à
l’époque, soient traitées de manière prioritaire, à condition qu’elles ne
soient pas classées comme biens spoliés.
elr/fjb/alc