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Abbas déterminé à aller au Conseil de sécurité et à défier Washington

Le président
palestinien Mahmoud Abbas s’est dit déterminé à passer outre aux objections
américaines à ses projets diplomatiques concernant l’occupation israélienne,
même si la relation avec Washington est déjà « tendue ».
M. Abbas, de retour de New York où il a dit dans un discours véhément
devant les Nations unies son intention d’en finir avec le fonctionnement
ancien des discussions de paix avec les Israéliens, a ainsi prévenu qu’il ne
renoncerait pas, malgré la réprobation américaine, à adhérer à la Cour pénale
internationale en cas de veto américain à une future résolution sur la fin de
l’occupation israélienne.
« Les relations avec l’administration américaine sont tendues », a-t-il dit
dans la nuit de mardi à mercredi à des journalistes au siège de l’Autorité
palestinienne à Ramallah (Cisjordanie). Il a qualifié de « partiale » la
réaction américaine à son discours à l’ONU.
Les Etats-Unis ont jugé « offensant » son discours réclamant la fin de
l’occupation israélienne et l’indépendance de l’Etat de Palestine et accusant
Israël de génocide et d’apartheid.
« La direction palestinienne subit de fortes pressions pour ne pas aller au
Conseil de sécurité et adhérer à des organisations internationales, la
première de ces pressions portant sur l’aide », a dit M. Abbas. Les
Palestiniens reçoivent chaque année 700 millions de dollars des Etats-Unis,
a-t-il dit.
« L’atmosphère est tendue (…) et il n’est pas dans notre intérêt de la
tendre davantage. Mais en même temps, je maintiens que nous ne pouvons pas
revenir sur notre décision » de présenter une résolution au Conseil de
sécurité, a-t-il martelé.
Des discussions sont en cours avec certains pays, arabes et autres, pour un
vote d’ici trois semaines sur un projet de résolution prévoyant le retrait des
Israéliens des territoires occupés depuis 1967 et un Etat palestinien
indépendant dont la capitale serait Jérusalem-Est, a-t-il dit.
« Il faudra également préciser une date butoir pour l’occupation: un an,
deux ans, trois… », a-t-il dit. « Nous voulons fixer cette limite et reprendre
aussitôt les négociations », a-t-il promis. « Nous sommes déterminés à
poursuivre la lutte politique et nous ne reprendrons aucune négociation ne
prévoyant pas un calendrier pour la réalisation de nos objectifs ».
M. Abbas a admis ne pas avoir la garantie de recueillir les voix des neuf
membres nécessaires pour l’examen d’un projet de résolution et, « si nous les
obtenons, il est fort probable que les Etats-Unis opposeront leur veto ».
Dans ce cas, « nous irons devant les organisations internationales et en
premier lieu nous signerons le Statut de Rome pour adhérer à la Cour pénale
internationale ». Simultanément, « nous réexaminerons tous les accords avec
Israël et notamment la coopération sécuritaire », a-t-il menacé.
Depuis qu’il a obtenu le statut d’observateur à l’ONU en 2012, l’Etat de
Palestine menace de rejoindre la CPI, ce qui lui permettrait de poursuivre les
dirigeants israéliens pour crimes de guerre.
Evoquant le récent accord entre son parti le Fatah, et son rival islamiste
du Hamas, qui contrôle toujours Gaza, M. Abbas a d’autre part assuré que le
gouvernement d’union, accepté par les deux partis, se rendrait à Gaza peu
avant une conférence internationale des donateurs pour la reconstruction
prévue le 12 octobre au Caire.
« L’Autorité palestinienne et le gouvernement d’union seront les seuls
responsables de tout ce qui entrera à Gaza, tandis que l’ONU sera responsable
de surveiller l’utilisation des matériaux de construction », a-t-il précisé.
Au lendemain de la prise à Jérusalem-Est de 25 appartements par des colons
juifs, M. Abbas a par ailleurs dit avoir envoyé des messages « dans un langage
ferme » à Israël et aux Etats-Unis. « Nous attendons une réponse et nous
prendrons des mesures sous trois jours », a-t-il assuré.
na/sbh/feb

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