L’extrémiste norvégien Kristian Vikernes a été condamné mardi à six mois de prison avec sursis et 8.000 euros d’amende pour
des billets virulents contre les juifs et les musulmans publiés sur son blog
en 2013.
Le tribunal correctionnel de Paris l’a déclaré coupable de provocation à la
discrimination, à la haine et à la violence et apologie de crime de guerre.
Dénonçant les « clichés atroces » des écrits reprochés à Vikernes, qui
rejoignent des « théories très proches » de celles du IIIe Reich, la
représentante du parquet avait requis contre lui une peine de quatre à six
mois de prison avec sursis et une amende d’au moins 5.000 euros.
Ni Kristian Vikernes ni son avocat n’étaient présents au délibéré. Joint
par l’AFP, Me Julien Freyssinet n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat.
A l’audience, Kristian Vikernes, 41 ans, surnommé « Varg » (loup en
norvégien) avait contesté être à l’origine de ces écrits, qu’il avait pourtant
commentés lors de sa garde à vue. A la barre, il avait invoqué une mauvaise
retranscription de ses propos à la police, car l’interprète était danois et
non norvégien.
Son avocat avait estimé qu’il n’était pas prouvé que les articles litigieux
aient bien été publiés par son client qui, avait-il souligné, « a des adeptes,
mais il a aussi des ennemis ».
Arguments écartés par le tribunal, qui y a vu des « dénégations de
circonstance » visant pour « Varg » Vikernes à tenter de « s’exonérer de toute
responsabilité ». Une partie des écrits poursuivis a toutefois été déclarée
prescrite.
– ‘Appels répétés à la haine’ –
Les juges de la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris ont souligné
la « litanie d’appels successifs et répétés à la haine envers les juifs, les
musulmans et les gitans dans des termes d’une violence rarement observée dans
les dossiers soumis au tribunal ».
Pour expliquer la peine, le tribunal met en avant que les propos condamnés
traduisent « l’expression d’une idéologie radicalement contraire aux valeurs
universelles des droits de l’Homme et de la civilisation ».
Vikernes a en outre été condamné à verser un euro de dommages et intérêts à
deux associations antiracistes, la Licra et SOS Racisme, et 1.500 euros à
chacune pour les frais de justice.
Kristian Vikernes, adepte du « survivalisme » (mode de pensée et activités
d’individus ou groupes se préparant à affronter une catastrophe virtuelle,
NDLR) avait été interpellé le 16 juillet 2013 dans le cadre d’une enquête du
renseignement intérieur avec son épouse française à leur domicile de
Salon-la-Tour, en Corrèze, sur des soupçons de visées terroristes. Arrestation
fondée sur « des preuves qui ont été fabriquées », selon lui.
Il avait finalement été libéré après 48 heures de garde à vue et une
enquête qui n’a mis en évidence ni cible ni préparation de projet terroriste
identifié.
Dénonçant un « acharnement procédural » contre son client, Me Freyssinet
avait plaidé que ce procès devant la chambre de la presse était destiné à
« sauver ce dossier de 900 pages ».
Le Norvégien s’était rendu célèbre dans son pays comme musicien de black
metal, pour ses opinions d’extrême droite et le meurtre d’un rival artistique
pour lequel il avait été condamné à 21 ans de prison, peine maximale en
Norvège. Il était sorti après 16 ans de détention, puis était venu s’installer
en France, en 2010.
Il faisait depuis plusieurs années l’objet d’une surveillance et la section
antiterroriste du parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire à la
suite de l’acquisition d’armes, légale, par sa femme.
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