La nouvelle saillie « transgressive » du
fondateur du Front national Jean-Marie Le Pen renvoie le parti d’extrême
droite à ses « origines peu recommandables » et menace la stratégie de
« dédiabolisation » de sa fille, estiment mardi des éditorialistes.
Alors que Marine Le Pen s’est employée depuis trois ans à « tenter de faire
oublier le vieux socle xénophobe et antisémite » du FN, son père octogénaire
revient « inlassablement » au « fondement du courant politique qu’il incarne
depuis près de 40 ans », écrit le Monde. Et ce « avec sa méthode habituelle, la
saillie ricanante et transgressive » qui devrait servir de « piqûre de rappel
pour tous les démocrates et républicains. »
Dans une vidéo postée la semaine dernière sur le site internet du FN et
retirée depuis, M. Le Pen répond en riant à propos du chanteur Patrick Bruel,
de confession juive, « on fera une fournée la prochaine fois ».
Les déclarations de M. Le Pen « renvoient le Front national à ses origines
peu recommandables : un groupuscule d’anciens +collabos+, d’ex-partisans de
l’Algérie française et d’ultranationalistes…Et elles donnent des arguments à
ceux qui pensent comme Nigel Farage, le leader de l’Ukip britannique, que
+l’antisémitisme reste dans l’ADN+ du FN », renchérit Stéphane Dupont dans Les
Echos.
Le Pen père rappelle à sa fille « que son parti a des racines d’extrême
droite, fascistes et antisémites, racines qu’elle aurait mis tant d’ardeur à
ripoliner. À la peinture à l’eau », dénonce Michel Guilloux dans l’Humanité.
« Décidément incurable », Jean-Marie Le Pen s’est livré à ce rappel, selon
Jacques Camus, (Groupe Centre France) « avec cette malice gourmande et vacharde
que mettent les gérontes vaguement aigris à torpiller les ambitions de leurs
insolents successeurs ».
« Quand Marine +dédiabolise+, Jean-Marie +transgresse+ », résume Bruno Dive
(Sud-Ouest).
Et selon Laurent Bodin (L’Alsace) « le puant jeu de mots aux relents
antisémites » du « président d’honneur du FN, révèle au grand jour le désaccord
de fond qui pointe entre le vieil homme, jamais avare d’une provocation, et sa
fille » qui tente de faire du FN « une formation politique fréquentable ».
« Aux yeux de la justice qui l’a condamné à plusieurs reprises, le fondateur
du Front National est depuis des décennies un récidiviste notoire de
+l’antisémitisme insidieux+ distillé à mots choisis », souligne Dominique
Garraud (La Charente Libre)
Le « diable vient de sortir de sa boîte », ironise Jean-Michel Servant du
Midi Libre.
Mais « s’il faut tuer le père comme nous dit la psychanalyse, Marine Le Pen
ne semble pas prête à s’affranchir de la tutelle nauséabonde du président
d’honneur et à vie du FN », analyse Alain Dusart dans l’Est Républicain. Car
« chez les Le Pen, l’hydre fasciste ressurgit toujours. »
il/bd