Dominique Strauss-Kahn déposera plainte pour diffamation d’ici à quelques jours contre le film d’Abel Ferrara, « Welcome to New York », inspiré de l’affaire du Sofitel, mais laisse les associations
antiracistes engager d’éventuelles poursuites sur son caractère « antisémite »,
a annoncé lundi son avocat.
Son ex-femme, Anne Sinclair, avait dénoncé la veille des attaques
« clairement antisémites » dans ce long métrage, présenté samedi en marge du
festival de Cannes, mais ajouté qu’elle n’irait pas en justice.
Interrogés par l’AFP, la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra)
et SOS Racisme n’ont pas souhaité se prononcer sur ces accusations pour
l’instant, précisant ne pas avoir vu le film. « Si des choses sont évidentes,
on ira en justice », a dit le président de la Licra, Alain Jakubowicz.
« Welcome to New York », dont le réalisateur s’est défendu de tout
antisémitisme, a été projeté en première mondiale, hors festival, dans une
salle de quartier à Cannes. Le film est disponible en vidéo à la demande.
Il s’agit d’une « version fictionnalisée », mais l’histoire colle au plus
près du scandale qui a fait chuter il y a trois ans Dominique Strauss-Kahn,
alors patron du FMI et favori des sondages pour la présidentielle française de
2012.
Sauf que dans « Welcome to New York », il y a bien agression sexuelle d’une
femme de chambre dans le grand hôtel new-yorkais où le héros Devereaux (Gérard
Depardieu) est descendu.
Or Dominique Strauss-Kahn a « été mis hors de cause de la manière la plus
nette par le procureur de New York » dans l’affaire du Sofitel et, « comme tout
le monde, il a le droit à l’oubli », a déclaré son avocat, Me Jean Veil, sur
Europe 1.
« Ecoeuré et effrayé par ce film », l’ancien ministre « a demandé à ses
avocats de déposer une plainte pour diffamation du fait des accusations de
viol et de ces insinuations qui sont tout au long du film », a ajouté l’avocat.
Cette plainte serait déposée « dans les prochains jours ».
L’affaire sera portée au pénal, a-t-il précisé à l’AFP. Elle ne sera donc
pas jugée avant au moins un an. Il n’y aura pas d’action en urgence pour
bloquer la diffusion du film car Dominique Strauss-Kahn « n’est pas un censeur ».
– ‘Crotte de chien’ –
« Ses proches et ses avocats, a ajouté Me Veil, lui ont recommandé de ne pas
voir ce film abominable », qu’il a qualifié de « merde » et de « crotte de chien ».
Le film d’Abel Ferrara, a dit Me Veil, comporte « une part d’antisémitisme »
mais seules les associations de lutte contre le racisme peuvent engager des
poursuites à ce titre.
Anne Sinclair a exprimé dimanche son « dégoût » pour le film tout en
dénonçant des attaques « clairement antisémites ». Pour autant, elle a assuré
qu’elle n’irait pas en justice, car elle « vomit » la « saleté ».
La journaliste a mis en cause la description de Simone Devereaux
(Jacqueline Bisset), présentée comme une femme d’argent et de pouvoir, qui
aide financièrement l’Etat d’Israël et, surtout, qui a hérité d’une fortune
amassée pendant la guerre.
Des allusions à sa famille « proprement dégradantes et diffamatoires », selon
Anne Sinclair, qui « disent le contraire de ce qui fut: mon grand-père (le
galeriste Paul Rosenberg) a dû fuir les nazis et a été déchu de sa nationalité
française par le gouvernement de Vichy. Mon père a rejoint la France Libre et
a combattu jusqu’à la Libération. Dire autre chose relève de la calomnie ».
Elle a cependant choisi de ne pas « faire le plaisir » d’attaquer en justice
le producteur Vincent Maraval ou le réalisateur Abel Ferrara qui s’est défendu
avec vigueur: « Je ne suis pas antisémite. J’espère que non. J’ai été élevé par
des femmes juives ».
Une affirmation partagée par Jacqueline Bisset: « Pour moi, il n’y a pas
d’attaques antisémites mais des propos contre sa famille que je trouve
déplacés ».
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