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Pour les Palestiniens, le dialogue doit forcer Israël à dévoiler son jeu

JERUSALEM, 01 août 2013 (AFP) – Les pourparlers relancés à Washington
doivent avant tout servir à tester les intentions d’Israël et à lui faire
porter la responsabilité d’un éventuel échec, selon experts et responsables
palestiniens.
Les deux parties ont accepté mardi lors d’une réunion inaugurale sous
parrainage américain de chercher un accord de paix dans les neuf mois, un

objectif « à portée de vue » selon l’Union européenne, mais les Palestiniens se
montrent beaucoup plus dubitatifs.
« A ce stade, il s’agit simplement de préparer les négociations », a précisé

le négociateur palestinien Yasser Abed Rabbo, alors que la prochaine rencontre

doit avoir lieu dans deux semaines, selon le secrétaire d’État américain John
Kerry.

« Tout le monde sait que si les activités de colonisation continuent, cela

signifie que les négociations sont vouées à l’échec et doivent cesser », a
prévenu M. Abed Rabbo. « Et les Américains en sont parfaitement conscients, ils
devront donc décider s’ils veulent ou non de véritables négociations ».

Le président palestinien Mahmoud Abbas exigeait pour reprendre les
pourparlers un gel de la colonisation, une référence aux lignes d’avant
l’occupation israélienne en juin 1967 comme base de discussions et la
libération de prisonniers palestiniens.
Le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est
seulement engagé à libérer 104 prisonniers incarcérés avant les accords d’Oslo
en 1993, une décision approuvée dimanche en Conseil des ministres malgré
l’opposition du nationaliste religieux Naftali Bennett.
Selon les médias israéliens, lors de cette réunion, M. Bennett, ministre de
l’Economie, a déclaré: « Si un terroriste est capturé, il faut le tuer », et a
ajouté assumer le fait d' »avoir tué beaucoup d’Arabes dans (sa) vie ».
« Des déclarations aussi atroces traduisent une culture de haine et de
racisme, même au plus haut niveau de l’exécutif, qui est le résultat de
décennies d’occupation militaire israélienne dans l’impunité », a dénoncé une
dirigeante palestinienne, Hanane Achraoui, dans un communiqué.
« Faire plaisir aux Américains »
Les pourparlers doivent porter sur toutes les questions portant sur le
statut final: les frontières d’un futur Etat palestinien, les colonies juives,
la sécurité, Jérusalem-Est et les réfugiés palestiniens, afin de conclure un
accord de paix.
« Ces discussions sont vouées a l’échec, il n’y a aucune chance que ça mène
à un accord », affirme le politologue Abdelmajid Souilem. « Le but de ces

négociations est de faire plaisir aux Américains ».
« C’est le principe même des négociations qui est important pour les
Américains afin de garder un rôle dans la région », explique-t-il.

Selon un autre expert, Hani Habib, « ces prisonniers auraient dû être

libérés après la signature des accords d’Oslo, il y a 20 ans, donc cela ne
peut pas être considéré comme une faveur exceptionnelle en échange d’un retour
aux négociations ».

« L’opinion publique palestinienne ne pense pas que ces négociations soient

dans l’intérêt du peuple palestinien mais uniquement le fruit des pressions

américaines », ajoute-t-il
Un avis partagé par Samir Awad, professeur de science politique à
l’Université de Bir Zeït. « Le peuple palestinien ne se sent pas partie

prenante du processus de paix et a appris la reprise de négociations par la
presse, pas par les dirigeants palestiniens », remarque-t-il.

Selon un sondage réalisé à la mi-juin, plus des deux tiers des Palestiniens

(69%) jugent faibles ou nulles les chances de création dans les cinq ans d’un

État palestinien à côté d’Israël.
En outre, une majorité écrasante (89%) fait peu ou pas confiance au
président américain Barack Obama pour aider les deux parties à parvenir à un
accord équitable, indique une enquête de l’institut Gallup rendue publique fin
juillet.

   Les experts jugent que la direction palestinienne doit surtout s’assurer
qu’en cas d’échec, la faute en retombe sur le gouvernement israélien.
   Le gouvernement d' »Israël ne pourra pas affronter le puissant lobby
pro-colons », prédit Samir Awad.

« Mais il est important qu’il en arrive à ce point-là », estime-t-il, « il
devra alors assumer la responsabilité de l’échec des pourparlers ».

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