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Libye : un colonel annonce la « suspension » du Parlement

Le Parlement a été assailli par les puissantes brigades de Zenten, opposées aux islamistes

Un colonel libyen lisant à la télévision un communiqué « au nom de l’armée », a annoncé la suspension du Congrès général national (CGN, le Parlement), la plus haute autorité politique du pays.

« Nous, membres de l’armée et les révolutionnaires (ex-rebelles), nous annonçons la suspension du CGN », a déclaré le Colonel Mokhtar Fernana, commandant de la Police militaire, sur deux chaînes privées de télévision, précisant qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’Etat.

Il a annoncé donner les prérogatives législatives à une Assemblée constituante élue en février et maintenir le gouvernement intérimaire d’Abdallah Al-Theni.

Ce colonel, originaire de la ville de Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli), n’a pas précisé comment cette annonce allait être mise en oeuvre, en l’absence d’une armée professionnelle dans un pays où les milices font la loi.

Plus tôt dans la journée, des brigades d’ex-rebelles de Zenten, qui avaient combattu le régime de Mouammar Kadhafi, avaient attaqué les locaux du CGN, avant de quitter les lieux. Des affrontements ont aussi eu lieu dimanche dans le sud de Tripoli, après l’attaque contre les locaux du CGN, dont les membres ont été évacués, selon des témoins et un député. Il y aurait eu 2 morts et 55 blessés dans les affrontements, selon des sources locales.

Les brigades auraient ausssi été impliquées ensuite dans de violents affrontements sur la route de l’aéroport avec des milices rivales de Tripoli.

On ignore si ces violences sont liées directement à l’offensive lancée vendredi par l’ancien général Khalifa Haftar contre des groupes d’islamistes radicaux à Benghazi (est), que les autorités ont qualifiée de tentative de coup d’Etat.

« Nous annonçons que ce qui s’est passé aujourd’hui à Tripoli n’a pas pour objectif un coup d’Etat », a déclaré M. Fernana vêtu d’un uniforme militaire.

En février, les brigades de Zenten avaient donné au CGN, la plus haute autorité politique du pays, quelques heures pour quitter le pouvoir, sans toutefois passer à l’action après l’expiration de leur ultimatum. Le Congrès avait aussitôt dénoncé cette initiative comme une menace de « coup d’Etat ». Le gouvernement de transition avait ensuite annoncé un compromis avec ces ex-rebelles ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, sans donner de détails. Les Zentanis sont connus par leur opposition aux islamistes. Fin avril, des hommes armés avaient déjà attaqué les locaux du CGN, régulièrement cible d’attaques de groupes armés, comme celle perpétrée le 2 mars, dans laquelle deux députés avaient été blessés par balle.

L’attaque du Parlement a été menée par des hommes armés en civil, selon un député, qui n’était cependant pas en mesure d’identifier les assaillants.

Dans une déclaration à la chaîne Al-Nabaa, le président du CGN, Nouri Abou Sahmein, n’a pas écarté que cette attaque soit commandée par Khalifa Haftar, un général à la retraite ayant pris part à la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Une colonne de fumée s’élevait au dessus du Congrès, après que les assaillants aient mis le feu dans un bâtiment annexe, et plusieurs voitures ont été endommagées, a constaté un journaliste de l’AFP. Les routes menant au Parlement ont été fermées à la circulation, tandis que les Tripolitains se pressaient de rentrer chez eux.

Les violences se sont ensuite poursuivies dans la nuit lorsque des hommes armés ont attaqué la base aérienne militaire de Benina à Benghazi, dans l’est de la Libye, sans faire de victimes, a indiqué à l’AFP son commandant, le colonel Saad Al-Werfalli.

« Il y a des tirs de roquettes contre la base. Mais jusqu’ici rien de grave », a déclaré le colonel Al-Werfalli, accusant des groupes d’islamistes radicaux d’être derrière l’attaque contre la base jouxtant l’aéroport civil.

Selon lui, les roquettes ont atterri dans un terrain vague.

Cette attaque intervient après des raids aériens menés vendredi par des officiers de l’armée de l’air contre des positions de groupes extrémistes à Benghazi.

Appuyé par des avions et des hélicoptères de combat, M. Haftar a lancé vendredi matin une opération contre des groupes islamistes de Benghazi, fief de nombreuses milices islamistes lourdement armées. Ces affrontements ont fait au moins 79 morts et 141 blessés, selon le ministère de la Santé.

Cette offensive a été qualifiée de tentative de coup d’Etat par les autorités de transition.

(Avec AFP)

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