INTERVIEW RACHIDA DATI
22 juin 2020
38%, c’est le taux de participation probable pour le second tour des municipales selon
les derniers sondages. Manifestement il sera difficile de faire revenir les électeurs aux
urnes. Votre opinion sur ce sujet ?
L’enseignement principal de cette campagne est qu’une majorité de Parisiens ne souhaite pas
la réélection d’Anne Hidalgo. Le changement est possible et à portée de bulletin de vote. La
victoire sera pour ceux qui sont les plus mobilisés. J’appelle donc tous les Parisiens qui veulent
ce changement à aller voter ou à faire une procuration, il en est encore temps.
Quelle parade envisagez-vous afin de mobiliser votre électorat potentiel ?
L’écoeurement et l’exaspération de nombreux Parisiens ne doivent pas les inciter à abandonner
et à s’abstenir. Au contraire, ça doit être une motivation pour aller voter. Leur vie peut changer à
Paris. Je leur dis : prenez 10 minutes de votre temps pour 6 ans de votre avenir ! En cas
d’absence le jour du vote, ils peuvent donner une procuration. Chaque voix comptera, dans tous
les arrondissements, car ce sont les conseillers de Paris élus dans chaque arrondissement qui
éliront le Maire de Paris. Alors, votez et surtout votez utile.
Le bilan d’Anne HIDALGO est, selon les analystes politiques, plutôt déplorable. Quelles
sont, selon vous, les raisons qui la placent néanmoins en tête des sondages ?
Plus de 70% des Parisiens ont refusé d’accorder leur confiance à la maire sortante lors du
premier tour de ces élections. C’est un désaveu majeur pour l’équipe actuelle ! Je suis la seule
candidate à avoir été élue dès le 1er tour dans mon arrondissement et mes listes ont été
largement plébiscitées partout dans Paris. Et cela, alors que nous avons été fortement
pénalisés par l’abstention. En six ans, Anne Hidalgo et son équipe ont réussi à écoeurer les
Parisiens. Et le Paris d’après la crise s’annonce déjà pire qu’avant : encore plus sale, encore
moins sûr, encore plus bruyant et chaotique, encore plus mal géré. Le changement est
possible. Il ne dépend que de votre vote.
Comment avez-vous vécu les rebondissements de la campagne, avant le 1er tour, la
défection de Benjamin Griveaux, l’entrée en scène d’Agnès Buzyn et ses révélations pré-
confinement ?
La seule chose qui m’intéresse, la seule chose qui intéresse les Parisiens et la seule chose qui
intéresse les électeurs qui ont pu voter En Marche au premier tour, c’est la fin du déclin de
Paris. C’est pourquoi je m’adresse à eux et je leur dis : vous voulez le changement ? Avec moi
vous l’aurez. Et je tiendrai mes engagements.
Pouvez-vous nous rappeler votre projet pour Paris et les Parisiens ?
Je veux que l’on puisse revivre à Paris. Au cours des 5 dernières années, notre ville a perdu
60 000 habitants, ce qui est le signe d’une perte d’attractivité incontestable. La crise sanitaire a
confirmé les fondamentaux que j’ai développés dès le premier tour de cette campagne, à savoir
rendre la ville enfin propre et y restaurer la sécurité pour ses habitants. A ces deux urgences,
j’ajoute la nécessité de mettre en œuvre un plan de redémarrage économique de la capitale et
d’apaiser l’espace public. Je veux que Paris retrouve de la sérénité pour tous, des plus jeunes
aux plus âgés.
Transports, propreté, pollution. Autant de sujets qui préoccupent beaucoup les
Parisiens. Citez-nous les mesures phares que vous mettriez en place dès les premiers
jours de mandat ?
Paris était sale avant le confinement, elle l’est restée pendant et elle l’est encore depuis le
déconfinement. Depuis 2001, les effectifs de la Propreté de la ville ont reculé de 13 % alors que
la surface d’espace public à traiter a augmenté de 30 %. Ma première mesure d’urgence sera
donc de rendre Paris plus propre en mettant en place des brigades d’intervention en continu
24h/24 et 7 jours/7. Je créerai une police municipale armée, dédiée à la lutte contre la
délinquance du quotidien, complétée d’un dispositif de vidéoprotection. Je veux retenir les
familles, avec des mesures de pouvoir d’achat fortes sur le prix de la cantine et les activités
pour les enfants. Je veux apaiser l’espace public et remettre de la fluidité dans la circulation
avec un schéma de mobilité cohérent et pensé à l’échelle du Grand Paris.
Quelles sont les mesures qui vous semblent nécessaires, à l’échelon local, pour venir en
aide aux plus fragiles ?
La crise du coronavirus a démontré que les maires d’arrondissement de Droite ont été les plus
en pointe dans l’accompagnement et l’aide apportée aux plus fragiles. Avec le soutien de la
région Ile-de-France, nous avons organisé la distribution de masques, notamment auprès des
personnes âgées dans les EHPAD. J’ai également mis en place dans le 7ème arrondissement
un drive test pour permettre de dépister les malades du virus. Si je suis élue maire de Paris, je
continuerai de travailler dans cet esprit de solidarité et d’attention portée aux plus fragiles, en
étroite coordination avec les maires d’arrondissement qui sont dans la proximité avec les
Parisiens.
Certains quartiers de la ville sont devenues des zones de non-droit : je pense aux
quartiers de la Porte de la Chapelle, de Clignancourt, etc. Quels sont les projets phares
qui, selon vous, pourraient rendre aux riverains sérénité et calme ?
Il n’est pas acceptable que Paris souffre de zones de non-droit, nos concitoyens n’en peuvent
plus, pourtant Anne HIDALGO n’a jamais cherché à apporter de réponse à la hauteur de ces
dérives. Dans cette campagne, je suis la seule candidate à défendre sans ambiguïté la création
d’une véritable police municipale armée. Cette police viendra en complémentarité de la police
nationale pour protéger les Parisiens, assurer la tranquillité des quartiers et lutter contre les
trafics. Je doublerai également le nombre de caméras de vidéoprotection, qui ont un rôle
dissuasif pour les délinquants et facilitent l’élucidation des délits et des crimes.
Parlons logement et classes moyennes. Paris est devenu inaccessible pour les familles
qui cherchent dans les banlieues proches des logements à un tarif abordable. Comment
faire revenir les familles, selon vous ?
Paris n’est pas une ville de passage. C’est une ville où l’on venait pour s’enraciner. Ce n’est
plus le cas aujourd’hui. Je souhaite donc aider les familles à avoir envie de rester vivre à Paris
en créant un chèque Paris d’Avenir qui leur permettra de financer un logement plus grand.
L’aide sera de 1200 euros par an pendant trois ans. Cela s’accompagnera d’une mesure de
pouvoir d’achat sur tous les services aux familles, avec par exemple un prix de la cantine
plafonné à 3,50 € contre 7€ aujourd’hui.
Le vivre ensemble se trouve particulièrement malmené ces derniers temps et
l’antiracisme aujourd’hui ouvre la porte à la haine et notamment à l’antisémitisme, sous
couvert de défendre les droits des minorités. Comment vivez-vous ce dévoiement de la
lutte contre toutes les formes de racisme ?
La grandeur de la France, c’est de protéger toutes les identités qui la composent. Je sais que
les attentes de la communauté juive à l’égard de la République française sont grandes en ce
sens et pleinement légitimes. Ce que nous devons combattre c’est l’accoutumance à
l’antisémitisme quotidien et à sa banalisation. Nous ne devons plus rien tolérer ! Et la lutte
contre l’antisémitisme, ce ne doit pas être des discours, mais des actes, et une politique pénale
claire.
Comment restaurer le vivre ensemble et éviter que Paris devienne un terrain
d’affrontement saccagé par des foules en colère ?
Paris est victime de manifestations de plus en plus violentes. Les Parisiens et les commerçants
n’en peuvent plus. Et je suis choquée par le silence et l’inaction de Mme Hidalgo. Maire de
Paris, je recevrai avant toute manifestation les représentants de ces mouvements afin de
maintenir un dialogue et de trouver des moyens de préserver les Parisiens.
Le commerce et l’entrepreneuriat sont les premières victimes économiques de la crise du
COVID. A Paris, ils étaient déjà malmenés par les grèves et les manifestations des gilets
jaunes. Quels projets permettraient selon vous de rendre aux commerçants parisiens
leur prospérité ?
Mon Plan d’action sera engagé dès le lendemain de mon élection. J’annulerai tout d’abord les
impôts et les taxes qui relèvent de la mairie de Paris afin de desserrer la trésorerie des petites
entreprises, des commerçants, des artisans et des 200 000 travailleurs indépendants pendant
quelques mois. Je financerai également un fonds de soutien d’au moins 300 millions d’euros
pour relancer l’activité économique, y compris dans le domaine culturel. Enfin, en donnant la
priorité à la sécurité, à la propreté, au logement, aux familles et à un plan de circulation apaisée
dans Paris, ma stratégie contribuera à créer un écosystème beaucoup plus favorable au
développement et à l’attractivité de la ville, ce qui portera de nouveaux fruits économiques.
Paris est une ville qui a peu fait pour les handicapés et les personnes à mobilité réduite.
Comment leur permettre de s’approprier la ville et les transports au même titre que les
autres citoyens ?
Anne HIDALGO a oublié tous ceux qui ne peuvent tout simplement pas monter sur un vélo,
qu’ils soient handicapés, âgés ou à mobilité réduite. L’accessibilité aux transports en commun
reste un grand chantier dont je me saisirai en étroite coordination avec Ile-de-France Mobilité.
Dans le 7ème arrondissement, j’ai innové en mettant en circulation des navettes électriques,
elles rencontrent un vrai succès et j’étendrai ce moyen de transport durable et adapté aux
autres arrondissements. Plus largement, mon plan de circulation apaisée dans Paris permettra
de repenser l’espace public au profit des publics handicapés ou à mobilité réduite, en redonnant
toute leur place aux piétons et en sacralisant les trottoirs.
Propos Recueilli par Alain SAYADA
Israel Actualités