Est-il possible que la femme du Premier ministre puisse, à elle seule, terroriser ces puissants politiciens ?
Un nouveau procès contre Benyamin et Sara Netanyahou et le bureau du Premier ministre révèle de nouveaux détails (en plus de ceux révélés lors des précédents procès) sur la conduite de la famille du Premier ministre israélien.
Menachem Naftali, celui qui a porté plainte, est un ancien employé de la résidence officielle du Premier ministre qui prétend avoir été maltraité, humilié et exploité. Selon ses déclarations, Naftali a été traité de façon « paternaliste et condescendante (…) le pire étant l’incontrôlable violence verbale de l’épouse du Premier ministre ».
Des Rapports accusent Sara Netanyahou de comportement abusif (et parfois même raciste) depuis 1996, année marquant le premier mandat de Netanyahou comme Premier ministre. Néanmoins aujourd’hui, il est demandé à M. Netanyahou ainsi qu’à son bureau, d’endosser la responsabilité sur la manière dont la première maison d’Israël est tenue.
Ce n’est pas un angle négligeable dans un pays qui, en dépit de son engagement déclaré à respecter l’égalité des sexes, exempte ouvertement les hommes occupant des postes à hautes responsabilités à prendre leurs responsabilités quand il s’agit d’actes répréhensibles dans la sphère domestique. En 2011 Nili Priell, épouse de l’ancien Premier ministre Ehud Barak qui servait à l’époque comme ministre de la Défense d’Israël, a été mise en accusation pour avoir employé illégalement un travailleur étranger au domicile du couple. Le procès est toujours en cours. Aviva Wienstein, l’épouse du procureur général israélien Yehuda Weinstein, a été condamnée l’an dernier à la suite d’un arrangement entre la défense et l’accusation. Elle a été condamnée à une amende de 20.000 shekels.
Mais chez les Netanyahou, l’immunité de Bibi s’étend bien au-delà du domaine domestique. Les crises d’hystérie de Sara Netanyahou, du moins dans l’opinion publique, ont parfois servi les intérêts de Bibi, y compris en ce qui concerne certaines questions gouvernementales. Pendant des années, les médias israéliens ont dépeint Sara Netanyahou comme une femme qui non seulement terrorise le personnel embauché par la famille, mais aussi son mari, les fonctionnaires de son bureau et même les ministres de son gouvernement.
C’est pourquoi un autre Naftali, dont la position est totalement différente du précédent (l’actuel dirigeant du parti national religieux « Le Foyer Juif » et ancien chef du bureau de Benyamin Netanyahou) Naftali Bennett, s’est autorisé, quelques jours avant les élections nationales de l’année dernière, à qualifier de « terroriste » la femme du Premier ministre, tout en travaillant pour son mari.
« Sara est la personne la plus forte de ce pays », a déclaré le commentateur politique Ben Caspit dans une interview pour le magazine Lady Globes en 2012. « Personne n’est plus puissant qu’elle, y compris le Premier ministre lui-même », a-t-il déclaré. « Ce qu’elle dit fait autorité », a-t-il encore affirmé. « Son mari ne peut pas rencontrer les gens qu’elle ne veut pas qu’il rencontre (…) Nous parlons d’une femme qui dirige notre pays et qui fiche la trouille à tous les ministres ».
Est-il vraiment possible qu’une femme seule puisse terroriser, juste comme ça, une longue lignée de puissants politiciens ? Caspit, un journaliste israélien distingué, explique que la puissance présumée qu’a Sara Netanyahou sur le chef du pays est due à « son système de fonctionnement ». Forbes Israël, qui a nommé Sara Netanyahou l’année dernière femme la plus puissante d’Israël, décrit son pouvoir comme « caché » et a cité un « ancien parent » qui la compare à un « trou noir ».
« Une personnalité avec une énergie se concentrée (…), qu’elle peut générer au final, de nouvelles priorités au sein de l’espace politique d’Israël ».
Si ces considérations, attribuant à Mme Netanyahou des pouvoirs obscurs et puissants, et de mystérieuses capacités, sont exprimées de façon si cavalière, c’est parce qu’elles rappellent les feux de joie misogynes dans lesquels les femmes, accusées de sorcellerie, étaient brûlées au moyen-âge en Europe moderne et en Amérique du Nord.
Mais Jérusalem, espérons-le, n’est pas Salem et les Israéliens ont mieux à faire qu’une chasse aux sorcières. Effectivement la conduite de Sara Netanyahou mérite un examen. Tout employeur y est soumis. Encore plus lorsqu’il est financé par le trésor public, car c’est le cas pour la famille Netanyahou.
Toutefois, si les témoignages s’accumulant sur le comportement de Sara Netanyahou sont exacts, elle doit être considérée comme un tyran, et non pas une sorcière.
Mais les tyrans ne peuvent intimider personne à moins qu’ils ne bénéficient d’un système qui les soutient. La critique publique israélienne doit se concentrer sur le Premier ministre. Car il est, non seulement responsable de sa maison autant que sa femme, mais en tant que représentant élu c’est lui qui est en réalité la personne la plus puissante du pays, et c’est lui et son bureau qui sont responsables directement des abus de pouvoir.
En outre, au lieu de se livrer au jeu sexiste de supposés pouvoirs démoniaques de Sara Netanyahou sur son mari, les Israéliens devraient commencer à se demander pourquoi le Premier ministre (qui est devenu un expert pour échapper à ses responsabilités) est sous la coupe de l’image de tyran de sa femme.
Si la plainte de Menachem Naftali n’est pas prise comme un autre potin concernant Sara Netanyahou mais bien comme une référence aux responsabilités qu’a Benyamin Netanyahou, alors c’est peut-être un bon début.