Netanyahou veut faire passer le paquet législatif « à la hussarde », l’opposition boycotte les débats
La Knesset (Parlement israélien) devrait vivre une semaine très mouvementée à partir de lundi alors que la coalition gouvernementale tente de faire passer en bloc trois projets de loi très controversés.
Une session marathon doit débuter lundi à 11h pour se terminer jeudi vers 2 heures du matin qui marquera le début des vacances parlementaires. Les travaux de la Knesset ne reprendront ensuite qu’après les vacances de la Pâque juive.
La prémière loi qui sera débattue concerne le seuil d’éligibilité qui devrait réduire considérablement la capacité des petits partis politiques à être représentés à la Knesset. La loi devrait également modifier la constitution des gouvernements en limitant le nombre de ministres à 19, y-compris le Premier ministre et le nombre de vice-ministres à 4. Les ministres ne pourront plus détenir qu’un seul et unique portefeuille.
En outre, cette loi limitera le nombre de motions de censure à une par mois à l’exception de celles signées par au moins 61 députés. Actuellement, chaque semaine le gouvernement fait l’objet de plusieurs motions de défiance par l’opposition ce qui alourdit considérablement le calendrier parlementaire.
La seconde loi qui sera examinée, et qui sera le plat de résistance, concerne la conscription pour tous. Cette loi fait l’objet de la colère des partis ultra-orthodoxes qui ont organisé une manifestation monstre la semaine dernière à Jérusalem et une autre très importante à New York dimanche. Ce sont les étudiants des séminaires talmudiques qui seront principalement touchés par cette nouvelle législation puisqu’ils sont actuellement exemptés du service militaire. Les ultra-orthodoxes refusent obstinément d’être enrôlés dans l’armée israélienne et accusent le gouvernement de vouloir les déconnecter du « monde de la Torah ».
En vertu de la nouvelle loi, les ultra-orthodoxes qui ne répondront pas aux convocations de Tsahal feront l’objet de procédures pénales qui pourraient aboutir à des incarcérations ainsi qu’à des sanctions pécuniaires et à la perte de leurs avantages sociaux.
La troisième et dernière loi soumise au vote des députés concerne l’introduction du principe du référendum.
Le gouvernement israélien devra organiser un référendum national avant toute concession territoriale au profit d’une entité étrangère. Cette loi pourrait avoir un impact sur les pourparlers actuels avec les Palestiniens.
Les responsables de la coalition gouvernementale ont délibérément décidé de faire passer ce paquet de loi afin de faire pression sur la totalité des députés de la majorité. En effet, certains sont d’accord un projet de loi, mais en désaccord avec un autre. Le gouvernement, conscient des fractures au sein de la coalition, veut donc éviter l’enlisement et faire passer les trois lois au pas de charge.
Mais cette initiative a mis en colère l’opposition qui accuse le gouvernement de « museler » sa coalition et évoque des « méthodes mafieuses ».
Une fois n’est pas coutume, l’opposition, composée des partis de gauche Avoda et Meretz ainsi que des formations ultra-orthodoxes et arabes, est largement opposée aux trois lois. C’est la raison pour laquelle, elle a décidé purement et simplement de boycotter les débats.
Le président de la Knesset, Yuli Edelstein, a vainement tenté de convaincre le chef de l’opposition Yisthak Herzog de revenir sur sa décision de bouder les travaux de l’Assemblée plénière.
A l’heure actuelle, le Parlement israélien va donc aborder l’étude de trois lois fondamentales en l’absence de l’opposition.