Un dessinateur ayant fait des Juifs
sa principale cible et gravitant dans la sphère de Dieudonné a été mis en
examen pour avoir diffusé sur internet la photo d’un individu faisant une
« quenelle » devant l’école Ozar Hatorah de Toulouse, a-t-on appris mercredi de
sources proches de l’enquête.
« Joe le Corbeau », de son vrai nom Noël Gérard, présenté au juge mardi soir,
est mis en cause pour provocation à la haine raciale par écrits et images
diffusés par voie électronique. Il a été laissé libre sous contrôle judiciaire.
Il s’agit d’une des premières mises en cause judiciaires touchant à la
réalisation d’une « quenelle », le geste popularisé par Dieudonné et décrit par
ses partisans comme une expression « anti-système » mais par ses détracteurs
comme un salut nazi inversé.
« Joe le Corbeau », 32 ans, avait été interpellé mardi matin chez lui à
Belcodène (Bouches-du-Rhône) près de Marseille, puis transféré à Toulouse où
il a été présenté au parquet dans la soirée.
Il est mis en cause pour avoir diffusé sur internet une photo montrant un
homme réalisant une « quenelle » devant l’école juive Ozar Hatorah (rebaptisée
Ohr Torah), le lieu où, en 2012, Mohamed Merah, petit délinquant converti à
l’islamisme radical, a assassiné trois enfants juifs de 4, 5 et 8 ans et un
enseignant au nom du jihad.
« Joe le Corbeau » est également soupçonné d’avoir diffusé un cliché du même
homme dans la même posture, pris devant l’appartement où Merah a été abattu.
« Joe le Corbeau » se présente comme un dessinateur satirique, défendant
clairement les positions de l’humoriste controversé Dieudonné et de
l’essayiste d’extrême droite Alain Soral. Sous couvert d' »antisionisme »
revendiqué, ses illustrations s’en prennent essentiellement aux Juifs.
La Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) considère
qu’accomplir une « quenelle » devant « l’école Ozar Hatorah, une synagogue ou un
camp de concentration signe un acte clairement antisémite ».
Début janvier, deux lycéens de l’Essonne ont été brièvement placés en garde
à vue pour la photographie d’une « quenelle » dans leur établissement scolaire.
Ils disaient l’avoir faite « contre la société » et « pour s’amuser ».
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