L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a
demandé mercredi à la justice d’ordonner à Dieudonné de retirer la vidéo « 2014
sera l’année de la quenelle », diffusée sur YouTube, l’association estimant que
quatre passages étaient susceptibles de constituer des délits.
Saisi en référé (procédure d’urgence), le tribunal de grande instance de
Paris a mis sa décision en délibéré au 12 février.
L’UEJF estime que les passages litigieux relèvent de « la contestation de
crime contre l’Humanité, diffamation raciale, de provocation à la haine
raciale et d’injure publique ».
Ordonner à Dieudonné de retirer cette vidéo permettra ensuite à l’UEJF
« d’agir auprès de YouTube », a souligné son avocat, Me Stéphane Lilti, qui a
reproché au site « négligence » et « passivité ».
Dans cette vidéo, l’humoriste controversé déclarait notamment: « moi les
chambres à gaz j’y connais rien, si tu veux vraiment je peux t’organiser un
rencard avec Robert ». Pour l’avocat de l’UEJF, Dieudonné érige ainsi le
négationniste Robert Faurisson « en historien de référence » de la Shoah.
Après avoir affirmé qu’il n’était « pas antisémite », le polémiste
poursuivait en déclarant: « je n’ai pas à choisir entre les juifs et les nazis,
je suis neutre dans cette affaire, j’étais pas né en 1900 machin moi je suis
né en 66 donc je sais pas ce qui s’est passé moi, qui a provoqué qui, qui a
volé qui… J’ai ma petite idée, mais enfin (…) ».
« On fait des juifs les responsables de la Shoah », a plaidé Me Lilti.
L’avocat a également annoncé qu’il ferait citer Dieudonné devant le
tribunal correctionnel pour les propos contenus dans cette vidéo.
Dénonçant la « chasse à courre organisée actuellement contre Dieudonné », son
avocat, Me Jacques Verdier, a estimé que les propos litigieux relevaient de
« saillies humoristiques ».
Dieudonné n’est « pas le suppôt du IIIe Reich », a-t-il poursuivi. Si un
homme a fait une « quenelle » (geste décrit par ses partisans comme une
expression « anti-système » mais pas par ses détracteurs qui le voient comme un
salut nazi inversé), devant l’école juive de Toulouse où Mohamed Merah a tué
trois enfants, son client « se démarque » d’une telle initiative. « Oui, c’est
scandaleux », a dit l’avocat.
Venir faire un tel geste devant un tel endroit, « c’est du n’importe quoi »,
a ajouté l’avocat après l’audience.
Un dessinateur gravitant dans la sphère de Dieudonné a été mis en examen
pour avoir diffusé sur internet la photo d’un individu faisant une quenelle
devant l’école Ozar Hatorah.
De son côté, Sacha Reingewirtz, le président de l’UEJF, a déclaré que
Dieudonné « profite d’internet et en particulier de YouTube pour avoir une
plate-forme de propagation idéologique ». Les vidéos représentent le « principal
instrument de communication » de Dieudonné pour « faire passer des messages
antisémites », a-t-il ajouté.
Condamné à plusieurs reprises pour des propos jugés antisémites, Dieudonné
ne s’est acquitté d’aucune des amendes (pour 45.000 euros au total) auxquelles
il a été condamné.
Il est visé par une enquête préliminaire du parquet de Paris pour
organisation frauduleuse d’insolvabilité, blanchiment et abus de biens
sociaux, dans le cadre de laquelle la police a perquisitionné mardi ses
propriétés et le Théâtre de la Main d’Or à Paris dans lequel il se produit.
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