Assistants d’eurodéputés : l’enquête élargie à Jean Luc Melanchon.
Le Parquet de Paris a joint le signalement de l’euro-députée FN Sophie Montel à l’enquête préliminaire déjà en cours, ouverte pour « abus de confiance » contre d’autres élus. Mélenchon dément.
L’eurodéputée du FN Sophie Montel persiste et signe. Après avoir adressé le 14 mars dernier un courrier de dénonciation à François Molins, procureur de la République de Paris, concernant des soupçons d’emplois fictifs d’attachés parlementaires auprès d’une vingtaine de députés européens de tous les partis, l’élue frontiste a effectué, le 27 juin, un nouveau signalement (article 40) auprès du magistrat. Cette fois, c’est l’ex eurodéputé du parti de gauche (PG), Jean-Luc Mélenchon, aujourd’hui président à l’Assemblée nationale du groupe La France Insoumise (LFI), et trois de ses ex assistants parlementaires européens qui sont dans le collimateur de l’élue du Front-National, proche de Florian Philippot.
Selon nos informations, le parquet de Paris a joint début juillet ce dernier signalement à l’enquête préliminaire qu’il a ouverte le 22 mars pour « abus de confiance » visant entre autre des élus des partis Modem, LR, EELV et PS. L’Office anticorruption de la police judiciaire a été saisi. L’enquête qui ne fait que commencer va devoir faire la lumière sur des soupçons d’emplois fictifs de quatre anciens assistants parlementaires européens « locaux » de Jean-Luc Mélenchon, ancien élu européen de la circonscription du sud-ouest de 2009 à 2017. Pour rappel, les assistants parlementaires européens se scindent en deux groupes : les « accrédités » qui travaillent et passent 100% de leur temps à Bruxelles, Strasbourg ou au Luxembourg, et les « locaux « qui épaulent leurs parlementaires dans la circonscription de leur pays d’origine.
Pourquoi ce nouveau signalement de la part de Sophie Montel ? «Nous poursuivons notre logique de rupture avec le « deux poids, deux mesures dont était victime le FN avec cette affaire de soupçons d’emplois fictifs sur les attachés parlementaires des députés européens du parti, explique l’eurodéputé Sophie Montel. « Jean-Luc Mélenchon se présente comme un chevalier blanc, toujours prompt à donner des leçons aux autres. Aujourd’hui il est président d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, et un adversaire politique. Pourquoi la justice ne se pencherait-elle pas sur ses anciennes pratiques au Parlement européen comme elle le fait pour nous ? » précise l’eurodéputée frontiste.
Les deux mandatures européennes de Mélenchon visées
Pour rappel, le FN est notamment suspecté d’avoir fait prendre illégalement en charge les salaires de certaines petites mains du parti et du garde du corps de Marine Le Pen par le Parlement Européen. L’ex-candidate à la présidentielle a été mise en examen le 30 juin dernier pour « abus de confiance » aux côtés d’une autre ex-députée européenne frontiste et deux assistants parlementaires. Dix-sept eurodéputés ou ex-députés, dont Jean-Marie Le Pen, sont concernés par cette enquête, ouverte en 2015, qui porte sur au moins une quarantaine d’assistants pour un préjudice évalué à 5 millions d’euros, selon le Parlement.
Du coup, le FN semble ne pas vouloir tomber seul. Le signalement de Sophie Montel, transmis le 27 juin dernier au parquet de Paris, concerne les deux mandatures européennes de Jean-Luc Mélenchon. D’abord celle de 2009 à 2014, à travers laquelle l’eurodéputée frontiste vise les activités d’assistant parlementaire de François Delapierre, l’ex bras droit Jean-Luc Mélenchon. Ce proche du fondateur du parti de gauche, décédé en juin 2015, a été parallèlement à ses activités d’assistant, secrétaire national du Parti de gauche et conseiller régional d’Île-de-France. Dans la deuxième mandature qui s’étend de 2OO9 à 2017, l’élue vise trois autres ex assistants parlementaires européens : Aigline de Vincens de Causans, Laurent Maffeis et Antoine Leaument, qui tous occupaient parallèlement des responsabilités au sein du parti de gauche.
Rien n’interdit le cumul d’assistant local avec celui de salarié d’un parti national, mais encore faut-il que la réalité des emplois soit effective. C’est ce que les enquêteurs de l’office anticorruption vont devoir déterminer. Une tâche délicate en raison du statut même des « locaux ». Ces derniers assistent leur député dans leur pays d’origine mais les contours de leurs missions sont plus vagues que celles des assistants accrédités.
A ce jour, trois enquêtes sont en cours sur des soupçons d’emplois fictifs d’assistants parlementaires auprès d’eurodéputés français. L’information judiciaire relative aux élus du FN, l’enquête préliminaire concernant la vingtaine d’eurodéputés à laquelle est joint désormais le signalement de Sophie Montel lié à Jean-Luc Mélenchon, et enfin l’enquête préliminaire sur les assistants parlementaires du Modem ouverte le 9 juin dernier pour « abus de confiance et recel de ce délit ». Cette enquête qui , selon nos informations, devrait faire l’objet d’une ouverture d’information judiciaire avant la fin de la semaine a poussé l’ancien garde des sceaux François Bayrou à démissionner.
La France insoumise dément et accuse le FN
Interrogé en marge d’un point de presse de La France Insoumise à l’Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon a livré ce démenti : «Moi je suis élu, je n’ai jamais été au parlement européen comme fonctionnaire, lorsque j’étais au parlement européen, jamais aucun de mes assistants parlementaires n’a eu de responsabilité politique au sein du Parti de gauche ou de La France Insoumise». L’un de ses proches, le nouveau député de Montreuil Alexis Corbière a préféré accuser l’accusateur : «On connaît les habitudes de dénonciation du Front national et les corbeaux. On est tranquilles. Si Marine Le Pen nous prend pour cible, je la laisse avec sa conscience. Moi j’ai la mienne ! »