Je voudrais commencer cet édito en rappelant que, 11 ans plus tôt, en France, au
21 ème siècle, un homme jeune, un garçon à peine sorti de l’adolescence était torturé
et massacré parce que juif. Ilan Halimi et son horrible calvaire nous ont avertis. La
bête immonde n’était pas morte, elle n’était qu’endormie. Elle a trouvé d’autres
pantins, d’autres marrionnettes hideuses, pour traverser le 21 ème siècle, comme elle a
traversé le siècle précédent. Le gang des barbares, tel qu’il se désignait lui-même
nous a, un temps, laissé croire que cet horrible meurtre n’était qu’un fait divers. Les
mots « déséquilibré », « fou », « criminel », ont brouillé, un temps, les pistes. Fofana
et ses complices n’étaient que des véhicules d’une haine qui désormais habite bon
nombre d’individus…
Depuis, l’islamo-fascisme a tombé le masque. Depuis, nous avons appris, à nos
dépens hélas, que les « loups solitaires » et les « déséquilibrés » sont en fait des
terroristes, des monstres avides d’horreur et de torture dont le cerveau lavé au
captagon n’a qu’une seule idée en tête : anéantir la civilisation occidentale, imposer
la charia, détruire tout ce qui fait notre quotidien pour voir l’avènement de leur
sordide idéologie. Le monde libre, les démocraties européennes et américaines
tentent, un peu surpris, de lutter contre cette atroce résurgence du Mal. De Mossoul
à Berlin, d’Orlando à Nice, ce sont bien les mêmes qui, à coups d’explosifs, de
camions-béliers ou de machettes, déchiquètent, écrasent ou décapitent. Toujours,
les juifs ont été en première ligne lorsque la haine a ainsi pris le pas sur tout autre
forme de sentiment dans le cœur des foules. Outre Ilan et avant lui DJ Sellam z’al,
Jonathan z’al, Arieh z’al et Gabriel Sandler z’al , la petite Myriam Monsonego z’al ont
été assassinés à Toulouse par Merah. Des bébés, des tous-petits dont le calvaire dit
l’ampleur de la haine.
Après eux, ce furent les victimes de l'Hyper Cacher: Yoav Hattab z’al, Yohan Cohen
z’al , Philippe Braham z’al et Michel Saada z’al assassinés par Coulibaly. En France,
dans un siècle vieux d’à peine 15 ans, l’islam radical a fait une dizaine de victimes
juives, avant que que le pays comprenne. Charlie, le Bataclan, les cafés parisiens, le
feu d’artifice de Nice… Tout cela aurait peut-être pu être évité, si la Nation avait
compris que lorsque les juifs sont pris pour cible, alors c’est le corps social tout entier
que l’on veut abattre. Ce sont les valeurs, les libertés, les fondements de notre
République qui étaient attaqués. Qui le sont encore, aujourd’hui plus que jamais,
puisqu’un attentat au Louvre contre des militaires a eu lieu il y a quelques semaines
à peine, et que le week-end dernier, des jeunes femmes ont été arrêtées juste avant
qu’elles ne commettent un attentat.
Comme si ça ne suffisait pas, un autre fléau gagne le monde : la peste brune. Les
nationalistes, les racistes, les xénophobes profitent de l’avènement de l’islamo-
fascisme pour sortir du bois. Et ils nous invitent à pencher dangereusement au-
dessus du précipice. Pourtant nous le savons, les ennemis de nos ennemis ne sont
pas forcément nos amis. Et ce n’est pas parce que l’islam salafiste et fasciste
menace nos sociétés occidentales que les démons du passé sont devenus
fréquentables. Jamais, les extrêmes, sur l’échiquier politique, n’ont été porteurs de
solutions pour sortir d’une impasse. Jamais ils n’ont représenté le salut. L’Allemagne
de Weimar l’a compris à ses dépens, comme la Russie soviétique, l’Espagne de
Franco ou l’Italie de Mussolini. Et que dire, à part une prière pour les millions d’âmes,
juives ou pas, qu’elles ont entraînées avec elles ?
Cette tentative de dédiabolisation du Front National, cette attraction fatale que
ressentent certains de nos coreligionnaires pour ce parti xénophobe n’est rien d’autre
qu’un leurre, une illusion morbide. Certes, il y a un Gilbert Collard, à l’Assemblée
Nationale, pour plaider la cause des juifs et d’Israël. Certes, ce monsieur, avocat de
métier, sait plaider et émouvoir. Peut-être est-il sincère… Peut-être réalisera-t- il, un
jour, qu’il s’est trompé d’écurie en rejoignant ces rangs-là. Car derrière le chant des
sirènes, fredonné par quelques cadres un peu « propres » et/ou jeunes du parti
mariniste, dont il est, se cachent des anciens du GUD, des sympathisants de
Rivarol, ou bien des nostalgiques du 3 ème Reïch et de Vichy. Quant au fondateur,
exclu en façade, mais toujours là et bien là, Jean-Marie Le Pen, il est l’homme
politique qui n’a jamais cessé de blasphémer et de nier la shoah, de se répandre en
blagues plus que douteuses et de balayer le tout d’un revers de main indifférent
lorsqu’on l’accuse d’être ce qu’il est, à savoir un antisémite et un raciste notoire.
Par conséquent, je réprouve et demande à mes corelegionnaires de faire bloc contre
l’initiative de la Confédération des Juifs de France et Amis d'Israël. Présidée par
Richard Abitbol, l’association qui se cache sous ce nom pompeux n’est rien d’autre
qu’une coquille vide, elle ne représente rien, et surtout pas la communauté juive de
France. Pour moi, leur tentative de rapprochement avec le FN, qui prend en otage
notre communauté est un scandaleux coup d’état, mu uniquement par des ambitions
personnelles.
Vous le savez, chers lecteurs, je ne suis pas du genre à jouer les béni oui oui, à
valider toutes les prises de position du CRIF qui souvent ne nous a pas défendus
comme il aurait dû le faire. Mais je rejoins, sans équivoque et avec force, l’appel du
CRIF, mais aussi celui de l’Union des Patrons Juifs de France (UPJF), par la voix de
son président, Claude Barouch, et le Bureau National de Vigilance Contre
l’Antisémitisme (BNVCA), présidé par Samy Ghozlan pour dire non au chant des
sirènes du FN.
Les haines autour de nous sont déjà nombreuses et fortes. Ne laissons pas à nos
ennemis d’hier, le soin de s’occuper de ceux d’aujourd’hui. Battons-nous, ensemble,
en restant solidaires, sans renier nos valeurs et surtout celles du judaïsme. C’est