C’était le 6 octobre. Un samedi.
Yom Kippour. J’ai revêtu un costume de flanelle bleu pétrole.
Il pleut très tôt ce jour là.
J’arrive à la synagogue, trempé.
Mon costume ressemble à un chiffon de friperie. Nous avons commencé la prière. Vers 15 h, mon ami Willy me propose de sortir prendre l’air.
Le soleil brille et la première chose qui attire mon regard est un titre. A la une de France soir, en gros caractère.
ISRAEL EN GUERRE.
Ce n’est pas possible.
Il y a 6 ans, c’était déjà la guerre.
Certes, elle fut rapide. 6 jours.
Israel l’avait gagnée.
Mais il y avait eu plus de 500 morts.
ET puis en 67, il y avait des annonces. Nasser paradait.
Les pays arabes environnants se ralliaient à lui. La peur nous prenait au ventre.
Puis la guerre, annoncée, et les succès, Et enfin 6 jours plus tard, LA VICTOIRE.
C’était 6 ans avant. Mais nous ne connaissions rien à la guerre.
Nous, les enfants du baby-boom.
6 ans! C’est peu! C’est hier!
Et pourtant, il s’en est passé des choses. Il y a 6 ans, j’étais célibataire, insouciant.
En 6 ans, j’ai fait mon service militaire, me suis marié, eut deux enfants. Un garçon de 3 ans et une petite fille de 18 mois.
D.ieu que le temps a vite passé.
Et cette annonce qui vient détruire la langueur de cette journée de recueillement et de prières.
6 octobre 1973.
C’est la guerre en Israel.
Et les nouvelles arrivent. Lentement. Pas comme aujourd’hui. Pas bonnes. Les arabes ont franchi les frontières au nord. Nos morts se comptent par centaines.
Au sud, des Migs balancent des bombes explosives de chaque côté du canal. A la faveur d’épais nuages de fumée, des commandos avancent sur le canal.
J’imagine que l’histoire de cette guerre qui prendra pour nom, celui de cette journée redoutable figure à tous les livres d’histoire sérieux.
Je n’ai nullement l’intention de raconter cette guerre par le menu.
Je veux me souvenir de ces garçons, venus accomplir leur MILOUIM, ( temps de réserve 33 jours), afin de libérer certains hommes du contingent, pour une permission de quelques jours.
Je voudrais que chacun se souvienne en ce jour solennel de nos héros. Tombés au champ d’honneur.
Que l’on n’oublie jamais nos martyrs. Ils nous ont donné la fierté d’être une nation.
UN peuple avec une TERRE.
Pour chacune de ces belles âmes, on a planté un arbre.
Par la force de notre prière, nous remplirons le ciel d’étoiles.
GMAR HATIMA TOVA.